Passage à l’acte avec Patrick Timsit et Daniel Auteuil Thriller psychanalytique.
Kadosh d’Amos Gitaï
The Hollow man (L’homme sans ombre) de Verhoven
Ma petite entreprise avec Vincent Lindon
Masculin / Féminin de Françoise Héritier
Golem and God Inc. de Norbert Wienner
Passage à l’acte avec Patrick Timsit et Daniel Auteuil Thriller psychanalytique.
Timsit, en cure de psychanalyse avec Auteuil, vient avouer le meurtre de sa femme. Est-ce vrai ? En tout cas, il incite Auteuil à vérifier ses dires. Et Timsit se met à suivre son psy et à harceler ses proches… Et tout cela nous mène dans une espèce de traquenard…
C’est un scénario bien ficelé, avec rebondissements plutot crédibles. Le plus interessant de ce film, c’est la composition de Timsit en pervers maniaque inquiétant. Il fait ça très bien.
Kadosh d’Amos Gitaï
Kadosh signifie sacré, en Hébreu. Ce film se passe à Mea Shearim, dans le quartier orthodoxe de Jerusalem.
Il décrit la vie juive religieuse et particulièrement le destin de deux soeurs, coincées dans la prison d’une religion où seuls les hommes comptent, une religion dans laquelle les hommes au matin à la prière, remercient Dieu de ne pas les avoir fait femme.
L’une des soeurs est a priori heureuse dans sa vie. Elle aime son mari et trouve normal de travailler comme comptable et s’occuper de la maison pour que son mari (qui l’aime et la respecte aussi) puisse étudier à la Yeshiva.
Le hic, c’est qu’elle n’a pas d’enfants et une femme stérile, c’est une femme morte, c’est une malédiction.
Sa soeur est promis à un époux dont elle ne veut pas parce qu’elle en aime un autre, un juif religieux, certes, mais pas « assez » orthodoxe pour plaire au rabbin.
Alors qu’est-ce que ça donne ? Et bien, le mari est contraint par le rabin de répudier sa femme, alors que celle-ci, qui est allée voir en fraude une gynécologue apprend qu’elle n’est pas stérile, et que c’est probablement de son mari que vient le problème. Quant à sa soeur, rien ne peut arrêter la machine du mariage quand elle est lancée… sauf qu’elle sera pratiquement la dernière au courant pour la date de la cérémonie… Cérémonie où les hommes dansent et chantent et les femmes se recueillent.
Bref, vous l’avez compris, Kadosh ne fait pas spécialement l’apologie de Mea Shearim et de la condition de la femme dans la religion juive…
C’est un film lent et silencieux mais bien fait qui fait autentique dans la vision des rites quotidiens, qui ne jugent pas et ne donne pas de leçon, l’histoire s’en charge d’elle même.
The Hollow man (L’homme sans ombre) de Verhoven
(que vraiment je sais pas écrire son nom) a repris un script de l’homme invisible et l’a tourné. Donc, il y a assez peu sa patte, dans le dérangeant sexe voyeur (réussi inégalement selon les films). Donc, ca commence classiquement : un scientifique fait des essais pour rendre les gens invisibles. Ce scientifique est mégalo et frustré. Il essait la manip sur lui et bien sur, il n’arrive pas à redevenir visible. Dans un film classique, l’invisibilité lui permet de devenir gentil, de s’ammender et de jouer les redresseurs de torts en aidant son prochain. Ben, la, non. Il devient encore plus mégalo et décide de tuer tout ceux qui connaissent son secret pour protéger son invisibilité.
Il y a une bonne première partie, dans ce film, comment un homme, plutot mégalo, progressivement, finit par se prendre plus ou moins pour Dieu. C’est fait avec une relative finesse, c’est pas mal. Verhoven se met ensuite à jouer à « ou est l’homme invisible », espionnant les femmes nues et voulant assouvir ses fantasmes sexuelles frustrés. Mais ca ne va pas jusque là.
Rapidement, ca bascule dans un huis-clos à la Alien matiné de 10 petits nègres ou l’homme invisible va tenter de tuer ses ex-collaborateurs un par un une fois qu’il les a coincés dans le labo. C’est facile et c’est dommage.
Outre cette déception pour la deuxième partie, les effets spéciaux sont tout a fait réussis. On joue à : l’homme invisible dans l’eau, l’homme invisible dans la vapeur, l’homme invisible qui brule, l’homme partiellement visible… c’est très bien.
