Nous sommes enfin partis. Les clients ont libéré Lotin, l’assurance du prêt a enfin été convaincue qu’on était en bonne santé malgré notre grand âge… La banque va nous prêter des sous… On a bien mérité d’aller à la mer.
Avant, une petite Kro de film, pour conclure, et puis, hop, la plage.
Le premier qui l’a dit de Ferzan Ozpetek avec Riccardo Scamarcio, Nicole Grimaudo, Alessandro Preziosi
Tamara Drewe de Stephen Frears avec Gemma Arterton, Roger Allam et Bill Camp
L’âge de raison de Yann Samuel avec Sophie Marceau
Le premier qui l’a dit de Ferzan Ozpetek avec Riccardo Scamarcio, Nicole Grimaudo, Alessandro Preziosi
Tommaso appartient à une famille italienne traditionnelle de Lecce, dans les Pouilles. Son père a hérité de sa mère une usine de pâtes qu’il veut faire tourner avec ses deux fils. L’un est déjà parti prenante. L’autre, Tommasso… fait tout pour s’en défaire. Il vit à Rome, il a envie d’être écrivain et il est gay. Il en parle à son frère et lui fait part de son intention de faire son coming out lors du prochain repas de famille.
Mais lors du repas, au moment où il se lance, son frère prend la parole et annonce qu’il est gay. Sur ce, le père fait une crise cardiaque, vire son fils et Tommasso ne peut plus rien dire.
“Le premier qui l’a dit” est présenté comme la comédie “Al dente” de l’été. Je ne vois pas bien ce que c’est qu’une comédie Al dente, moi, ça m’évoque juste les pâtes, l’Italie et une équipe au marketing qui fait une crise de flemme au moment de choisir le slogan.
Parce que malgré la bande annonce qui veut vous faire croire que c’est une comédie gay sympathique, ce film n’est pas un film drôle. Certes, par moment on rit, et même beaucoup, en particulier quand les copains gays de Rome débarquent à Lecce pour comprendre pourquoi Tommasso ne rentre pas. Ils se font aussitôt inviter par la famille, tellement ils sont beaux et sympas. Ils vont faire alors de leur mieux pour avoir l’air hétéro.
Le thème principale du film, c’est comment passer à côté de sa vie, parce qu’on cadre mal avec les usages : la grand-mère n’a pas vécu avec l’homme qu’elle aimait, la tante s’est enfuie à Londres à l’époque punk, s’est fait larguée et depuis, de retour à la maison et toujours célibataire, elle picole sévère. La jeune fille associée dans l’usine de pâte passe pour une dingue alors qu’elle essaie de colmater la solitude de son enfance. Le frère aîné s’est senti obligé de licencier l’ouvrier dont il était tombé amoureux, de peur des rumeurs. Au milieu de ce mal de vivre, le père et la mère, jusque là, parfaitement conformes et satisfaits, s’imaginent être la risée du village parce que leur fils est homo.
Le charme de cette chronique familiale, c’est la richesse de ses personnages. En particulier la grand-mère qui regarde l’ensemble partir en sucette avec une certaine malice, heureuse de voir que peut-être, ses petits-fils vont réussir à vivre leur vie. L’étrange fin du film vaut également le détour.
En conclusion, je vous dirais d’oublier le slogan et la bande annonce et d’aller voir ce film.
Tamara Drewe de Stephen Frears avec Gemma Arterton, Roger Allam et Bill Camp
Nicolas est un célèbre auteur de roman policier. Il vit avec son épouse Beth à Ewedow, le bout du monde de l’Angleterre, dans une ferme magnifique que Beth fait tourner avec plaisir. Ils y reçoivent des écrivains en résidence… en général des apprentis écrivains, émerveillés devant le succès de leur hôte (plus que par son talent).
Cette année, parmi les invités, il y a Glen, professeur américain qui tente d’écrire une biographie. Totalement à sec d’inspiration, il passe surtout du temps avec Andy, l’homme à tout faire qui lui parle de la ferme et aussi avec Beth qui cuisine pour tout le monde.
D’ailleurs, Beth fait tout dans ce couple, elle relit les épreuves de son mari, répond à son courrier, le soutient, le conseille, cuisine, s’occupe des écrivains en résidence… Ce qui fait que lorsqu’elle découvre qu’il la trompe, il se dépêche de larguer sa poule, de peur de se retrouver seul.
