Sombre héraut

J’étais tellement indispensable à ce fameux audit mexicain où j’étais censé être l’interlocuteur principal des visiteurs que… ce n’est pas moi qui ai fait office d’interlocuteur principal. Je me suis donc cantonné dans mon habituel rôle de sachant technique, ce qui m’a bien arrangé (surtout qu’on ne m’a pas vraiment posé de questions délicates ou pénibles).
Gros moment de stupeur quand même quand, en arrivant à un poste où devait se trouver un binôme de mon équipe, j’ai découvert qu’elles étaient parties en pause. Juste au moment où passent les auditeurs, ça la fout d’autant plus mal qu’ils avaient en principe des tonnes de questions à leur poser. J’ai bien commencé à leur expliquer des choses, mais ils voulaient que ce soit « la technicienne qui fait » qui leur réponde. Et comme elles n’ont pas rappliqué suffisamment rapidement, on a poursuivi l’audit, sans que les visiteurs, pourtant particulièrement pointilleux jusqu’à présent, ne souhaitent revenir à cet endroit ultérieurement (et pourtant, on leur a proposé).
Léger agacement de ma part par contre quand, alors qu’on ne m’avait pas demandé de faire faire du cinéma à mes agentes sur un autre poste, puisque l’un des buts de l’audit était de faire valider par les Mexicains notre façon de travailler et de leur montrer qu’elle était (au moins) aussi efficace que ce qu’ils auraient initialement voulu nous voir mettre en place, la chargée de mission déléguée par le ministère pour accompagner les auditeurs m’a reproché qu’on n’en ait pas rajouté des caisses (ce n’étaient pas ses termes). J’y étais, j’ai pu constater que le boulot était fait comme il fallait. Mais évidemment, pour une petite jeune qui manque certainement d’expérience concrète du terrain et qui en plus regardait ça d’assez loin, ça ne se voyait sans doute pas assez bien. Comme nous n’avons pas eu de remarque sur ce point lors de la réunion de clôture de l’audit, je présume que les auditeurs étaient eux aussi des gens de terrain et qu’ils n’ont pu que constater que le boulot était fait comme il faut.
Et la chargée de mission de me déclarer que pour l’audit des Brésiliens à venir sous peu, il faudra absolument qu’on fasse du cinéma en rajoutant une personne sur la chaîne. Problème, vue la période à laquelle ça va tomber (on n’a pas encore la date précise), je n’aurai pas les effectifs suffisants pour faire ça (alors qu’on aurait très bien pu le faire aujourd’hui si on avait su qu’il le fallait). Je crois qu’on va une fois encore se contenter de faire notre boulot comme d’habitude (c’est-à-dire bien), et inch’Allah.

Ce contenu a été publié dans On n'a pas des métiers faciles. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *