Même si je ne fais pas encore tout à fait partie du club, je vois bien que ça me guette, qu’importe, parce que figurez-vous que notre subculture est dominante, enfin, surtout pour les quinqua mâles et blancs, mais quand même…
Bumblebee de Travis Knight avec Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker
Bumblebee de Travis Knight avec Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr.
Ben oui, j’ai craqué, j’ai recommencé, je suis allée voir un Transformer. Je sais bien qu’à part le 1, ils étaient tous diversement nuls. Mais celui-là avait de bonnes critiques. Et les robots géants et moi, depuis Goldorak, c’est une longue histoire. Il fallait que je me remette de la déception de Pacific Rim 2.
Le sénar en 2 mots, parce qu’on s’en fout : une gamine mal dans sa peau (un peu geek de voiture, fauchée et orpheline de son père bien aimé) récupère une vieille coccinelle pourrie. Il s’avère que c’est un Autobot qui est là pour sauver le monde d’une attaque des Decepticons (à la fin, le robot et elle gagnent, mais vous n’allez pas me dire que c’est un spoil).
Si ce film présente un intérêt, au-delà de son charme manifeste (les robots géants, au cas où vous n’auriez pas suivi), c’est parce qu’il se situe entre Spielberg et le géant de fer. C’est pour cela que je dis que la subculture des quinqua est dominante : pour faire un teenmovie, on recycle la culture des ados des années 80 et on la fourgue aux ados de 2018. Une trame qui ressemble à ET, une bande-son des standards des années 80, une partie de pong, Alf à la télé… comment recycler une culture populaire qui n’a d’intérêt que parce qu’elle nous rend nostalgiques…
Comme d’habitude, les Decepticons sont plus cool que les Autobots, mais pour une fois, l’Autobot est mignon: les animateurs l’ont rendu aussi expressif que Wally. Alors ce n’est pas un grand film, mais si vous voulez voir triompher la culture que vous aimiez ado et qui était jugée sans valeur à l’époque, allez-y.
La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker
Pour Noël, Leirnette m’a offert ce livre d’un écrivain genevois.
À New York en 2008, Marcus Goldman est un jeune écrivain qui vient connaître le succès. Après avoir surfé un an sur la gloire, il doit écrire son deuxième roman… mais rien ne vient. Son éditeur qui lui a donné une avance considérable, le tient par contrat et le menace de procès.
Désespéré de ne rien écrire, il va chercher refuge dans le New Hampshire, chez son mentor, Harry Quebert, auteur d’un roman devenu un classique de la littérature : Les Origines du mal. Mais après 1 mois sans rien écrire, Marcus rentre à New York, convaincu qu’il ne sera jamais un vrai écrivain. Mais quelques jours plus tard, il apprend que Quebert vient d’être arrêté par la police, car on a retrouvé sur sa propriété, le squelette de Nola Kellergan, jeune fille disparue trente-trois ans plus tôt. Il semble que Harry a eu une aventure avec cette gamine et l’a ensuite tué.
En effet, le 30 août 1975, Nola Kellergan, âgée de 15 ans, disparaît mystérieusement. Une vieille dame, qui a vu un homme poursuivre la jeune fille dans la forêt, est tuée quelques minutes plus tard. Aucune piste n’avait donné quoique ce soit, jusqu’à ce que le corps soit retrouvé par hasard.
Convaincu de l’innocence de son ami, Marcus décide de lui venir en aide en cherchant à comprendre ce qui s’est passé, trente-trois ans plus tôt, dans cette petite ville du New Hampshire… il cherche aussi un dérivatif à ce livre qu’il n’arrive pas à écrire.
C’est quoi, un bon roman ? À travers ce polar qui raconte les aventures de deux écrivains, l’un tentant d’innocenter l’autre, la question de l’écriture, ce qui fait qu’un roman est bon ou pas, est omniprésente. En tout cas, Joël Dicker a réussi une multiple mise en abyme : il s’agit d’un écrivain qui se demande comment écrire et qui se met à écrire un livre sur une affaire de meurtre, dont on va lire des pages, à la mesure qu’il avance dans l’enquête. C’est aussi un écrivain qui se demande comment son ami écrivain a pu écrire un livre aussi beau que celui qui l’a rendu célèbre et pour lequel il est maintenant détesté, puisque ce livre raconte en réalité (et sans le dire) une histoire d’amour entre un homme de trente ans et une gamine de quinze. C’est enfin un livre qui décompte 31 conseils d’écriture du mentor à son élève, qu’on lit à mesure qu’on avance dans le livre, chapitre par chapitre.
Alors, c’est quoi un bon roman et est-ce que La vérité sur l’affaire Harry Quebert en est un ? Déjà, je dois vous dire que j’ai lu les 800 pages en 2 jours. Certes, j’ai eu quasiment 12 heures de voyage (et 170 min de retard de train), mais ça prouve qu’on ne s’en lasse pas. Il y a du suspens, des rebondissements, des imprévus et des fausses pistes.
Ensuite, c’est un livre dont la richesse se dévoile peu à peu : on change d’avis sur les personnages et ceux-ci sont complexes : je suis convaincue que les différents lecteurs auront sûrement des avis différents sur les personnages, voudront plus ou moins en excuser certains, ce qui fait l’intérêt du livre : on peut en débattre… On retrouve bien certains clichés : les petites villes américaines dont on n’arrive pas sortir, les affaires sordides des voisins qu’on connait, mais dont on ne mêle pas, la mère juive mélodramatique qui veut marier son fils… Ce qui est un peu dommage, parce que par ailleurs, d’autres personnages qui semblent d’abord simplistes prennent en route de l’épaisseur.
Bizarrement, je ne dirais pas que c’est très bien écrit, disons ce n’est pas joliment écrit. Mais ça se vite et bien. C’est surtout un scénario en béton, rusé et cohérent, même après 800 pages.
J’ai appris qu’une série a été tirée du livre. Il parait que malgré son bon casting, c’est un ratage. Dommage. Il y avait de quoi en faire une bien belle série policière.