Et voilà qu’arrive Tamara Drewe, la fille du pays. Elle est sexy, elle travaille dans la presse people et elle s’est fait refaire le nez. Gamine, elle était moche et tout le monde se moquait d’elle. Aujourd’hui, elle attise la convoitise du village. Andy était son ancien amoureux… il l’a larguée sous la pression de ses potes qui la trouvait trop moche. Mais il pense toujours à elle.
Il faut dire, c’est dur d’être ado, à Ewedow. Il n’y a rien à faire. Ainsi Jody et sa copine passe leur journée dans un abri bus, à lire la presse people, à jeter des oeufs sur les voitures et à rêver de partir, comme l’a fait Tamara.
C’est une vrai comédie anglaise, avec des personnages à découvrir, de l’humour grinçant et des vaches. C’est très sympa à voir et même Leirnette a aimé alors que c’était en VO !
(je viens de lire de résumé d’Allo-ciné… Beauté pyromane, amazone du XXIe siècle… n’importe quoi. On pourrait faire un Bullshit Bingo de la critique de film).
L’âge de raison de Yann Samuel avec Sophie Marceau
Margaret est une femme d’affaire qui vend des centrales nucléaire dans le monde entier. C’est une femme compétente, pressée, exigeante et efficace. Son compagnon est du même acabit et travaille avec elle.
Mais voilà qu’un jour, un vieux notaire débarque du sud de la France avec des lettres qu’elle s’est écrite à elle même quand elle avait 7 ans et qu’elle s’appelait encore Marguerite. Ces lettres lui rappellent une enfance pauvre qu’elle a tout fait pour oublier. Mais en même temps, ces lettres lui rappellent tous les idéaux de sa jeunesse auxquels elle ne croit plus.
Je vais dire du mal de ce film et ça m’amener à spoiler, je vous préviens.
D’une part, l’intrigue est limite crédible. Pourquoi a-t-elle oublié son enfance ? si elle fait semblant de l’avoir oublié, pourquoi ne s’attend-elle pas à recevoir ces propres lettres (des lettres nombreuses et documenté, un vrai boulot). Si elle a réellement refoulée une partie de son enfance, pourquoi ne se souvient-elle que de ce qui ne nuit pas au suspens du scénario ? Mais bon, passons. L’histoire est mignonne, pourquoi pas se laisser bercer.
Ce qui est en revanche chiant, c’est le message qui est délivré.
Margaret est une femme qui a fait carrière. Elle a un tiroir rempli de photo de femmes exemplaires, de Marie Curie à Coco Chanel en passant Benazir Buto. Elle est en concurrence dans son entreprise avec une autre femme d’affaire, au-dessus d’elle, qui la considère comme une rivale possible (Il ne peut y en avoir qu’une parmi les hommes au Comité d’Administration). Vous savez les femmes entre elles, toujours à se faire des crasses. Et puis, les femmes cheffes, elles sont pire (!!) que les hommes, tout le monde le sait.
Mais à la fin, Marguerite retrouve les vraies valeurs (remet tout à l’endroit selon ses termes). Elle retrouve ses rêves de gamines, plaque son boulot, part faire de l’humanitaire et fait un bébé à son compagnon, qui lui visiblement, n’a pas de problème avec ses rêves d’enfant, puisqu’il continue à être hyper occupé en vendant des centrales. Pour cela, elle aura passé une bonne partie du film en pleurs, tellement c’est dur de se rendre compte qu’elle s’est égarée.
Remettre les choses à l’endroit, pour cette femme, ce n’est donc pas continuer une brillante carrière (dans le nucléaire, en plus, bouh, pas bô, c’est bon pour les hommes, ça, comme son compagnon, ou les salopes, comme sa cheffe). Les choses à l’endroit (ou à leur place), c’est faire un bébé, renouer avec sa famille, s’occuper des autres (creuser des puits dans le tiers-monde), pendant que sa cheffe, qui ne comprend rien aux vrais choses importantes, poursuit sa carrière au CA de l’entreprise, la pauvre.
Peut-être qu’un jour, enfin, je verrai un film avec des femmes d’affaire qui s’éclatent dans leur boulot, qui ont une vie privée qui leur plait (avec ou sans enfant, avec ou sans compagnon / compagne, proche ou pas de leur famille), des collègues de travail qui les épaulent, des supérieures hiérarchiques qui les tirent en avant, ou leur renvoient l’ascenseur, et des ami-e-s. Parce qu’il y en a marre de ce discours culpabilisant sur la femme active au pouvoir qui est nécessairement dénaturée et/ou malheureuse. Ou qui retrouve sa vraie nature (enfant, nature et soin des autres) pour la happy end.
C’est sexiste, niais, paternaliste et en plus, totalement sans originalité.
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