Fès, c’est là, au nord du Maroc, au pied du Moyen Atlas. Ce n’est pas vraiment aride, mais ce n’est pas non plus fertile comme la région de Casablanca. Si je suis allée là bas en cette saison, vous vous doutez bien que ce n’était pas pour les vacances, mais pour raison professionnelle. J’évite en général d’aller plus au sud que Marseille passé le mois de mai.
En cette période où on parle beaucoup du Maroc en raison du vote de la constitution qui limite les pouvoirs du Roi, je me suis dit qu’il était temps de me mettre à cette Kro. Je ne vous parlerai pas de ma visite de Fès (déjà kroniqué ici et suivante) mais de choses plus générales.
La température tout d’abord. Avec une température ressentie de 49°, je peux vous assurer qu’on a l’impression que le ciel vous tombe dessus. La clim déclare partiellement forfait, le seul bon endroit, c’est la piscine. Et ce n’est pas très difficile d’y entrer. Même pour les marocains, c’est chaud pour un mois de juin.
C’est la raison pour laquelle je n’ai pas visité Fès. Impossible de sortir. Heureusement, le soir, la température est bien tombée (un petit 33 comme vous pouvez le voir) et on est allée avec des copines manger un chawarma dans un restaurant qui avait des brumisateurs en terrasse. (un chawarma, c’est un sandwich avec poulet + tomates + oignons + assaisonnement dans du pain arabe)
Dans le centre d’artisanat local, (où je me suis achetée un pouf), on vendait du Ghassoul avec une photo décente quoi que un peu ridicule.
Bien que la photo ci-dessus n’a pas un énorme intérêt touristique, je la mets pour le plaisir.
Ca m’a tenté de ramener un copain à Yoshi.
Lors de ce voyage, j’ai découvert deux choses : la première, c’est la musique du Maroc aujourd’hui (voir Kro suivante) et la deuxième, c’est les communautés linguistiques. C’est peut être le fait de vivre en Suisse qui me rend sensible à la question.
La langue officielle est l’arabe classique. Mais on ne le parle pas vraiment. Il sert à dire et écrire les choses officielles, les infos, les textes littéraires ou légaux, les poèmes. Beaucoup de gens le comprennent, certains l’écrivent… certains ne le parlent pas du tout… ce qui veut dire que dans ce pays, certaines personnes ne comprennent pas les infos à la télé ou à la radio, parce qu’elles sont dites dans une langue qui n’est pas celle de la rue.
Autre langue : la darija, qui est l’arabe dialectal marocain. Il se parle mais ne s’écrit pas et ne sert normalement qu’aux choses triviales, communes ou domestiques.
Autre langue encore : l’Amazigh (prononcer Amazir) c’est-à-dire le Berbère. Il est parlé par environ la moitié de la population. Presque tous les berberophones parlent la darija… mais pas tous…
Deux autres langues fréquemment parlées : le français, qui est la langue de beaucoup de démarches officielles et la langue des études supérieurs et scientifiques. L’espagnole est fréquemment parlé dans le nord et au Sahara.
Suite au référendum qui est voté aujourd’hui, l’Amazigh va devenir la deuxième langue officielle. L’amazigh s’écrit, voir ci-contre (merci wikipédia)… Et ça nous amène au problème suivant : 45% de la population marocaine est analphabète (62% de femmes), particulièrement en milieu rural. Vous comprenez bien que la question de qui écrit l’amazigh ou l’arabe classique touche finalement assez peu de monde. De même, un marocain sur deux ne peut pas lire les journaux. Ce qui demande de passer par d’autres moyens que la presse pour faire de la propagande.
Des personnes ont été payées pour manifester leur joie dans la rue pour le référendum. En entendant cela, je me suis dit que la démocratie était encore loin. Mais finalement, ce n’est pas très différent de ce qui se passe en France, simplement, c’est adapté au fait qu’une partie de la population ne lit pas ou ne comprend pas la langue officielle des medias.
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