Sous ce titre un peu provoc, et comme annoncé, je vais faire une kro sur des films américains passant le test de Bechdel. Qu’est-ce que c’est ?
Une œuvre réussit le test si les trois affirmations suivantes sont vraies :
-
- l’œuvre a deux femmes identifiables (elles portent un nom) ;
- elles parlent ensemble ;
- elles parlent d’autre chose que d’un personnage masculin.
Le test donne une idée du « taux de présence » des femmes dans les films en général. Il ne détermine pas la qualité d’une œuvre et n’indique pas si elle est sexiste ou non.
Le test de Bechdel ne sert pas à prouver qu’un film est sexiste ou pas, mais à souligner qu’un grand nombre de films, n’ont pas suffisamment de personnages féminins identifiables qui permettent à l’histoire, ou au scénario, de passer un test aussi simple
Wonder woman de Patty Jenkins avec Gal Gadot, Chris Pine, Connie Nielsen, Robin Wright
Les figures de l’ombre Film de Theodore Melfi avec Taraji P. Henson, Kimberly Quinn, Olek Krupa, Ken Strunk, Octavia Spencer
Conspiracy de Michael Apted avec Noomi Rapace, Orlando Bloom, Michael Douglas, John Malkovich et Toni Colette
Miss Sloane de John Madden avec Jessica Chastain et Mark Strong
Wonder Woman de Patty Jenkins avec Gal Gadot, Chris Pine, Connie Nielsen, Robin Wright
« Enfin un film avec une super héroïne » : c’est en gros la phrase de démarrage quand on parle du Wonder Woman, suivie ensuite de plusieurs tirades plus ou moins sincères sur le sexisme d’Hollywood, ponctuées par des remarques du style : il est bien temps. L’ONU a même failli faire de Wonder Women son ambassadrice 2017, mais on lui a fait remarquer qu’il y avait beaucoup trop de femmes réelles et formidables, pour prendre un personnage fictif.
Bref, au demeurant, oui, bien sûr, moi aussi, je suis contente qu’il y ait un film avec une super héroïne. Un bon film ? Ça c’est une autre affaire. Parce qu’une fois qu’on a dit : « Ah, enfin une femme, blablabla », on ne parle pas du film. Je suis donc allée voir WW.
Tout d’abord, signalons d’abord deux écueils :
- il ne s’agit pas de tomber dans la promotion féministe aveugle : puisque c’est un film de super héroïne, il ne peut être QUE génial, il faut aller le voir et l’aimer par militantisme
- il ne faut pas non plus nécessairement lui en demander plus qu’un autre film de super héros. C’est pas parce que pour une fois, il y a une femme, qu’il faut mettre la barre plus haut.
Et l’histoire, finalement, c’est quoi ? WW sauve un aviateur américain qui crashe son avion près de l’ile des Amazones. Quand elle découvre que le monde est en guerre (la 1ère guerre mondiale), elle décide de quitter son île pour mettre fin à la guerre en tuant Arès, qui est le Dieu qui inspire la guerre aux hommes.
Pour moi, WW n’est ni bon, ni mauvais. Le scénario existe et se tient. C’est plutôt les décors, les scènes de la 1ère guerre mondiale qui parfois ne tiennent pas debout. Un village affamé qui, une fois libéré, a de la bière pour faire la fête, des Allemands tellement méchants qu’ils réduisent les civils en esclavage et autres incohérences historiques de ce genre.
Ensuite, c’est un film bourrin. WW se bat… et on se situe à un niveau divin… le méchant, c’est quand même Arès, et il n’hésite pas sur la pyrotechnie quand il se bat. Et, ma foi, WW le lui rend bien.
Ce film a beau faire partie de la série « Justice League », il est en réalité plus proche, dans l’esprit, de la série Avengers. En gros, WW m’a fait penser à Thor, en version féminine. Bref, quelques moments sympas, surtout grâce à l’incongruité d’avoir une super héroïne, mais un film un peu long, un peu plat et sans surprise.
Finalement, les bonnes critiques sur WW viennent peut être de ceux qui n’aiment pas le style Batman / Superman / Justice League (moi, si). Dans ce sens, WW est mieux que de nombreux X-Men et que quelques avengers.
