Deux polars aujourd’hui. Je vous ai mis alors une image de « polar bear », certes pour faire un jeu de mot, mais aussi parce que ce n’est pas tout à fait sans rapport avec le 2e livre.
Des femmes bien informées de Carlo Fruttero
The Yiddish policemen union de Machael Chabon
Des femmes bien informées de Carlo Fruttero
Carlo Fruttero a longtemps formé un tandem avec Lucentini pour écrire des polars célèbres… Je n’en connaissais aucun, mais j’avais vu « 8 femmes », films adaptés d’un de leurs romans. Une collègue italienne m’a offert celui là (écrit par Fruttero tout seul, il est décédé juste après, d’ailleurs, en janvier dernier).
Une jeune roumaine, habillée comme une prostituée est retrouvée morte dans un fossé. L’enquête découvre vite que cette jeune femme, si elle avait bien été prostituée, était maintenant la femme d’un riche banquier. L’enquête va être vu par les yeux de plusieurs femmes : la flic, la journaliste, la belle-fille, l’amie de la famille, la brave dame qui a découvert le corps, etc.
Au début, c’est un peu déroutant, tout ces avis et commentaires sur le crime. Heureusement, la journaliste et la flic, les deux femmes a être réellement bien informées, vont tenir le fil rouge de l’histoire pour ne pas nous perdre.
Le montage est originale et fabrique un bon policier, du genre de ceux où on peut jouer à trouver qui est coupable.
The Yiddish policemen union de Michael Chabon
C’est une uchronie : à la fin de la dernière guerre mondiale, les choses ne se sont pas tout à fait passées comme nous le savons. Tout d’abord, l’Allemagne n’a pas capitulé en 45… l’affaire s’est poursuivie un peu plus longtemps, jusqu’à la chute de 2 bombes atomiques sur Berlin.
L’état d’Israël n’a pas tenu le choc longtemps. Il a disparu, battu par la ligue arabe. Les juifs yiddish ont alors trouvé refuge en Alaska, à Sitka, un terrain que les Etats-Unis vont leur prêter pour 60 ans. Or, nous sommes en 2008, Sitka va devoir être rendue au USA et les juifs vont perdre leur passeport de l’état hébreu qui va disparaître.
Dans cette période trouble, Meyer Landsman, policier a la dérive, va devoir résoudre un crime qui s’est produit dans l’hôtel minable dans lequel il loge : un homme, un drogué a été abattu. Rapidement, il s’avère que c’est bien plus qu’une histoire de drogue. L’homme est le fils du rabbin de la communauté « ultra-observante » et semi-mafieuse. Génie aux échecs mais apparemment tombé en disgrâce.
C’est un vrai polar noir avec le décor qui va avec : les hôtels borgnes, une météo peu clémente (l’Alaska, vous voyez), la solitude, des temps troublés : « drôle d’époque pour être juif » répète-t-on souvent dans ce roman.
Le début démarre très lentement, j’ai même failli laissé tomber… Surtout qu’il faisait aussi très froid dehors, alors je n’étais pas très motivés. Quand le temps a commencé à s’arranger, j’ai repris la lecture. Et je ne le regrette pas. C’est une bonne histoire, qui tire partie de la situation qu’elle a inventé (les juifs d’Alaska, les « frozen chosen », comme on dit, se sont mariés avec des autochtones, les Tlingits… il y a donc des Tlingits juifs). Une vraie ambiance de polar noire tenue jusqu’au bout, avec des héros attachants et souvent plein d’humour, humour noir, bien sûr ! C’est un livre étonnant et très réussi. Prix Hugo 2008.
Il paraît que les Frères Coen travaillent à une adaptation cinéma du livre.
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