Les mots ont un sens

Sans vouloir retirer son aspect tragique à un récent fait-divers, un assassinat, c’est un « meurtre commis avec préméditation ».
Alors parler depuis hier soir d’assassinat au sujet d’un corps, retrouvé dans une zone de guerre civile, sans avoir pour l’instant la moindre information sur les circonstances de la mort de la victime, c’est un abus de langage, histoire de faire de la surenchère dans le pathos.
Mais ça n’est finalement qu’un exemple de plus de la manière dont les médias (et les hommes politiques, pasqu’alors que j’allais une fois de plus déverser mon fiel sur les gens qui causent dans le poste, il semblerait que dans le cas présent le coup soit parti de l’Élysée) ne peuvent plus s’exprimer qu’à grands renforts de superlatifs, quelle que soit la banalité des propos tenus. Meurtre ou homicide n’étaient visiblement pas assez forts…
Si je voulais céder à la même facilité qu’eux, je pourrais les accuser d’assassiner la langue française. Mais je me contenterai de dire une nouvelle fois qu’ils la massacrent.

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4 réponses à Les mots ont un sens

  1. 賈尼 dit :

    On notera, en revanche, que, dans les médias, les Palestiniens sont toujours abattus et jamais assassinés. Apparemment, je suis le seul que cela choque.

    • Imaginos dit :

      Alors, je n’ai pas particulièrement remarqué ça pour les Palestiniens, mais dans d’autres cas (otages ou condamnés, par exemple), oui.
      L’emploi est correct, le verbe abattre ayant un paquet de sens ; mais moi aussi ça me gêne, pasqu’au sens sous-entendu dans cette utilisation, on abat un chien méchant, par exemple ; ce n’est même pas le sens auquel on abat un animal de boucherie à l’abattoir. Et donc, ça ravale l’être humain au rang de la bête malfaisante. Ce qui arrive à me gêner même quand on parle d’un terroriste dont les mains dégoulinent de sang.

      • 賈尼 dit :

        C’est encore plus gênant quand le « terroriste » en question n’a été jugé par aucun tribunal et est donc présumé innocent.
        Sans parler des enfants (qu’ils jettent des cailloux ou pas, ça reste des enfants), ou des papys défendant leurs oliviers ou leurs citronniers.

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