Les figures de l’ombre Film de Theodore Melfi avec Taraji P. Henson, Kimberly Quinn, Olek Krupa, Ken Strunk, Octavia Spencer
Ok, il n’est pas récent, celui-là, mais non, je ne suis pas à jour dans mes Kro.
Ce film raconte l’histoire de 3 afro-américaines de la NASA au début des années 60 : une mathématicienne de génie, une assistante ingénieure qui mériterait de pouvoir le devenir et une superviseuse de l’équipe des calculatrices noires (des femmes qui calculent, hein, pas des machines) mais qui n’en a pas le grade.
C’est un film plein de bonne volonté qui veut faire sortir de l’ombre des personnes doublement oubliées, parce qu’elles sont femmes et parce qu’elles sont noires. Oui, c’est un film qui ne manque pas de bons sentiments. Et comme il doit être à la fois édifiant et plaisant, il prend des libertés historiques. Par exemple, on voit Katherine Johnson perdre du temps tous les jours pour courir aux toilettes pour « gens de couleur », sans que personne de son équipe n’imagine même le problème.
La vraie Katherine Johnson (ici, en bleu, au milieu), en travaillant avec les blancs, ne s’est pas embarrassée de ses interdits racistes. Néanmoins, il y avait des toilettes pour gens de couleurs à cette époque, et quand on était blanc, on n’avait pas envie de partager la cafetière du bureau avec les noirs. Même dans un endroit comme la NASA et pas seulement au sud de la Virginie.
Ce n’est donc pas vraiment une dénonciation, ni une biographie, ni une chronique du racisme et du sexisme des années 60… puisque c’est un film dont le ton se veut plaisant (et qui y arrive) alors que la réalité l’était surement moins. Mais il est agréable et je pense qu’il remplit sa fonction.
Conspiracy de Michael Apted avec Noomi Rapace, Orlando Bloom, Michael Douglas, John Malkovich et Toni Colette
Ex-interrogatrice de la CIA, Alice Racine est rappelée par son ancien directeur, Bob Hunter, pour déjouer une attaque imminente sur Londres. Envoyée interroger un prisonnier, elle s’aperçoit qu’elle est prise dans un coup monté : l’agence a été infiltrée et elle ne sait plus en qui avoir confiance.
Eh oui, Conspiracy, en anglais, se dit « Unlocked ». Je n’en finis pas de pouffer quand je constate qu’on traduit en anglais un titre anglais.
Noomi Rapace joue, plutôt bien, une espionne qui dépote : un vrai personnage d’action, compétente et efficace.
Orlando Bloom n’en finit pas de prouver au monde qu’il n’est pas un elfe fluet propre et gentil. Il joue les bad boys musclés et s’habille avec des vêtements suffisamment minimalistes pour qu’on en soit sûr.
Conspiracy avait vraiment de quoi faire un bon thriller. Malheureusement, le scénario est ultra prévisible, et on se demande même pourquoi Noomi Rapace ne comprend pas plus vite ce qui se trame, vu comment elle est compétente. Un film assez moyen finalement.
Miss Sloane de John Madden avec Jessica Chastain et Mark Strong
Elizabeth Sloane est une lobbyiste brillante qui opère dans les coulisses de Washington. (Si comme moi, vous suivez la formation en politique américaine via House of Card, ce film vous permet de passer de l’autre côté pour voir l’action des lobbies).
Toute sa vie, ses loisirs et son temps libre, c’est son travail. Elle aime gagner et possiblement à tout prix… peu importe les dégâts, pour elle comme pour son entourage.
Par conviction pour une fois semble-t-il, elle décide de s’attaquer à une cause perdue : s’opposer au lobby des armes pour faire passer un amendement restrictif. Seulement, elle finit par être mise en examen par le parti adverse, à cause de ses méthodes peu légales.
C’est un film qui m’a beaucoup plus. D’abord parce que Jessica Chastain est formidable. Ensuite, parce qu’il y a un vrai scénario solide aux rebondissements imprévisibles. Et enfin parce qu’on comprend des coulisses de la politique américaine. Ce film là, je le conseille sans hésiter (ok, il est un peu long).