J’ai mis le nez dehors, j’ai vérifié, ya toujours covid. Alors à défaut d’avoir du neuf à annoncer, je vous souhaite une bonne année. J’y crois toujours, j’ai mon rdv annuel de mai au Québec prévu. On verra bien.
J’ai vu quelques spectacles aussi cette année. C’est plus difficile d’en faire des kro… parce qu’il y a peu de chance que vous puissiez les voir… Mais pour dire qu’il y a toujours des vrais spectacles vivants qui se font.
Borealis de Dan Archer au Parc des Bastions (photos : JPG)
Théâtre :
dSimon de Tamara Leites et Simon Senn au Théâtre de Vidy, Lausanne
Qui a peur de Virginia Wolf d’Edouard Albee mise en scène Anne Bisang au théâtre de Poche de Genève
Concert : Francis Cabrel Trobador Tour
Stand-up : Thomas Wiesel à la Bourse du travail à Lyon
Borealis de Dan Archer au Parc des Bastions (photos JPG)
Genève a annulé toutes ses festivités de Nouvel An : pas de musique ou de feu sur la rade (même pas de jet d’eau éclairé). Il ne restait que les aurores boréales au Parc des Bastions.
Je n’ai jamais eu la chance de voir une vraie aurore boréale, difficile de dire si le rendu était réaliste. Le principe est de vaporiser beaucoup de vapeur d’eau dans l’air pour créer un brouillard et ensuite d’éclairer ce brouillard sur une musique planante.
Les branches basses des arbres passent sous le brouillard, un peu comme des racines qui pendraient au-dessus de nous. C’était magique et reposant.
dSimon de Tamara Leites et Simon Senn au Théâtre de Vidy, Lausanne
J’ai été invité à voir cette pièce pour participer ensuite à un « Bord de scène », c’est-à-dire une discussion avec le public et les auteurs.
Tammara Leites a un master en Media design. Elle a nourri une Intelligence artificielle avec toutes les traces écrites de l’artiste Simon Senn : ses textes, ses mails, ses textos, bref, toutes ses productions numériques. L’IA en question, c’est GPT, de Open AI, le jouet de Elon Musk et Sam Altman. GPT est un générateur de textes qui détermine des suites logiques à partir d’une phrase de départ, sur la base de données d’entrainement. En somme, GPT entrainé avec les textes de Simon Senn devient un nouvel auteur : digital Simon qui a proposé qu’on l’appelle tout simplement dSimon.
GPT est spécialement optimisé pour générer des textes « à ma manière de… ». Simon Senn, lisant les textes de dSimon est pris d’un sentiment étrange : il aurait tout à fait pu les écrire. Parfois, il les trouve même mieux écrits qu’il n’aurait pu les écrire lui-même.
Mais à la fin de cette performance, on ressort avec l’impression d’avoir vu 1h30 de masturbation numérique, de mise en scène autocentrée par Simon Senn, combiné à une réflexion sur l’art numérique par Tamara Leites. Si cette performance est bien plus accessible que celle de l’AIIA festival précédemment Kroniqué par Leirnette, elle est aussi plus banale, moins folle. Des textes plausibles rédigés par une IA… sont juste des textes plausibles. On a un peu l’impression de voir une démo technique. Quand on connait un peu l’IA, on peut saluer la prouesse de la génération automatique de textes plausible, mais elle est à porter au crédit d’Open AI, mais pas à une performance artistique de Simon Senn ou de Tamara Leites.
Qui a peur de Virginia Wolf d’Edouard Albee, mise en scène Anne Bisang
C’est une pièce qui se passe dans les années 60, dans un milieu d’universitaires. On est dans une minuscule et obscure université, pas de celles qui abritent des professeurs renommés. Georges est un professeur d’histoire grisonnant et Marta, son épouse est la fille du Président de l’Université. Tous deux forment un couple qui pourrait être enviable et qui l’a sans doute été, quand Georges avait encore un avenir et quand Marta était sobre. Vingt ans plus tard, ils se détestent et se nuisent sans pouvoir se quitter. Alors, pour se distraire, ils torturent d’autres jeunes couples. Ce soir-là, ce sera Nick et Honey. Nick est un jeune professeur de biologie, tout juste nommé, ambitieux et arriviste, probablement tel que pouvait l’être Georges. Honey, sa femme, est naïve, un peu sotte parce que jamais sortie de sa campagne, avec des rêves simples.
