Kro toujours à la mer

Dernier jour à la mer et j’ai quand même réussi à lire un livre. Il faut dire qu’il a fait un temps magnifique, ciel bleu et jamais la moindre vague. C’est un peu dommage, parce que j’ai découvert récemment que le mouvement des vagues est un bon support à la méditation. Je ne médite pas et quand je me concentre sur ma respiration, je n’ai pas d’autre idée que de la contrôler. Mais je peux regarder longtemps les vagues… j’étais prête à faire le test, sauf que là, non, la mer était aussi plate que le Léman un jour sans vent. Sortie crêpes La « Duck » de Bretagne & la Doris La nuit des éphémères de Christine Détrez Les Chouans à Saint Gilles Croix de Vie Rien à dire, ma galette de référence, c’est la 4 saisons des Chouans : emmental, noix, chèvre grillé, pommes cuites, tomates et salade. C’est le top. Et pendant qu’on mange, on écoute les voisins… une belle table de huit : un couple âgé, un couple dans la trentaine, un homme d’une quarantaine et 3 enfants. Les hommes commencent à parler trajets. Visiblement, pour son travail, il fait souvent de la route, mais comme il dit : « C’est pas la mer à boire… Juste la belle-mère à avaler » (là, vous insérez un rire gras). Hop, une petite plaisanterie sexiste hors contexte pour faire un bon mot, c’est toujours bon à prendre, même si à la table, il y a une « horrible belle-mère » qui est également « une gentille grand-mère »… curieuse cette représentation schizophrène. Sur ces entrefaites, on parle donc itinéraire, comment ça se passe, quand on vient par Pornic ou par Machecoul… Moi, ça me sidère toujours, qu’on puisse passer des heures à refaire des itinéraires qu’on connait tous par coeur, de manière rituelle, comme si on parlait du temps. Mais j’avoue, je n’ai pas le sens de l’orientation, c’est peut-être pour ça que ça m’ennuie. Pendant ce temps, la gamine est scandalisée de découvrir la présence d’un cendrier sur la table. Il s’avère que c’est le support de la petite pochette du rince-doigts qui vient avec les moules. Mais venons-en au fait : on se met à parler de télé-réalité. Je n’ai pas entendu de quelle émission il était question, mais le fan des itinéraires s’offusquait que l’un des participants écrivait Kangourou avec un C. Il en venait à se demander, devant tant d’ignorance, si tout n’était pas scénarisé… Mais en même temps, disait-il, le niveau du public qui regarde est tellement bas, qu’il faut peut-être scénariste pour que tout le monde comprenne… Et là, que pensez d’autre que « ???? !!! » Mais il a du se rendre compte de la faille dans le raisonnement, puisqu’il va expliquer pourquoi il fait partie du public (sinon, ça peut devenir embarrassant) : « Moi au début, je regardais pour voir ce que c’était. » (oué, ils disent tous ça…) « Maintenant, c’est pour faire plaisir à la gamine. Parce qu’elle en discute toute la journée. » Donc, je confirme : « ???? !!! »

Bière : La dégust « à Sion » Eh oui, je pense qu’avec Sion sur l’Océan, tous les jeux de mots possibles et imaginables ont été tentés, jusqu’à l’esthéticienne qui a appelé sa boutique « Soin Sion »… imprononçable et illisible, pas vrai ? Donc à Sion, un magasin d’alcool s’est ouvert et un gars vend sa bière artisanale qu’il fait lui-même, précise-t-il plusieurs fois. En général, les mecs qui vendent de la bière artisanale ressemblent à des néo-ruraux habillés en lin ou en coton bio, ou à des petits enfants de soixante-huitards. Là, il ressemble à un vendeur de voitures d’occasion cinquantenaire. Ses bières ont toutes un nom de femme et sont illustrées par un mauvais dessin d’heroic-fantasy kitsch. Mais la bière pouvait être bonne. Bon, elle n’est pas terrible. Honnêtement, elle a à peu près autant de personnalité qu’une Grimbergen. C’est correct. Ca ne permet pas de passer outre le dessin kitsch. Beaucoup plus intéressante : la Duck de Bretagne, présentée ici en contexte de dégustation. Il en existe toute une gamme avec dessins rigolos (oui, je préfère les canards aux femmes nues alanguies dans les vagues). J’ai gouté la rousse, je l’ai trouvé très bonne. C’est à dire qu’elle a vraiment un goût de bière artisanale (après, je ne suis pas une pro de la description). Comme elle est vendue au Proximarket de Sion, autant dire que l’autre ne me verra plus.  Surtout que la Triple à une bien bonne tête aussi. Je la gouterai la prochaine fois.

 

Et j’en arrive enfin au livre : La nuit des éphémères de Christine Detrez Céline vient d’être quittée par son compagnon. Comme elle n’en peut plus de rester chez elle, à attendre que son portable sonne, avec au bout la voix de son amant qui lui dit que c’était une erreur… avant de devenir dingue à rester enfermée, elle part dans le petit village de sa grand mère, au bout du monde, à côté de Perpignan. Là-bas, le téléphone ne passe pas. Le temps s’est plus ou moins arrêté après la fermeture de l’usine de poupée Bella, dans les années 70. Céline s’installe dans la maison qu’elle a un peu connu, étant enfant, quand elle venait voir sa grand-mère. A côté, il y a une maison abandonnée qui appartenait à l’idiot du village, mort d’une insolation. Mais voilà que Céline y entend jouer du piano… Cette hallucination auditive faire resurgir des histoires du passé… cet homme, pas si idiot, qui jouait tout le temps du piano, sa mère qu’on appelait l’étrangère, une vieille famille qui possédait toutes les vignes des environs… et des drames du passé dont on garde la honte secrète. Christine Détrez est sociologue de la culture et du genre. C’est pour cela que je la connais. Vous imaginez bien, pour que je lise un roman qui soit ni de la SF, du fantastique (encore que là, un peu), ni un polar, il faut que quelque chose de spécial m’y amène. Donc, à force de faire des échanges (on a quand même bien des sujets communs, en particulier, la culture scientifique), j’ai lu un de ces romans. Christine Détrez écrit très joliment. Tourné de la sorte, la formule peut paraître mièvre, mais pas du tout. Ses écrits sont remplis de plumes, d’oiseaux, de poussières qui volent, d’ailes d’insectes et de légèreté. Elle nous donne la nostalgie de lieux qu’on ne connait pas ou d’histoires qu’on n’a pas vécues, parce que le sentiment nostalgique s’adapte finalement à tous les lieux et toutes les histoires. Céline a un côté espiègle même prise dans son chagrin d’amour, et on a envie de farfouiller avec elle dans les mystères de la maison abandonnée en se prenant pour Claude, du Club des Cinq. Et quand on connait le fin mot du mystère, on voudrait connaître la suite…

Ce contenu a été publié dans Culinaire, Lectures, Tourisme, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Kro toujours à la mer

Les commentaires sont fermés.