Donc finalement ca se voit. Et je noterais comme JPG : les scientifiques hollywodiens visiblement sont recrutés à la sortie de l’agence de mannequins Elite.
Ma petite entreprise avec Vincent Lindon
Vincent Lindon est patron d’une petite entreprise de bois en province. Un incendie se déclare et tout brule. Quand il va voir son pote l’assureur, il s’aperçoit qu’en fait, il n’a jamais été assuré. Le type empochait les primes. Alors que faire ? Avec ses copains (et son assureur) ils vont monter une sorte de cambriolage pour anti-dater le contrat d’assurance à la maison mère.
C’est un film artisanal et qui ne se prend pas au sérieux. Un humour léger traine tout le long et donne quelque chose de sympa à regarder sans se prendre la tête.
Masculin / Féminin de Françoise Héritier
Françoise Héritier détient la chair d’anthropologie au collège de France, succédant à Levi-Strauss.
Visiblement, ce libre a servi de livre de chevet à Pierre Bourdieu pour toute sa première partie de La domination masculine (bon, je grince un peu, mais c’est essentiellement parce que Bourdieu a dit : c’est moi qui est tout fait et tout compris).
Bref.
Héritier se penche sur la valence différencielle des sexes, c’est a dire ce qui fait qu’un sexe ne vaut pas l’autre. Partant du constat biologique : ce sont les femmes qui mettent les enfants au monde et qui les nourrisent, il est logique qu’une séparation des taches s’en soit suivies, et que les taches nourricièrent et d’élevage soit dévolus aux femmes. Par contre, il n’y avait aucune raison biologiquement fondée pour que ces tâches soient considérées de moindre valeur que la chasse ou la guerre. Or, il y a (pour Françoise Héritier et Levi-Strauss) 3 invariants culturels : La prohibition de l’inceste, l’ordre des générations (les pères viennent avant les fils) et la notion de parenté, 3 piliers reliés par une cordes qui seraient la valence différencielle des sexes.
En comparant les différents mythes créateurs, les différentes croyances autour de la procréation, les symboliques du sang et du sperme, elle explique comment la valence différencielles des sexes se manifeste et s’inst alle. (voir Kadosh avec la femme stérile qui est comme morte et son mari, qui ne peut pas être stérile, du moment qu’il n’est pas impuissant).
Elle en arrive à la conclusion (comme le préssentait Simone de Beauvoire qui a travaillé avec Levi-Strauss) que l’homme s’est avant tout préoccupé de controler ce qui lui échappait et lui faisait peur : la fécondité des femmes. Parce que les femmes tombent enceintes, mettent au monde naturellement, sans pourvoir le controler, parce que le sang menstruel coule lui aussi sans controle, elles sont jugées plus faibles, de moindre de volonté. Alors que les hommes produisent leur sperme volontairement et quand ils perdent du sang, c’est parce qu’un autre homme l’a fait couler. On en arrive au paradoxe qu’il est plus glorieux de prendre une vie que de la donner.
Golem and God Inc. de Norbert Wienner
Norbert Wienner est un des peres fondateurs de l’informatique et plus précisément de la cybernétique, qu’il définit comme étant la science de la communication et du contrôle. (Cyber = gouvernail) Wienner était un jeune prodige, elevé par son père dans le but d’en faire un génie (et ca a marché).
Wienner se croit plus ou moins descendant du Rabin Loew qui créa le Golem de Prague.
Dans ce livre, il ecrit quelques considérations sur les rapports qu’il voit entre Dieu et l’ordinateur, ou plutot entre le sentiment religieux et la foi qu’on place (ou non) dans les machines.
Ce qui est loin d’être idiot : vous connaissez l’origine du mot « ordinateur »
? Ce terme a été créé par un linguiste en 1955 à la demande d’IBM pour traduire Computer et il signifie « Dieu qui met de l’ordre dans le monde ».
Rien que ça.
C’est très intéressant, parfois même malicieux, encore tout a fait d’actualité, bien qu’étant écrit en 1964. On y trouve aussi l’obsession de la guerre froide et de la Bombe. Wienner a aussi dit : « L’homme du XXe siècle est l’homme de Bergen-Belsen et d’Hiroshima ».
C’est un vrai bouquin de Geek, meme pas traduit en français et surement introuvable, mais bon, je vous en parle quand meme, hein.