La cité du gouffre d’Alastair Reynolds
Da Vinci code, le film avec Audrey Tautou, Jean Reno et Tom Hanks
Les impasses de la démocratisation scolaire, Sur une prétendue crise de la vocation scientifique de Bernard Convert
La cité du gouffre d’Alastair Reynolds
Alastair Reynolds ne sait pas faire cours… Disons, en dessous de 900 pages, il n’y a pas vraiment moyen de raconter une histoire. La cité du gouffre (Chasm city) se passe dans le même univers que le livre précédent : l’espace de la révélation (tout deux faisant donc plus de 900 pages, le suivant atteindra les 1100).
Tanner Mirabel est un ancien soldat, maintenant responsable de la sécurité de Cahuella, trafiquant d’armes sur Sky’s End, une planète en guerre depuis l’époque de sa colonisation.
Cahuella a été tuée et sa femme aussi. Poussé par un curieux sentiment moral, Tanner décide de poursuivre le meurtrier de son patron, Mais il contracte un virus d’endoctrinement fort désagréable. Sur Sky’s End, des fanatiques ont développé un virus qui oblige les gens infectés à vénérer Sky Haussman, à la fois héros et meurtrier, fondateur de la colonie mais coupable crimes de guerre. Pendant sa chasse à l’homme à travers Chasm City, Tanner se met à rêver régulièrement à la vie de Sky Haussman.
Roman dense, plein d’idées et de péripéties. On retrouve les éléments qu’on avait commencé à voir que l’espace de la révélation. Et comme certains n’avaient été qu’effleuré, on se construit une vue plus précise de l’univers. On assiste par exemple à la naissance du Grand Jeu et on peut dire que ce livre se termine précisément quand l’Espace de la révélation commence (même s’il a été écrit après).
Un détail amusant : le choix des noms. Notre héros, ancien soldat, tueur à gage, garde du corps s’appelle Tanner Mirabel… Pour un tueur, Mirabel sonne un peu bizarre… mais ce n’est rien… Nous avons une spécialiste de la chasse à l’homme qui s’appelle… Chanterelle. En anglais, ça sonne peut-être bien, mais en français, ça ne fait pas très crédible…
Bref, pour ceux qui aiment les grandes sagas de SF physiquement plausibles (Reynolds est physicien) et foisonnantes d’idées, je vous conseille cette série.
Ne manquez le site de cet artiste qui a illustré le Voleur de soleil de l’Espace de la révélation et dont les dessins fractales sont impressionnants.
Da Vinci code, le film avec Audrey Tautou, Jean Reno et Tom Hanks
Le livre souffrait à mon avis de deux handicaps, l’un « philosophique » et l’autre « pratique ».
Côté philosophique, je trouvais plutôt lourde leur vision soi-disant positive de la féminité. Selon le Da Vinci code, la femme est indispensable à l’homme car elle lui permet de voir Dieu en atteignant l’extase mystique au moment de l’acte sexuel. Puis, elle est le réceptacle de sa descendance. En résumé, la femme est l’escalator qui permet à l’homme de s’élever et la marmite qui va cuire la génération suivante. Super. C’est vraiment toujours les mêmes qui s’amusent.
Côté pratique, Dan Brown a voulu faire en sorte que le lecteur puisse résoudre l’énigme en même temps que les héros. Seulement, voilà, les lecteurs ne sont pas des spécialistes des symboles ou de la cryptologie, comme le sont nos deux héros. Ce qui fait que les pages d’hésitations et de tâtonnements ne sont pas très crédibles de la part de spécialistes. La scène où après 4 heures de tortures de neurones, le héros finit par dire : « ah, mais il faut regarder le texte dans un miroir », frise le ridicule.
Dans le film, ces deux écueils disparaissent. Le côté philosophico-mystique est bien édulcoré, alors ça passe. Quant au côté pratique, les énigmes sont résolues en 2 coups de cuiller à pot, ce qui est bien plus crédible. Je suppose que c’est en grande partie ces points qui ont déçu les fans et fait dire à bien des critiques que ce film était un navet. J’y ai trouvé les acteurs convaincants, les scènes bien menées, ce qui est loin d’être simple pour un polar « cérébrale » de ce genre : en particulier, la grande scène d’explication a été rendue vivante en ajoutant une polémique amicale entre les deux chercheurs de manière très réussie. Bref, à l’arrivée, j’ai trouve le film plus « crédible » que le livre.
Les impasses de la démocratisation scolaire, Sur une prétendue crise de la vocation scientifique de Bernard Convert
Un livre fort intéressant pour qui s’intéresse à la désaffection des filières scientifiques, écrit par un sociologue lillois.
Actuellement, on entend fréquemment dire que la France ne produit plus assez de scientifiques, que les filières sciences sont désertées par les étudiants, que les jeunes n’aiment plus les sciences.
Or selon Convert :
– il n’y a pas de désaffection spécifique des étudiants en sciences, toutes les filières universitaires perdent du public (sauf l’informatique, remarque personnelle)
– il y a eu un afflux massif d’étudiants en 85-95. En parallèle, il y a eu une forte croissance et diversification de l’offre de formation.
– Actuellement, le nombre d’étudiants stagne voire régresse, l’offre de formation croit toujours et les étudiants se dirigent plutôt vers les grandes écoles ou les formations professionnalisantes. Donc, la fac qui a toujours été un choix « faute de mieux » n’a plus de client.
Globalement, ce livre dit que les étudiants ont toujours une excellente image des sciences. Les discours qui prétendent que l’ambiguïté du progrès scientifique (vache folle, pollution, etc.) aurait dégoûté les jeunes des sciences n’est fondé sur rien. D’ailleurs, un des métiers les plus plébiscités par les étudiants étant « chercheur ». L’auteur nuance quand même en précisant que quand les étudiants disent : « chercheur », ils imaginent plutôt un chercheur en médecine de l’inserm, plutôt qu’un physicien des particules ou un chercheur en maths.
Sa démonstration est assez convaincante, même si j’aurai envie de débattre d’un ou deux points. Il y a aussi un passage intéressant sur les conséquences de la transformation de la terminale « sciences » et une petite étude comparative européenne, je vous laisserai découvrir, ça se lit très vite.