Ces derniers temps, j’ai pas mal délaissé le blog ou alors j’y ai juste mis des trucs sérieux. Mais là, je viens de vivre un séjour au Québec un peu original alors j’en fais un petit récit.
Ma mission, c’était d’aller dans le Saguenay, au nord de Montréal (précisément à Chicoutimi) pour former des enseignant-es de CÉGEP (pour aller vite : le premier cycle universitaire qui se fait hors université).
À cause de la grève de la fonction publique qui a duré un bon mois, mon voyage a été repoussé plusieurs fois (le Karma me direz vous ?) et je suis finalement partie en janvier.
Quand on part en janvier, on a bien conscience de partir en hiver. Vous reviennent alors toutes les histoires affreuses qu’on raconte aux gens venus d’Europe pour leur faire peur. J’ai fait ma valise, l’œil collé à la météo. Nous allions passer sous -20. Parfait, ça met un peu la pression.
L’arrivée met assez vite dans le bain (glacé). L’avion est retardé au départ de Montréal, car il faut le dégivrer. Il y a tout un tas d’engins pour jouer avec la neige et le gel. Le canon antigel pour dégivrer l’avion est plutôt sympa. En revanche, ça demande d’être plutôt bien équipé pour le manier.
Après Montréal, on survole un grand centre de ski. Le Québec n’est pas spécialement au top, côté transition énergétique. On jette encore pas mal de plastique, notamment avec la nourriture à emporter. Là, on a des pistes désertes remplies au canon à neige et illuminées comme en plein jour. Certes, il est 17h, c’est tôt pour la nuit, mais un vendredi soir, visiblement personne ne skie.
Le drame, c’est quand même qu’il y a eu un Noël vert, c’est-à-dire sans neige. On me le répètera sans arrêt. Concrètement, c’est plutôt un Noël marron et bouillasseux. Je comprends que la neige manque : avec des jours aussi sombres et une météo aussi austère, un sol blanc, ça change tout.
Premier contact avec le froid à Québec. La température ressentie est la seule dont il est intéressant de parler. Quand les locaux hésitent à aller se promener, il faut prendre les choses au sérieux. -18. Le cerclage métallique de mes lunettes devient douloureux tellement il est froid. Et ça gèle le cerveau quand on respire. Par ailleurs, c’est une légende européenne de dire que les routes sont noires et que les trottoirs sont dégagés. Oui, c’est dégagé : les pelles à neige, les chasse-neiges, les fraises, des quads qui projettent la neige et tout autre machin qui déneige sont incessants. Mais seules les grandes routes sont noires. Pour le reste, les gens savent marcher et savent rouler dans la neige. Mais pour l’instant moi pas. Comme je sais que quand je tombe, je ne rebondis pas, je marche avec précaution.
Lundi, arrivée au Saguenay : c’est plus au nord, mais nettement plus sec : le St Laurent est loin. Il fera volontiers de -12 à -18 sur le thermomètre, mais c’est moins pénible qu’à Québec. Par contre, qu’est-ce que c’est sec. J’aurai du venir avec 5 l. de crème hydratante.
Comme on n’a pas des métiers faciles, j’ai pris un hôtel avec « parc aquatique » : piscine, bains à bulles, hammam, et zone de jeux aquatiques pour enfants de moins de 5 pieds (1,53 m). Ça s’est joué à 2 cm. Zut.
Comme au Québec, tout le monde parle à tout le monde, je me retrouve à discuter dans un bain à bulle avec un ancien joueur et entraineur de hockey qui a joué à Fribourg une dizaine d’années et qui a une terrible nostalgie de la Suisse, qu’il connait très bien.
A Rome, fais comme les Romains. Je pose mes chaussures de neige à l’entrée pour marcher léger. C’est le centre COlab (innovation pédagogique) qui m’invite et je passe la journée avec l’équipe : formation, podcast, travaux sur des projets, je passe une super journée avec une super équipe.
Ils sont accolés à un Collège dont ils sont une émanation et mènent des tas de projets numériques sympas, dont un ensemble de projets « filles en science » avec l’idée aussi de retenir les gens en région, et d’atteindre les populations autochtones. Comme ils sont cool, ils me laissent faire la maligne dans leur dôme de captation volumétrique.
Très beau dispositif monté en partenariat avec Sony au Japon, mais qui peine à trouver un public et des usages au Saguenay.
Le lendemain, on annonce une tempête terrible, voire une tempête du siècle. Il s’avère que quand quelque chose se produit à Montréal, c’est comme quand quelque chose se produit à Paris : les médias annoncent que toute la France est touchée. Là c’est pareil : on ne se prendra que la queue de la dépression.
De fait, la tempête n’est pas nulle, les écoles sont fermées au Lac-Saint-Jean et certaines routes sont coupées. Le matin, je parle à Radio-Canada… mais il y a une panne généralisée. Je parle en direct, mais on n’est pas « en onde », donc le direct ne sera que sur internet, et retransmis ensuite. Mais on n’a pas du tout eu les 40 cm de neige annoncés. Néanmoins, je me retrouve à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) à faire une formation à distance au CÉGEP du Lac-Saint-Jean… un peu dommage d’avoir traversé l’atlantique pour ça, mais heureusement les 3 autres interventions seront bien en présentiel.
Mais bon, l’hiver est enfin là pour de vrai. Pour repartir en voiture, il faut balayer la neige qui s’est accumulée pendant 3 heures.
Pour quitter le parking, la voiture tremble tout ce qu’elle peut : la neige accumulée sur les roues tape dans la carrosserie en se faisant éjecter. En tout cas, ça ne perturbe en rien ma conductrice : cette neige, c’est du tout venant.
Vendredi midi… ben on a quand même bossé dur. On part manger à Chicoutimi avec le Recteur de l’UQAC et d’autres responsables de programme. Le Saguenay, ce n’est pas le paradis des végétariens. Heureusement que je mange du poisson. J’ai plusieurs fois pratiqué le Fish & chips de refuge. Sachant qu’un midi, même la soupe du jour était à la viande dans mon hôtel.
Ce n’était pas la première fois que je venais à Chicoutimi. Grâce au colloque de l’ACFAS, je visite le Québec. Et j’ai un excellent souvenir de celui de Chicoutimi en 2018, extrêmement bien organisé. Ce qui était drôle, c’est que je suis retournée dans 2 endroits où j’étais déjà allée à l’époque : Le café Cambio (un café solidaire où on peut manger végétarien !) et la Voie Maltée, une sympathique microbrasserie. Curieusement, dans les 2 cas, il y a peu de monde, bien moins qu’en mai 2018. Est-ce que c’est parce qu’il fait -18 ?
Dernière soirée à l’hôtel : 4 équipes de hockey junior (des préados, essentiellement des garçons) ont débarqué à l’hôtel, parfois en famille, parfois avec leurs animateurs et animatrices. Évidemment, c’est plutôt nuisible dans l’espace aquatique. Mais qu’importe, je pars le lendemain. Le lendemain ? Vraiment ?
À suivre…