Défi 2014 : scénario n° 6 : Les Cétacés de l’Apocalypse

Scénario posidonien pour Blue Planet.

Ce scénario est destiné à un groupe de PJ en majorité ou en totalité humains, et plutôt orienté action.
Les quelques références aux ouvrages de la gamme se font sous la forme suivante : XXn pp, où XX désigne l’ouvrage (AE = Ancient Echoes, MG = Moderator’s Guide, NS = Natural Selection), n la version lorsqu’il en existe plusieurs (1 = pour la deuxième édition du jeu, 2 = revised edition) et pp le numéro des pages concernées.

Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin…

Pollution

L’humanité n’est jamais rassasiée : après avoir perturbé et en grande partie détruit les écosystèmes de la Terre, elle est en train de remettre ça sur Poséidon. Cela n’est pas du goût de divers groupes, en particulier des organisations écologistes, mais pas seulement elles : car ce comportement irresponsable alimente également le sentiment anti-humain au sein d’une partie de la population cétacée, au sein de laquelle les plus radicaux cherchent le moyen de se débarrasser définitivement de ces singes sans poils avant qu’ils n’aient définitivement salopé une nouvelle planète.
C’est le cas en particulier des partisans du maître de chant du chapitre de Kingston du culte du chant des baleines, George (AE1 64 / AE2 65). Parmi leurs projets figure l’élaboration d’un virus à l’origine d’une fièvre hémorragique foudroyante, à incubation brève, mortelle pour les humains mais sans effet sur les Cétacés. Ce virus, qu’ils tentent de développer dans un laboratoire secret isolé dans l’archipel de la Sierra Nueva (où la faction intégriste de George compte un noyau dur (mais minoritaire) de partisans), est presque au point, et vient d’être testé avec succès sur un village isolé. Le virus est extrêmement contagieux, mais ne survivant pas longtemps (quelques heures) dans l’environnement, ni même dans les cadavres, il doit être transmis d’humain à humain (par la salive, la sueur, l’urine, et toutes les sécrétions), et chaque ville, village ou autre peuplement devra être « contaminé » séparément, les grandes distances et le peu de relations entre certains peuplements posidoniens ne permettant pas de compter sur une pandémie. La faction de George compte désormais frapper deux lieux importants et hautement symboliques : Santa Elena, la ville de GenDiver, c’est-à-dire le siège posidonien de l’État corporatiste le plus agressif dans son invasion de Poséidon, et Haven, le centre névralgique de la planète. Ensuite, les peuplements humains seront contaminés un par un, les uns après les autres, au fur et à mesure de la production de virus par le laboratoire de la Sierra Nueva. Bien entendu, supprimer par la violence quelques humains supplémentaires pour hâter leur disparition de Poséidon n’est pas exclus. Ensuite, George espère que son équipe qui travaille sur le trou de ver (AE1 64 / AE2 65) aura enfin découvert comment le fermer, et les Cétacés seront enfin tranquille sur un monde dépourvu d’humains.

Pestilence

Les PJ se rendent dans un petit village de pêcheurs, comme il en existe des centaines sur Poséidon. La raison de leur venue dépend de ce qui s’est précédemment passé dans la campagne ; il est cependant souhaitable qu’ils aient eu de bonnes relations avec les habitants, et soient donc suffisamment motivés pour chercher à savoir ce qui leur est précisément arrivé. Le village est situé sur une petite île, dont il est le seul peuplement ; cette île, dont l’emplacement précis n’est pas défini par le scénario, se trouve de préférence dans l’archipel de la Sierra Nueva (Sierra Nueva Cluster), ou à défaut, dans un secteur compris entre la Nouvelle-Jamaïque (New Jamaica), Isla Verde et Argos.
Lorsque les PJ arrivent sur place, ils découvrent que les quarante habitants humains sont morts : le premier test grandeur nature du virus a été un franc succès. Il serait préférable qu’ils prennent des précautions élémentaires avant de manipuler éventuellement les cadavres, mais s’ils ne le font pas, on considérera que les virus qu’ils contiennent ne sont plus virulents, ou en tous cas, ne les contamineront pas. Un laboratoire spécialisé pourrait isoler la souche de virus à partir de ces cadavres, mais cela prendra du temps et impliquerait leur transport vers ses installations, ce que les PJ hésiteront probablement à faire à bord de leur propre véhicule.
Ne restent donc que certains des quelques Cétacés qui vivaient ici. Ceux-ci pourront expliquer aux PJ que la veille, un dauphin inconnu avec une grosse cicatrice sur la nageoire dorsale et un harnais (pour transporter un drone) est venu nager dans la lagune du village. Il est resté à distance, et est parti rapidement et sans rien dire quand l’un des dauphins locaux a fait mine de s’approcher de lui (en fait, il est venu près du village pour pouvoir contrôler son drone, qui a diffusé le virus sous forme d’aérosol ; comme il a dû s’éloigner précipitamment, le drone est resté sur place et pourrait être retrouvé par les PJ s’ils fouillent le village et ses alentours). Quand les humains ont commencé à mourir les uns après les autres, les dauphins ont trouvé suspect le passage de cet étranger et certains sont partis à sa recherche.

