Scout toujours!, épisode 6 : L’appel de la forêt

Compte-rendu d’une partie de Traveller.
Remarque : aucun scénario n’ayant été préparé, et le rédacteur n’ayant pris aucune note pendant la partie, il n’est pas impossible qu’il y ait quelques légères divergences entre le récit ci-dessous et ce qui a réellement été joué. Ces divergences sont mineures et ne changent rien au déroulement global des faits.

Nous sommes le 106-1106. Alain Quiet et Camille Gallimar ayant confirmé à leur ancien collègue et ami Gordon Philéas, patron des Entreprises Philéas implantées sur Motmos (Marches Directes / District 268 1340), qu’ils sont toujours d’accord pour participer à l’encadrement d’une expédition dans l’Au-Delà (et plus précisément, dans le Bras Troyen) qu’il est en train de mettre sur pied conjointement avec le Baraccaï Technum, celui-ci leur dévoile quelques informations supplémentaires sur ladite expédition, qui se ferait à bord d’un croiseur marchand de classe Léviathan, mais continue à faire beaucoup de mystères autour du projet. Il leur propose de leur conserver le statut d’employés des Entreprises Philéas en attendant, et leur donne rendez-vous à Glisten (Marches Directes / Glisten 2036) le 205-1106, soit dans 99 jours, ce qui devrait leur laisser largement le temps de faire le trajet à bord du Perché Au Sec, même en tenant compte d’un léger crochet par Collace (Marches Directes / District 268 1237) pour le compte de leur patron. Ce dernier quant à lui partira plus tard et à bord d’un vaisseau plus rapide, et plus conforme à son statut de chef d’entreprise se piquant de traiter sur un pied d’égalité avec le Baraccaï Technum.
Son communicateur sonne et il prend l’appel, abrégeant les adieux.

Nos amis, qui en sont à se demander ce qu’ils pourraient bien convoyer de Motmos à leur première escale pour se faire un peu de « gratte » en route, ne sont pas encore arrivés au spatioport que Gordon Philéas les rappelle en leur demandant de revenir de toute urgence. Au son de sa voix, il parait très préoccupé.

Alain et Camille, qui se demandent de quoi il peut s’agir et craignent des problèmes en rapport avec leur escapade sur Tarse (Marches Directes / District 268 1138), dont ils ont tu à leur patron les aspects meurtriers, le retrouvent dans une salle de réunion du bâtiment des Entreprises Philéas situé à l’entrée de sa propriété. Il est en compagnie de deux autres personnes, dont Colin Gendreceszyk, son chef de la sécurité, et en visioconférence avec un troisième homme, qui se trouve visiblement à bord d’un vaisseau spatial (le décalage de quelques minutes dans les échanges avec ce dernier semble d’ailleurs agacer Philéas au plus haut point).

Il s’avère que les Entreprises Philéas, en coopération avec une autre entreprise (que Gordon Philéas ne nomme pas), ont introduit clandestinement sur Pavabid (Marches Directes / District 268 1238), dans une zone montagneuse subarctique quasiment inhabitée, une équipe de deux géologues (Faber Lauverjat et Roland Pefeuilloux) à bord d’un youyou de 20 tonneaux lancé depuis un vaisseau en orbite. L’opération avait été planifiée par Arthur Renton, qui est l’autre personne présente dans la salle et se charge de l’explication des aspects techniques. L’insertion s’est faite en profitant d’un « angle mort » dans la constellation de satellites de surveillance (fabriqués sur Trexalon (Marches Directes / District 268 1339)) en orbite autour de la planète. L’expédition avait pour but de confirmer la présence de gisements métalliques (en particulier d’iridium), dont on supposait l’existence suite à des examens orbitaux. Le youyou devait être récupéré à une date précise selon le même procédé, par le vaisseau du capitaine Caballero, qui est l’homme de la visioconférence. Malheureusement, le youyou n’est pas remonté, mais les géologues ont pu envoyer à Caballero un message codé indiquant qu’ils avaient été repérés par les forces locales et contraints de fuir la zone en direction du nord.
Philéas veut donc envoyer sur place une équipe de récupération, à bord d’un autre youyou, afin de récupérer les deux géologues et leurs informations (et si possible, de récupérer ou détruire leur youyou). Il voudrait que nos amis en fassent partie, puisque leur expérience au sein du SIEI les rend particulièrement qualifiés pour survivre sur le terrain sans se faire repérer. Le reste de l’expédition de secours serait constitué de deux agents de sécurité, Gilgamesh Carmichael et Mazun Hammerschmitt, et de Mycroft, l’un des animaux du zoo privé de Philéas, un bloedvarken dont les talents de pisteur devraient permettre de remonter jusqu’aux fugitifs. Mycroft sera accompagné de son dresseur, Jean-Marc Papasiloglou.

