Histoires d’eau

Rentrant (bien tard, et sans avoir mangé) du boulot cet aprème, je suis interpellé par la voisine, affolée : il y a une fuite d’eau dans la maison derrière la sienne, ça coule en nappe sur la route, on dirait que ça passe à travers le mur… L’occupant des lieux n’est pas là (a priori pour plusieurs jours), elle ne sait pas où le joindre, ni qui contacter qui aurait les clés du bâtiment. Et l’eau coule, coule, coule… J’espère pour lui que la fuite se trouve avant le compteur.

Enfin bref, voici donc cette brave voisine soulagée, pasqu’elle était toute seule dans le hameau et que, enfin, avec mon retour, il y a « un homme » qui va pouvoir prendre la situation en mains.

Ouais.

Mais que faire quand on ne peut ni pénétrer dans le bâtiment, ni joindre le propriétaire ?
Je ne vais que pouvoir téléphoner, au service des eaux, à la mairie, à la gendarmerie, voire aux pompiers…
Toutes choses que ma brave voisine aurait pu faire elle-même.

Enfin bref.

Je lui dis « Faut qu’on téléphone à la mairie » (mais pas sûr qu’il y ait une permanence téléphonique un lundi aprème) « ou au service des eaux, ou sinon à la gendarmerie. Vous le faites ou je le fais ? »

On est juste devant sa maison. Moi faut que je rentre dans mon terrain et que j’aille jusqu’à la baraque. Mais non, elle ne bouge pas… Et moi j’ai pas que ça à faire, je crève la dalle ! Je lui dis « Bon, je m’en occupe et je vous tiens au courant. »

Sitôt dit, sitôt fait… Je parviens à joindre quelqu’un à la mairie, on trouve les coordonnées de la mère de l’absent, et la dame de la mairie me déclare qu’elle s’occupe du reste.

En moins de cinq minutes, ce qu’il nous était possible de faire en tant que voisins était accompli.

Sauf que je ne sais pas combien de temps ma brave voisine a attendu en se lamentant qu’« un homme » arrive pour faire quelque chose.

Elle a la cinquantaine bien tassée. Je me dis que c’est peut-être une question de génération, et qu’une plus jeune aurait pris elle-même l’initiative de téléphoner…
Mais ça m’impressionne de constater à quel point des conditionnements « de genre » sont ancrés dans l’esprit de certaines personnes.

Car enfin, qu’est ce qu’elle s’imaginait ? Qu’« un homme » téléphonerait mieux qu’elle ? Que mon arrivée stopperait miraculeusement la fuite ?

L’esprit est parfois une cage étroite dans laquelle s’enferme elle-même la femme non libérée.

Et une fois encore, je constate qu’il y a encore beaucoup de boulot à faire auprès des femmes elles-mêmes avant que certaines ne soient réellement émancipées.

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2 réponses à Histoires d’eau

  1. Vaken dit :

    Ouh la la, tu ne généralises pas un peu vite ?
    Il y a des gens comme ça qui sont incapables de prendre la moindre initiative, et ils n’appartiennent pas forcément au sexe dit « faible ».

    Exemple a contrario : je connais un gars qui a failli se faire saisir tout son mobilier juste parce qu’il était trop couillon pour donner un coup de fil pour demander un délai de paiement de 15 jours. Ce que sa femme a règlé en cinq minutes une fois qu’elle a découvert le bazar, car, évidemment, il avait été trop couillon pour le lui avouer aussi.

    • Imaginos dit :

      Bah, ton contre-exemple, je dirais que c’est un empoté, alors que cette brave femme, je pense plutôt que c’est une victime d’un conditionnement remontant à son enfance, où on lui a probablement inculqué qu’en cas de problème « technique », fallait chercher un homme pour résoudre le problème, voire que les femmes étaient incapables de faire quoi que ce soit de technique.
      Je me trompe peut-être, mais ça m’a paru un cas d’école de ce genre de comportements.
      Si la spécialiste des rapports de genres nous lit, je suis preneur de son avis…

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