Le présent de la Syrie est une large flaque de sang inutile. Son passé se donne à voir dans une exposition renversante au Musée de Pergame, “Les dieux sauvés du Palais de Tell Halaf”.
Leur beauté est aussi incroyable que leur histoire. Fin 19è-début 20è : Max von Oppenheim n’a pas du tout envie de devenir banquier comme papa. Il est fasciné par l’orient, apprend l’arabe et entame une carrière diplomatique au moyen-orient – carrière qui sera contrariée par sa judaïté mais c’est une autre histoire. Alors qu’il surveille le chantier du chemin de fer Berlin-Bagdad, il découvre le site de peuplement néolithique de Tell Halaf. En 1911, ses équipes y mettent à jour un palais araméen datant de l’âge de fer, qui renferme des statues monumentales. Les fouilles sont interrompues par la première guerre mondiale. Dans les années 20, Oppenheim peut enfin reprendre les fouilles et crée son propre musée à Berlin. Pendant la seconde guerre mondiale, la collection est réduite en miettes par une bombe incendiaire britannique – plus exactement par le choc thermique infligé aux pierres chauffées à 1000° par l’incendie puis refroidies brutalement par l’eau lors de l’intervention des pompiers. 27000 fragments.
Pendant des décennies, la collection, considérée comme perdue, est entreposée dans des caves du Musée de Pergame. Puis le Mur sépare la Fondation propriétaire des pièces des pièces elles-mêmes, qui se retrouvent côté Est. Il y a dix ans, des archéologues décident de recoller les morceaux…
Cette expo devrait circuler en France prochainement. Parfois, on a du bol…
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