Après avoir été informés de la situation sur Pavabid, planète de niveau technologique 6 aux mains d’une dictature religieuse, secte hérétique de l’Église de la Divinité Stellaire, et s’être soigneusement équipés (grâce en particulier aux ressources des Entreprises Philéas), les aventuriers et leurs compagnons d’expédition embarquent à bord du Full aux as par les rois, le type R du capitaine David Caballero.

Au bout d’une semaine de saut, le Full aux as par les rois arrive dans le système de Pavabid et, après avoir ravitaillé en hydrogène en écumant l’atmosphère de la géante gazeuse, se place en orbite autour de Pavabid elle-même. L’expédition de secours prend place à bord du youyou accouplé au vaisseau du capitaine Caballero, et, avec Alain Quiet aux commandes, descend à la surface selon la méthode employée par leurs prédécesseurs, avant de rejoindre l’endroit où le youyou des géologues était posé, à environ deux mille kilomètres de là, tandis que le Full aux as par les rois s’éloigne de la planète en attendant que nos amis lui envoient un message de rappel lorsqu’ils seront de retour en orbite.
Pour ne pas être détecté par les radars pavabidiens, Alain vole en rase-mottes. Une grande partie du trajet se fait au dessus de l’océan. Les contrées traversées sont désertes, mais en pleine mer, Camille repère un petit voilier de pêche, dont les occupants ont manifestement eux aussi vu le youyou. Comme le mât du navire est prolongé d’une antenne radio, Gilgamesh Carmichael insiste pour qu’Alain le coule avant qu’il ne puisse donner l’alerte. Réticent, le pilote se contente de raser l’embarcation avec le youyou, abattant le mât, avant de s’éloigner de l’épave qui, déséquilibrée par sa voile imbibée d’eau, s’est mise à gîter.

Le youyou arrive finalement en vue des côtes très découpées de la péninsule de Koblatt, sa destination. Le relief de la région est marqué par deux chaînes de montagnes relativement peu élevées (culminant autour de 1.250 m), orientées nord-sud, entre lesquelles prospectaient les deux géologues. La végétation va de la taïga au sud à la toundra au nord, et les températures à cette saison ne dépassent guère les 10 °C en plein jour.
Après avoir franchi la chaîne occidentale, Alain pose le youyou à une quinzaine de kilomètres de l’endroit où les géologues avaient posé le leur, dans une petite vallée glaciaire, au ras d’une moraine. Après avoir dissimulé l’appareil sous des filets de camouflage, les membres de l’équipe de secours, vêtus de treillis kaki et armés de fusils d’assaut, prennent à pied dans la taïga la direction de l’appareil des disparus.
Il devient très vite évident pour les aventuriers que les deux agents de sécurité n’ont pas l’habitude de se déplacer en pleine nature et sont même relativement bruyants. Comme l’explique d’ailleurs Gilgamesh Carmichael en guise d’excuse, leur travail normal consiste à assurer la sécurité d’individus ou d’installations en ville ou en zone industrielle : la nature sauvage, ce n’est pas leur métier.

L’expédition, dirigée par Alain, parvient sans encombre jusqu’à la clairière où se trouve toujours le youyou des deux géologues. Les nombreuses traces alentour (traces de pas, mais aussi de petits engins à roues genre buggy) et les détritus qui parsèment le sol montrent clairement que l’appareil a été découvert par les militaires pavabidiens. Camille se risque à découvert jusqu’à lui et pénètre à l’intérieur : là aussi, il est manifeste que les Pavabidiens l’ont fouillé ; malheureusement, il ne contient aucun effet personnel grâce auquel Mycroft pourrait tenter de remonter la piste des fugitifs.

Nos amis décident de diviser leurs forces en deux et de ratisser une zone située à l’ouest de l’appareil, espérant, dans cette région qui devient rapidement plus escarpée, retrouver les traces d’un campement. Alain finit par découvrir une piste, mais alors que Camille va pour le rejoindre avec ses compagnons, il repère en vision thermique un groupe de six militaires pavabidiens qui semble suivre les traces de son camarade.
Coordonnant leurs actions au moyen de textos, qui ont l’avantage d’être envoyés silencieusement, les membres de l’expédition, qui ont réussi à se rejoindre organisent une embuscade, profitant du couvert procuré par un arbre opportunément tombé. Une fusillade meurtrière s’ensuit, laissant cinq soldats morts et un sixième saignant profusément, une balle lui ayant fracassé la cuisse. Après avoir sommairement fouillé les victimes, nos amis s’éloignent, toujours suivant la piste repérée par Alain, et finissent par découvrir les restes de ce qui était visiblement le campement des deux géologues.

Comme le youyou, le campement a été découvert et fouillé par les Pavabidiens. Tandis que Camille récupère les mémoires d’un robot-prospecteur salement endommagé, Jean-Marc Papasiloglu fait flairer à Mycroft un sac de couchage trouvé dans l’une des tentes. Le bloedvarken se met alors en piste, nez collé au sol, et emmène l’expédition en direction du nord. Camille envoie des textos aux deux fuyards, sans recevoir la moindre réponse.

À plusieurs reprises, les aventuriers et leurs compagnons doivent se dissimuler pour ne pas être repérés par des soldats, à pied ou en hélicoptère : leur sanglante fusillade a visiblement été à l’origine d’une recrudescence de l’activité militaire dans la zone, et il est à craindre que s’ils étaient découverts, les forces locales ne leur témoigneraient guère de sympathie. Mais aucune autre confrontation n’a lieu.

La piste suivie pendant plusieurs jours (jours standard, le jour pavabidien durant environ 720 heures) par Mycroft s’achève au bord d’un cours d’eau large d’une quinzaine de mètres. Alain et Camille suivent la berge, chacun de leur côté, sans repérer de traces de passage des deux géologues (Camille découvre une petite hutte à environ un kilomètre en amont ; probablement utilisée par un pêcheur). Persuadés que les disparus ont traversé la rivière, nos amis se préparent à faire de même : Camille traverse à la nage, nu dans l’eau très froide, ses vêtements attachés sur la tête, en tirant une corde, qu’il fixe à un arbre de la rive opposée. Une fois la corde tendue au dessus de l’eau, les membres de l’expédition peuvent franchir le cours d’eau pendus à elle, l’un après l’autre, Jean-Marc Papasiloglou entraînant Mycroft qui traverse en nageant, relié à son dresseur par un harnais de corde improvisé. Mais une fois sur la rive gauche, le bloedvarken ne décèle aucune trace du passage des géologues : visiblement, ceux-ci sont restés sur l’autre côté.
L’expédition de secours emprunte donc le chemin inverse, Alain traversant à la nage après avoir détaché la corde. Mais les flots glacés sont traîtres, et il boit la tasse à trois reprises avant de rejoindre ses camarades, transi et exténué.

Désemparés devant cette piste qui cesse aussi abruptement, nos amis ne savent que faire. Après avoir battu la berge sur une certaine distance, ils ont l’idée de se rendre à la hutte découverte plus tôt par Camille ; et là, à leur grande surprise, Mycroft retrouve la trace des fuyards. Il semble qu’ils aient marché dans l’eau jusque là, se soient emparés d’une embarcation attachée à un poteau, et soient repartis à son bord… Mais l’expédition n’a pas de bateau pour les suivre (les aventuriers regrettent d’avoir renoncé à emporter un canot pneumatique, alors que l’idée leur en était venue pendant qu’ils s’équipaient sur Motmos).

De plus en plus persuadés que les géologues ont descendu la rivière, et incapables de faire de même (bien que, cachés, ils aient vu passer un canoë de pêcheurs), nos amis finissent par décider de retourner à leur youyou pour aborder la péninsule de Koblatt par son extrémité septentrionale, échancrée d’une vaste baie. Évitant les patrouilles militaires et les hélicoptères de reconnaissance, ils retrouvent leur appareil intact, franchissent les montagnes vers l’ouest, et volent en rase-mottes vers le nord, atteignant des régions au climat encore plus rigoureux. Pris dans une soudaine tempête de neige, Alain est contraint de se poser pendant plusieurs heures, mais le youyou finit par contourner la péninsule et déboucher dans la baie. Se dirigeant vers l’estuaire du cours d’eau, l’expédition a la surprise de découvrir, à une huitaine de kilomètres au nord, un vaisseau de classe Beowulf posé sur le littoral à côté de quelques primitives cahutes. Peint dans des tons gris et blancs, l’appareil est peu visible dans son environnement.
Alain engage le youyou au dessus du fleuve et le remonte sur environ 200 kilomètres, sans repérer la moindre trace des deux géologues. Cependant, une petite exploration sur la berge en compagnie de Mycroft et de son dresseur indique que les fuyards sont passés par une hutte édifiée à quelques dizaines de kilomètres de l’embouchure.