Certains PJ pourraient vouloir participer à ces recherches, bien que l’inconnu soit parti il y a déjà une journée. Dans ce cas, on peut considérer qu’il est resté à proximité afin de constater le succès de sa mission et d’essayer de récupérer son drone (en s’éloignant prématurément, il s’est retrouvé hors de portée de télécommande), et il pourrait être repéré alors qu’il s’approche à nouveau de l’île. Sinon, ce sont les dauphins partis à sa poursuite qui l’auront retrouvé et ramené de force.
Si le drone a été découvert par les personnages, la responsabilité de l’étranger (un nommé Long-Cours) dans la mystérieuse épidémie semble probable, et ses congénères cétacés (éventuellement aidés par les PJ) vont s’acharner sur lui jusqu’à ce qu’il parle. Long-Cours, sauvagement tabassé, finira par dévoiler les grandes lignes du plan. Toutefois, n’étant qu’un simple exécutant, il ne pourra pas donner beaucoup de précisions (en particulier, il ne parlera pas de George, pour la bonne et simple raison qu’il ignore son implication) ; mais les PJ devraient toutefois apprendre que Santa Elena et Haven seront les deux prochains sites d’utilisation du virus, ainsi que l’emplacement du laboratoire secret où est produite cette arme biologique. L’attaque sur Santa Elena est prévue d’ici quelques jours seulement…
À noter que Long-Cours a prévenu par satellite (uplink communicator) ses supérieurs de la réussite de l’opération, et que ceux-ci savent aussi par le même moyen qu’il a été capturé… et pourront suivre l’interrogatoire en direct si personne ne pense à lui retirer son émetteur.
Si les PJ n’interviennent pas, le dauphin intégriste, grièvement blessé par ses tortionnaires, sera finalement relâché par ces derniers, mais succombera à ses blessures en pleine mer quelques heures plus tard.

La menace est réelle et semble très sérieuse : il faut faire vite.
À ce stade là, les PJ voudront probablement prévenir, d’une part la GEO pour qu’elle prenne l’affaire en mains, d’autre part GenDiver puisque Santa Elena est la prochaine cible du virus. Mais la GEO est chroniquement débordée, avec des moyens humains ridiculement faibles ; en outre, elle ne prend pas réellement au sérieux la menace révélée par les PJ : pour cela, il faudra attendre qu’une équipe médicale se rende au village ravagé, fasse des prélèvements pour analyse, et que les résultats de ces analyses montrent (éventuellement, car si longtemps après, ce n’est absolument pas certain…) la présence d’un virus inconnu et manifestement issu du génie génétique. Quant à GenDiver, l’entreprise s’est fait de nombreux ennemis sur Poséidon et reçoit des menaces, chantages et alertes, fondés ou non, quasiment tous les jours : l’intervention des PJ n’en est qu’un exemple supplémentaire ; et elle considère que les précautions déjà mises en œuvre suffiraient si jamais il s’agissait d’une réelle menace (ce qui, à ce stade, n’est pas plus sûr pour elle que pour la GEO).
Les PJ pourraient aussi avoir l’idée de faire appel à un autre État corporatiste ; mais personne n’est désireux d’aller se fourrer dans le guêpier de la Sierra Nueva, surtout sur la base d’une simple rumeur…

Mais pendant que personne ne fait rien, le laboratoire des intégristes continue à produire du virus, donc à mettre en péril la survie de l’humanité sur Poséidon… Les PJ sont donc les mieux placés pour agir et vont donc devoir se rendre eux-mêmes dans la Sierra Nueva (s’ils n’interviennent pas, Santa Elena est attaquée et plus de 99 % de sa population succombe ; à ce stade, la menace est enfin prise au sérieux par les pouvoirs publics et privés, mais le laboratoire a déjà produit un stock conséquent de virus, le commando devant attaquer Haven est déjà en route, et il y a encore de quoi tuer la population humaine d’une demi-douzaine des plus grandes villes posidoniennes ; accessoirement, avec l’attaque de Santa Elena, le conflit de la Sierra Nueva tourne brutalement à l’avantage des insurgés ; bref, la situation politique locale subit d’importants bouleversements ; mais ceci est une autre histoire…).

