Roman à l’eau de bleu, d’Isabelle Alonso
The wee freemen de Terry Pratchett
Panic room de Fincher avec Judy Foster
Etre et Avoir
Roman à l’eau de bleu, d’Isabelle Alonso
Vous savez que je ne suis pas spécialement une groupie d’Isabelle. En outre, je connais un certain nombre de gens recommandables qui ont craqué au bout de 30 p. ou 70 p. Bref, j’ai attaqué ce bouquin en me disant : ça va être nul. Et bien, accrochez-vous, je vous le dis tout de suite : non seulement, j’ai pas trouvé ça nul, j’ai même trouvé ça très bien. Le principe est le suivant : c’est une sorte d’uchronie, tout se passe comme dans notre monde à nous, sauf que le genre dominant, c’est le masculin. Je n’aurai pas cru que cette inversion puisse être source d’autant de possibilités, d’autant plus qu’elle ne se contente pas d’inverser, c’est inventif dans le retournement de situation. Et l’empathie avec les personnages fonctionne d’une curieuse façon : nous avons des femmes d’affaire fortes auxquelles j’ai envie de m’identifier mais qui se comportent comme des grosses machottes. Un jeune homme hoministe plutôt sympa, mais pas du côté du pouvoir dans cette société, avec qui j’ai moins envie de m’identifier, surtout que c’est un homme, mais en même temps, c’est le personnage le plus proche de moi. Je me suis retrouvée surprise de m’indigner de certaines situations qui sont particulièrement choquantes et visiblement choquantes en inversant les sexes… alors que je pensais être vaccinée : elles me choquent moins dans la vraie vie, alors que pourtant… Mais je comprends que ce livre n’ait pas marché. D’une part, un certain nombre d’abrutis a du le voir comme un pamphlet revanchard, ce qu’il n’est absolument pas. Bref, ce livre m’a beaucoup surpris et je le conseille, à tout hasard, même si je sais bien que tout le monde ne sera pas fan. Peut être aurait-il eu plus d’efficacité sous forme d’une nouvelle, comme « Matin brun » par exemple, ou encore « Inconnu à cette adresse », mais il n’aurait pas permis de se poser autant de questions de « genre ».
The wee freemen de Terry Pratchett
C’est l’histoire d’une gamine qui habite dans un endroit rempli de moutons qui ressemble à l’Ecosse. Elle a envie d’être une sorcière. Et voilà justement qu’il se met à se produire des tas d’évènements bizarres dans les parages normalement si tranquilles, en particulier de curieux pictsies, peints en bleu et aimant l’alcool et la bagarre, débarquent. Ben, je vais vous dire, il m’est tombé des mains avant même que j’arrive à la moitié.
Panic room de Fincher avec Judy Foster
Les critiques avaient été très moyennes sur ce film et je peux juste dire que je suis d’accord. Judy Foster vient juste de divorcer et s’installe dans un appartement gigantesque avec sa fille à Manhattan. Le possesseur de l’appartement était un vieux paranoïaque, il a mis toute sa maison sur circuit vidéo et au milieu, il y a une « panic room », une pièce inexpugnable dans laquelle on peut s’enfermer si des voleurs entrent et appeler la police. La première nuit, voilà justement des voleurs qui entrent pour piquer le magot que le vieux à cacher là. Judy Foster et sa fille se réfugient dans la panic room, mais cette pièce devient un piège car elles n’ont pas fait brancher le téléphone. Les truands sont stupides, un peu Tarantinien sur les bords. Mais la première partie du film se traîne, sans qu’on arrive vraiment à se passionner pour le sort de la mère et de la fille. Dans la deuxième partie, ça reprend du poil de la bête, mais ca ne rattrape pas quand même.
Etre et Avoir
le fameux film qu’il faut avoir vu quand on est en sciences de l’éducation (avec : ça commence aujourd’hui). Un succès commercial terrible, au point que l’instit maintenant en retraite a demandé de l’argent pour sa non performance d’acteur dans ce documentaire et s’est fait débouter finalement. C’est donc un documentaire sur une école de campagne, dans l’Auvergne, une classe à un seul cours, de la maternelle au CM2. Un instit campagnard à l’ancienne, incarnant à lui tout seul toute les valeurs de la république. (C’est cette ambiance de Grrrand débat sur l’école qui m’agite). Eh bien, je vais vous dire : j’ai pas aimé du tout. Tout d’abord, c’est un film nostalgique, qui ne cesse de dire : « l’école, c’était mieux avant, des maîtres comme on en fait plus, d’ailleurs, il part en retraite, tout se perd, ma brave dame, de mon temps… » Bref, c’est à la fois passéiste et insultant pour les instits d’aujourd’hui qui n’ont pas tous la chance d’avoir 13 élèves dans leur classe en pleine campagne. Ensuite, je me suis demandée s’il y avait des filles dans cette classe. Le réalisateur a choisi un héros : jojo, une bonne bouille cinégénique. C’est surtout lui qu’on voit. Soit. Mais par ailleurs, il ne filme que les garçons, à tel point que je suis allée compter sur le site du film les filles : il y en a 6, soit environ la moitié. Dans une deuxième partie du film, on les voit un tout petit peu plus, mai globalement, les choses intéressantes, les choses rigolotes, les choses mignonnes, les choses qui font rire ou réfléchir, ce sont les garçons qui les font, si on en croit le réalisateur. Ce reportage est caricatural des différences de traitements entre les filles et les garçons en classe… sauf que là, ce n’est pas le maître qui fait la différence (en tout cas, on en sait rien) mais le réalisateur. Et la troisième raison pour laquelle j’ai pas aimé, c’est que j’ai trouvé ça chiant. J’ai pas trouvé ça mignon. Ca ne m’a rien rappelé, je ne me suis pas identifiée. Bref, j’ai trouvé ça sans aucun intérêt. Ca a marché avec des gens, probablement des nostalgiques du « monde merveilleux de l’enfance » et d’une « certaine idée de l’école ». Mais pas moi. Maintenant, si ca se trouve, des instits (nombreux) de cette liste l’ont peut être vu et trouver extraordinaire. Auquel cas, c’est à vous de tirer.