Qui a peur de Virginia Woolf est une pièce cruelle sur une Amérique sclérosée par des conventions qui broient les individus. Georges voulait réussir, il a épousé la fille du Président de l’Université. Marta voulait tout faire pour plaire à son père et s’est mise à la recherche du gendre parfait. Mais Georges a déçu son beau-père. Marta n’a jamais été jugée à la hauteur et rien ne s’est bien passé, alors qu’ils avaient fait tout juste. Ils sont alors devenus experts en mesquineries, et autodestruction, sans être capable d’arrêter ce couple qui les détruit ou de changer. Nick et Honey s’apprêtent à suivre le même chemin.
On peut se demander pourquoi la pièce s’appelle « Qui a peur de Virginia Woolf ? » C’est un jeu de mots avec « Qui a peur du Grand méchant loup », chanson reprise plusieurs fois par Georges… En effet, les deux couples sortent d’une pièce qui se moquait abondamment Virginia Woolf. En réalité, Georges et Marta ont tout intérêt à avoir peur d’une Virginia Woolf qui remet en question les convenances de sa société américaine et fait de Marta et Georges des figures obsolètes.
Trobadour tour de Francis Cabrel
Après des tas de concerts annulés, les choses reprennent un peu. Premier concert de cette reprise : Cabrel.
C’est curieux d’aller voir sur scène quelqu’un qu’on écoute depuis qu’on a 18 ans. D’entendre en live des chansons toujours entendues.
Pas assidûment, je n’ai jamais acheté d’album de Cabrel, je n’avais jamais écouté d’album entier. Pourtant, comme un peu tout le monde de mon âge, je connais beaucoup de chansons de lui. En plus, Cabrel, c’est l’exemple du gars sympa, pas tapageur, pas adepte des scandales et qui poursuit sa route de chanteur tranquillement.
Dans Trobadour Tour, il est comme on peut s’attendre. Il se moque de son incapacité à fne pas être un peu figé sur scène, il chante bien, il sourit, il est respectueux de son public et de ses musiciens, il est comme on s’attend qu’il soit. Il fait toujours d’aussi jolis textes et c’est vraiment bien.
Thomas Wiesel à la Bourse du travail de Lyon
Thomas Wiesel est un humoriste romand plutôt doué. Il fait partie de cette bande d’humoristes suisse avec Marina Rollman, Blaise Bersinger, Vincent Veillon, Vincent Kucholl et autres, échappés de la RTS et/ou du Jamel Comédie Club et faisant son chemin. Pendant la fermeture due au Covid, il a commenté les annonces du Conseil fédéral de son canapé, puisqu’il ne pouvait plus faire son travail… C’était le « bon » moment des annonces du Conseil fédéral, l’événement de l’événement : aller voir les commentaires de Thomas Wiesel, pour se marrer un peu de la situation pas drôle. Il l’a aussi fait pour les annonces du gouvernement français.
Finalement, les spectacles ont enfin repris et il est remonté sur scène avec son nouveau spectacle : « Ça va ». C’est un peu un comble d’aller voir un humoriste vaudois à Lyon. Surtout qu’au début de son spectacle, il y a toujours une demi-heure de discussion avec le public et de commentaires de la politique locale. S’il n’a évidemment pas pu commenter le trou de Tolochenaz (qui a mis la zizanie dans les trains entre Genève et Lausanne cet hiver), il s’était renseigné sur les affaires lyonnaises. Pour le reste, il raconte sa vie de gamin surdoué devenu un trentenaire un peu décalé, pas très à l’aise, mais tout de même plutôt gentil. Sa vie d’humoriste faisant des animations d’entreprise, pas zoom… C’est très drôle, aller voir Thomas Wiesel.