Nayda, c’est un mot qui regroupe tout un concept. Ca représente la nouvelle scène marocaine, mais c’est aussi une ambiance décontractée, festive. C’est le fait qu’on puisse se faire une crête de punk ou porter des T-shirt heavy metal, ou encore se balader en short et sauter partout au son de la musique quand on est une fille. C’est se sentir libre et heureux, c’est Nayda !, c’est tout, comme le disait des jeunes dans le reportage Casa-Nayda, réalisé Farida Belyazid, que j’ai vu à Fès (le documentaire et Farida Belyazid).
Nayda, c’est quoi ? C’est d’abord une association appelé L’boulevard, à Casa qui a organisé un festival de musique et qui soutient les jeunes artistes. C’est un autre festival, à Essaouira. Ce sont des groupes de Rap ou de hip hop qui ont décidé de chanter en darija, puisque c’est la langue de la rue, et pas en arabe classique. Ce sont aussi des radios, qui passent leur musique et qui ont décidé de donner les infos en darija pour que tout le monde les comprenne, même si au début, ça leur a fait bizarre, ils se demandaient comment les news passeraient en darija.
Ce n’est pas réellement un mouvement très politisé, mais il le devient de force, puisqu’il réclame une certaine liberté par rapport à la morale stricte du pays. ou parce qu’il interpelle le gouvernement sur le chômage ou les violences policières qui sont la vie quotidienne des jeunes un peu en marge.
En regardant ce documentaire, j’ai compris qu’il était difficile de se poser comme un marocain moderne. Car dès qu’on s’écarte de la tradition, on est soupçonné d’être influencé par l’occident, pour la musique comme pour d’autre chose. En somme, le hip hop de ces jeunes… ce n’est pas du « vrai » marocain… alors qu’ils parlent en darija et traitent des problèmes du Maroc.
Mais je comprends que dans un pays a été colonisé, on se demande sans cesse : qu’est-ce qui vient de moi, qu’est-ce qui m’est imposé pas la civilisation occidentale qui m’a dominé ? Comment puis-je être de mon pays sans être paralysé par ma tradition, sans être bouffé par l’occident ?
Alors pour prouver qu’ils sont de bons jeunes marocains, les membres des groupes ont tendance à dire dans la presse qu’ils font leurs prières, qu’ils ne boivent pas, ne se droguent pas… Et bien sûr, leur paroles restent correctes : pour une fois, nous avons là un hip hop non sexiste. (oui, Mohino, je sais, tout le hip hop n’est pas sexiste… mais quand même, hein, c’est une espèce de tendance…)
Mais comme dit un directeur de festiva : peu importe que leurs influences viennent des aborigène ou des Etats-Unis, s’ils font une oeuvre authentique. Et parler de leur attachement à la religion n’a normalement pas lieu d’être. Ca n’a rien à voir avec la création musicale.
Darga est un des groupes intéressants que j’ai découvert dans le documentaire.
Bref, Nayda, c’est un souffle de liberté… qui creuse encore plus l’écart entre ville et campagne.
Quittons la musique moderne, pour parler tradition
Le soir, nous avons eu un concert donné par un groupe de Gnaoua, c’est la musique afro-berbère (c’est à dire en provenance de l’Afrique sub-saharienne qui a migré au Maroc) qu’on donne au début et à la fin des fêtes en soufflant dans des trompes très très bruyantes. En suite, quand ils ne soufflent plus, ils chantent en amazigh.
Regardez bien ces trompes, ça ne vous rappelle rien ? allez, les joueurs de foot… Eh oui, vous avez bien vu. Les vuvuzela que les occidentaux ont découvert avec horreur lors du précédent mondial viendraient des trompes marocaines. En tout cas, je peux vous garantir que le bruit est proche (non trop proche, allez jouer plus loin).
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