Les aventuriers décident alors de s’intéresser au Beowulf. Après avoir posé et dissimulé le youyou à quelques kilomètres, et alors qu’il commence à neiger, l’expédition se rend au village dans lequel il est posé, constitué d’une demi-douzaine de huttes. Les lieux sont déserts, mais Mycroft retrouve l’odeur des fugitifs dans un des canoës amarrés sur la grève.
Après avoir fait le tour du vaisseau, Camille tente d’entrer en contact avec d’éventuels occupants, ce qu’il parvient à faire lorsqu’il voit à travers le cockpit deux individus s’installer dans le poste de pilotage, dans l’intention manifeste de faire décoller l’appareil, dont les moteurs viennent d’être mis sous tension. Comme ils refusent de s’interrompre malgré ses demandes gestuelles, nos amis ne voient plus d’autre solution que de demander à Gilgamesh Carmichael de faire rapidement sauter le hayon de la soute, au moyen du pain d’explosif plastique initialement prévu pour détruire le youyou des géologues. Une fois ceci fait, Camille et Gilgamesh se hissent dans la soute obscure, puis, se basant sur leur connaissance du plan habituel d’un Beowulf (bien que celui-ci ait visiblement été modifié, en particulier par l’ajout sur le pont supérieur d’une soute pour aéromobile), s’introduisent dans la salle des machines où ils maîtrisent le mécanicien avant que Camille ne coupe les moteurs. Rejoints à l’intérieur par Alain et Mazun Hammerschmitt, ils progressent en deux équipes vers le pont médian, tandis que Jean-Marc Papasiloglou reste à l’extérieur avec Mycroft, les aventuriers ayant jugé préférable que le jeune homme, moins aguerri, se tienne à l’écart de l’assaut.
Les occupants du vaisseau livrent une résistance acharnée, n’hésitant pas à faire usage de grenades. Alain est blessé par la première explosion, mais il parvient à se replier dans la salle des machines, alors qu’elle a été fatale à Mazun Hammerschmitt. Dépassés par la détermination des assaillants (bien que Camille s’évertue à éviter de tuer ses adversaires), les derniers occupants évacuent le vaisseau par le sas situé dans les quartiers de l’équipage, laissant Alain, Camille et Gilgamesh maîtres du vaisseau. Malheureusement, Jean-Marc Papasiloglou et le bloedvarken sont froidement criblés de balles dans le village par les malfrats qui s’enfuient, laissant derrière eux deux des leurs morts et trois prisonniers.
En explorant le vaisseau, les aventuriers constatent la présence de soixante-deux sarcophages de cryogénie, tous occupés par des autochtones, à l’exception de deux contenant les géologues disparus : il semblerait que les occupants du Beowulf soient des esclavagistes, et non de simples contrebandiers. Nos amis raniment tout ce beau monde, puis regagnent leur youyou avec les deux fugitifs retrouvés, les deux morts dans leurs rangs, et le cadavre de Mycroft, laissant le vaisseau spatial en évidence et émettant sur une fréquence radio, afin que les autorités pavabidiennes le trouvent et viennent secourir leurs soixante compatriotes (et décider du sort des trois esclavagistes laissés ligotés à bord).

Volant en rase-mottes au dessus de l’océan arctique, Alain rejoint l’un des angles morts par lesquels il est possible de rejoindre l’orbite sans être détecté par les satellites de surveillance, et quitte sans encombre l’atmosphère pavabidienne. Peu après, le Full aux as par les rois, qu’ils ont contacté, vient les récupérer, et tout le monde rejoint Motmos, où Gordon Philéas, malgré la confirmation de la présence de riches gisements d’iridium dans le sous-sol de la péninsule de Koblatt, s’avèrera inconsolable de la perte de son bloedvarken.

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2 réponses à Scout toujours!, épisode 6 : L’appel de la forêt

  1. régis dit :

    J’aime:
    – ces comptes-rendus, qui donnent envie d’y être :)
    – les noms des gens et des vaisseaux, très originaux ;)
    – les astuces du genre « communiquer par textos »!
    – la tension qui se dégage de l’aventure, très « survivalist » :)

    bon après, on voit un peu les ficelles, du genre « comme ça, comme par hasard, il y avait des esclavagistes dans le coin? vraiment-pas-de-chance » ;) mais quand même bravo; j’attendais le compte-rendu avec impatience! :)

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