Avant de tenter une incursion dans un laboratoire manipulant des virus hautement pathogènes, il est à souhaiter que les PJ humains pensent à s’équiper de tenues de protection adaptées. Ils pourront par exemple s’en procurer à Santa Elena, mais cela leur occasionnera bien entendu des frais supplémentaires…

Le cinquième cavalier

Si les PJ ont alerté la GEO et, devant son manque de réaction, n’ont pas caché qu’ils allaient eux-mêmes se rendre sur place, de mystérieux adversaires vont tenter de leur mettre des bâtons dans les roues.
En effet, la GEO craint que les actions des PJ ne mettent en péril son personnel impliqué secrètement dans le conflit de la Sierra Nueva, voire ne révèle son implication. En effet, outre les agissements de gens comme Stuart Parsons (MG1 73, MG1 83/84 / MG2 83, MG2 94), l’organisation a aussi infiltré les milieux radicaux du culte du chant des baleines, et croit (à tort) que la situation est à peu près sous contrôle (ou du moins, loin d’être aussi grave que ne le pensent les personnages) : elle se trompe sur le degré d’avancement du projet de virus, mais cela est dû au fait que leur taupe cétacée au sein du projet a été « convertie » aux idéaux qui le motivent, et que ses rapports sont donc trompeurs et bien en deçà de la réalité. Une patrouille de la GEO va donc tenter de les impressionner pour les dissuader de continuer à se mêler de l’affaire. Leur intervention pourra se faire en uniforme, en arraisonnant l’engin à bord desquels circulent les PJ par exemple, ou en se faisant passer pour une bande de gros bras et en les coinçant dans une ruelle sans issue. Les personnages ne devraient pas se laisser intimider, mais cela leur montrera qu’il n’y a pas que des Cétacés dans l’affaire.
Si la tentative d’intimidation échoue (ce qui est probable), la GEO n’en fera pas d’autres, faute de moyens humains suffisants. Toutefois, il est possible que l’équipe ayant tenté de mettre des bâtons dans les roues des PJ les suive avec un certain retard, et arrive fort à propos pour leur sauver la mise si la situation tournait mal pour eux, à condition que le danger représenté par la faction cétacée intégriste soit devenu flagrant.

Guerre

L’interrogatoire et la mort de Long-Cours ont mis le laboratoire en état d’alerte, et les intégristes s’attendent à une attaque. Selon toute probabilité, ils savent ou se doutent que le dauphin a révélé l’emplacement de leurs installations secrètes, situées dans un réseau de cavernes dont les seuls accès, au pied d’une falaise abrupte, sont submergés en permanence. Mais ils peuvent compter sur le soutien des insurgés des îles voisines, qui ignorent tout de leurs mortelles activités et ne savent pas à quel point ils sont radicaux, mais les prennent pour d’autres insurgés contribuant à l’effort de lutte contre GenDiver, et plus généralement contre les nouveaux arrivants (newcomers).
Plutôt que de fort pratiques coordonnées GPS, Long-Cours aura probablement lâché l’emplacement du laboratoire sous la forme d’un itinéraire décrit, faisant appel à divers points de repère remarquables.
Mais circuler entre les petites îles de l’archipel de la Sierra Nueva est dangereux ; et le véhicule des PJ, qu’il soit volant ou marin, va être pris pour cible par un groupe de combattants (de l’un ou l’autre camp) qui pensent avoir affaire à un engin ennemi. Une torpille ou un missile bien tiré va avoir raison du véhicule, et précipiter ses occupants à la mer.
Le but de cette attaque, inévitable et à l’issue inéluctable, n’est pas de tuer les personnages, mais simplement de les priver de leur moyen de transport rapide à un moment où ils sont particulièrement pressés. Le MJ peut toutefois en profiter pour les débarrasser de certains objets trop puissants à son goût (veillez toutefois à ne pas trop les affaiblir, physiquement comme technologiquement) ; mais leurs assaillants ne vont pas venir vérifier qu’il n’y a pas de survivants, et après avoir nagé pendant un long moment dans une eau inquiétante mais sans attirer de grands prédateurs affamés, les PJ, simplement commotionnés ou égratignés, prennent pied sur l’île la plus proche (qui n’est apparemment pas celle d’où venaient leurs agresseurs).
Sur cette île se trouve un village natif (insurgé, évidemment) relativement important (il pourrait par exemple s’agir du Poste de Baffin (Baffin Settlement), si l’île est l’Île de Baffin).

