Le Havre : Kro de l’appartement témoin

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le monde occidental entier croyait à l’eugénisme, c’est à dire l’autodirection de l’hérédité humaine : on va tenter de sélectionner les gènes qui permettront d’améliorer la race. Pour cela, on va stériliser les porteurs de gènes manifestement pas terribles, tels que les  délinquants, les prostituées, des gens qui n’ont pas l’air très futés, bref, pas mal de monde dans les classes populaires L’eugénisme a énormément de succès dans Allemagne en 1936 mais à peu près tous les pays en sont fans, les Etats-Unis (notamment les états du centre, ça alors), la Suède et la Suisse. Mais pas la France. La France était hygiéniste, elle croyait en Lamarck et elle pensait que si on maintenait les gens en bonne santé, si on assainissait et chassait les microbes, on allait améliorer l’humanité. Biologiquement ça ne joue pas, mais comme dit le généticien Pierre-Henri Guyon, parfois, ça sert d’être idiot. Au lieu de stériliser les pauvres gens, on a amélioré leur condition de vie. Une des dimensions les plus remarquables de l’hygiéniste, c’est l’architecture. Et c’est là que je vous parle du Havre

Pendant la 2e guerre mondiale, la ville du Havre a été rasée par les bombardements qui ont suivi le débarquement, pour libérer la ville. Beaucoup de civils sont morts, énormément ont été déplacés et logés dans des baraquements temporaires. Il faut donc reconstruire et notamment reloger la classe moyenne. Avant guerre, Le Havre était devenu une ville très dense et insalubre, en grossissant de manière rapide et incontrôlée autour des activités portuaires. La reconstruction allait permettre en mettre en oeuvre les principes hygiénistes puisqu’il fallait tout refaire, y compris retrouver le tracé des rues. Et puis, il fallait que ça aille vite et que ça ne coûte pas trop cher. C’est l’architecte Auguste Perret et son atelier qui a remporté le marché. C’était un fan du béton, matériau magique par excellence pour l’époque, nettement moins cher en tout cas que la pierre.

Perret commence par rehausser le niveau de la ville pour éviter les inondations : pour cela, il dispose de gravats en abondance. Et ensuite, il applique les théories hygiénistes à ses constructions :  des appartements clairs, où l’air circule, avec des ilots de verdure et des balcons larges qui servent d’abris pour la rue. Il construira différents blocs d’habitats partagés, de hauteurs différentes, pour éviter de couper la lumière, dans un style classique, sans mur porteur mais avec des poutres en bétons. L’absence de mur porteur permet de faire des appartements modulaire, du T1 au T7. Ils sont organisés autour d’un « Living room » sur lequel donne la cuisine pour que les femmes ne soient plus isolées. Les appartements sont traversants (sauf les plus petits) et comportent des portes fenêtres, pour la lumière et pour faire circuler l’air.

Quand le quartier a été classé patrimoine mondial de l’humanité, un appartement témoin a été reconstitué. Détail amusant, en 2015, j’avais déjà été invitée à l’Université du Havre, j’avais vu les bâtiments Perret, qui m’avait diversement convaincue, et vous pouvez voir mes autres photos des bâtiments du Havre, notamment l’église ST Joseph et l’Hotel de ville. Mais je n’avais pas pu faire la visite de l’appartement témoin. Voici donc, 9 ans plus tard, la suite de la Kro.

Lors de mon premier passage, j’avais aimé l’ambiance du Havre. J’en avais gardé un bon souvenir. Cette année, ayant un WE à disposition, j’ai pu davantage visiter. C’est devenu une sorte de laboratoire d’architecture. Par exemple, cette tour hélicoïdale est discutée par la population du Havre. Il est vrai qu’elle détonne, par rapport au appartements Perret, mais seule, elle est bien jolie.

Voici la bibliothèque universitaire :

C’est assez logique finalement de trouver dans cette ville un festival d’oeuvres artistique dans la rue : un été au Havre dont je vous parle prochainement.

 

 

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