Kro de Vendée : à la télé, en fait, y’a des trucs étranges

D’ordinaire, la télé est simplement un écran qui permet de sortir le signal du lecteur DVD ou du mac. Eventuellement, parfois, elle permet de visionner des films à la demande. En vacances seule à la mer et malheureusement sans internet alors qu’on a enfin pris un abonnement (j’attends le technicien orange pour mercredi…), j’ai du temps. Alors, le soir, je fais des tests de folie : par exemple, je regarde des émissions télé.

Hier j’ai testé Simplement pour ce soir

Tout d’abord, j’ai découvert que Patrick Sabatier était encore à l’image, et même qu’il faisait toujours partie des présentateurs préférés des français. Hier soir, il animait une émission de variétés avec plein de stars vivantes et mortes. Nonon, je vous arrête tout de suite : pas une rétrospective d’anciennes émissions : l’originalité de cette émission est que les stars mortes sont pour de vrai sur le plateau. Il faut reconnaitre que les zombies étant de plus en plus à la mode, cette émission en est peut-être la version glamour et musical.

Je vous explique comment ça marche.

Prenons une star morte célèbre, par exemple Edith Piaf (vous voyez, on fait dans le lourd), prenez ensuite un grand dépendeur d’andouilles accro à montrer sa tête à la télé à n’importe quel prix : M Pokora. (J’avais jamais vu M Pokora. Sa coiffure en vague plastifiée virgulée vers le haut est passablement… mmhm je cherche le terme… on dirait un personnage de BD des années 50, mais en toc). Il chante avec une actrice déguisée en Edtih Piaf qui chante en playback sur la vraie voix de Piaf. Un habile montage donne l’impression qu’ils chantent ensemble (je jurerais pas que M Pokora n’était pas en playback aussi).

Bref, M Pokora explique qu’il est super content d’avoir chanté avec Piaf, que c’est un beau cadeau que l’émission lui a fait là et que comme il est super éclectique comme mec, même qu’il peut chanter avec Piaf, avec son filet de voix ruisselant. Et c’est pas tout : on a eu (toujours en vrai et en actrice) Dalida qui chante une chanson de Serge Lama (restez concentré : Serge Lama, lui, est vivant). Le plus sidérant, c’est que tout le monde sur le plateau parlent des stars mortes comme si ils avaient réellement chanté avec eux. De sorte que quelqu’un qui regarde cette émission et qui n’a pas de culture de la chanson française, ne réalise pas que Edith Piaf et Dalida ne peuvent pas être en vrai sur scène.

Le seul vaguement mal à l’aise dans cette pantomime, c’est Pascal Obispo qui fait un duo (!) avec un faux John Lennon au piano. Ses commentaires sont un exemple de rhétorique : comment ne pas trahir la consigne de l’émission (faire comme si c’était pour de vrai) sans sombrer dans le ridicule de prétendre qu’on a vraiment chanter avec le mort.

Une mention spécial pour Bastian Baker, le lausannois préféré de Leirnette, qui a chanté très correctement Alléluia de Leornard Cohen (qui, lui aussi, est vivant).

Toujours dans le visionnage de l’extrême, ce soir, j’ai tenté Drucker (un vrai festival de nouveaux présentateurs qui rajeunissent le style, pas vrai ?)

Drucker, on le connait, égal à lui même, il aime tout le monde, il sert la soupe comme personne. Sur son plateau, une vaste gamme d’acteurs et d’actrices qui se connaissent bien : Alain Chabbat, Lambert Wilson, Monica Bellucci et Sandrine Kimberlan… ça discute aimablement comme entre potes. Et voilà la séquence humoriste. Le premier nous envoie une salve de lieu communs sexistes : je pensais que plus personne n’osait prétendre que c’était des blagues à faire en public depuis au moins 30 ans. « Il faut souffrir pour être belle : pour ma femme, la vie c’est le club med tous les jours… en 1904, une femme a passé le permis de conduire pour la première fois, une grande date pour les femmes, quand elle l’a eu en 1906… » Imaginez une seconde… les mêmes blagues sur les arabes avec Jamel obligé de faire comme si c’était drôle… Ben, c’était la situation de Sandrine Kimberlain et Monica Bellucci. Lambert Wilson avait un sourire crispé, Chabbat était passablement figé, même Drucker semblait avoir un peu de mal à positiver. Ensuite, on est passé aux Chevaliers du fiel, pas sexistes, juste crétins. Puis, ils ont dit à Monica Bellucci que c’était la première fois qu’ils parlaient à une aussi jolie femme sans payer. Et je me suis dit que quand on était une aussi jolie femme que Monica Bellucci, on devait en entendre, des conneries. Celle-là visiblement elle l’a pas trouvé drôle.

Pour la suite du séjour, j’hésite… soit je continue à découvrir la bouillie servie à mes semblables, au risque de perdre tout espoir dans l’humanité, soit j’espère très fort qu’internet fonctionne bientôt.