Pour atteindre l’île où se trouve le laboratoire, les PJ (au moins ceux d’entre-eux qui sont humains) ont de toute urgence besoin d’un nouveau véhicule ; et vues les circonstances, ils vont devoir se rabattre sur l’une des embarcations du village natif : soit en persuadant ses propriétaires légitimes de la leur vendre ou leur prêter, soit en s’en emparant par la ruse ou par la force. S’ils expliquent la raison qui les motive, il est probable que les natifs ne soient, au moins dans un premier temps, guère coopératifs : en effet, le premier objectif des intégristes étant Santa Elena, les insurgés sont a priori plutôt favorables à laisser cette attaque (au moins) avoir lieu : eux aussi peinent à percevoir la mesure réelle de la menace constituée par les bioterroristes.

Mort

Une fois en possession d’une embarcation, les PJ peuvent repartir en direction du laboratoire. S’ils présentent toutes les apparences d’un bateau de pêche natif, ou d’un groupe d’insurgés circulant à travers l’archipel, les intégristes ne se méfieront pas particulièrement en les voyant approcher de leur île, même s’ils passent devant la falaise donnant accès aux cavernes qui abritent le laboratoire. Reste néanmoins à pénétrer à l’intérieur…
Si les PJ parviennent à faire une reconnaissance sous-marine, ils repéreront les accès indiqués par Long-Cours lors de son interrogatoire ; mais il y a toujours au moins deux Cétacés de garde (dont généralement une orque), et en cas d’attaque ils alerteront leurs congénères via leurs communicateurs.

Il existe toutefois d’autres issues permettant d’accéder au réseau de cavernes.
L’examen attentif de la paroi de la falaise permettra de deviner l’existence de plusieurs orifices, occupés par les nids d’une colonie de sea ghouls (NS 94/95 / MG2 293) ; l’un d’entre-eux débouche sur un boyau qui communique avec le plafond d’une des cavernes occupées par le laboratoire.
Si les PJ débarquent sur l’île, ils pourront découvrir au cœur des terres une petite mare d’eau salée : cette mare communique avec le laboratoire par un boyau étroit et complètement immergé, auquel les Cétacés n’ont pas prêté attention car ils sont trop gros pour pouvoir y pénétrer eux-mêmes, et ne se sont donc pas souciés de savoir jusqu’où il allait, ni s’il débouchait quelque part.
Une fois à l’intérieur du laboratoire, le risque pour les PJ humains est d’être contaminés par le virus. Mais pour cela, il faudrait qu’ils entrent en contact direct avec lui ou qu’il soit déversé dans l’eau.

Le virus est produit sur des cultures cellulaires, puis les virions sont extraits des cellules, filtrés, et fixés sur des nanoparticules destinées à être diffusées par aérosol. Tout est manipulé depuis l’extérieur de l’enceinte de sécurité étanche et hermétique (qui occupe le volume d’une simple chambre), grâce à des drones (qui eux se trouvent à l’intérieur de l’enceinte).
Les moyens du laboratoire sont très limités, le volume de virus prévu pour l’attaque de Santa Elena n’a pas encore été entièrement produit (et celui destiné à Haven n’a même pas commencé) : les installations sont quand même très artisanales, et la menace que représentent les intégristes, pour bien réelle qu’elle soit, doit finalement être relativisée : ils n’ont pas de capacités de production de masse, et auraient donc probablement tôt ou tard été découverts et éliminés si les PJ n’étaient pas intervenus avant…
Éliminer les Cétacés présents (et d’abord et surtout Pestilence, le dauphin généticien créateur du virus), détruire les installations de production (en évitant si possible (même si, à condition d’être correctement protégés, ils ne risquent pas d’être contaminés) de libérer des particules virales ; celles-ci n’auraient qu’une durée de vie limitée hors du laboratoire (une demi-douzaine d’heures tout au plus), mais les PJ ne le savent pas), et récupérer ou détruire les mémoires informatiques contenant toutes les informations sur le virus et le projet, devrait suffire à retirer à la faction de George toute capacité bioterroriste pour plusieurs années.

Et après ?

Pour ceux qui aiment aller au fond des choses, resterait à savoir qui a fourni aux Cétacés intégristes les moyens biotechnologiques pour créer le virus. Pourrait il s’agir de Biogène, qui aurait cru faire ainsi un pas décisif dans la compétition qui l’oppose à GenDiver ? Si tel était bien le cas, l’image « propre » de cet État corporatiste en prendrait un sacré coup si l’affaire était révélée. Mais tout ceci est une autre histoire, que le MJ pourra s’il le désire développer dans la suite de sa campagne…

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