En février dernier, je suis allée au MUCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille. Un musée récent, puisqu’il date de 2013, et un musée célèbre, parmi des personnes qui travaillent dans l’interculturel, les migrations, etc. On m’en a beaucoup parlé
Le WE dernier, je suis enfin allée au Musée d’ethnographie de Genève. Ce musée fête ses 10 ans. A Genève, il est plutôt connu ici, mais en termes de notoriété, rien à voir avec le MUCEM. Eh bien, vous savez quoi ? Le MUCEM m’a déçue… et je le suis encore plus depuis que j’ai vu le MEG.
Je vous emmène.
Evidemment, le MUCEM a une situation impeccable, face à la Méditerranée et aux Iles du Frioul. C’est un grand musée, construit autour d’un ancien fort sur une bande de terre qui avance le long de la sortie du port. Le plus intéressant, finalement, du moins, ce que j’ai le plus aimé, c’est l’architecture, autant le vieux fort que le musée moderne (les photos sont de Leirnette).
Mais a priori, on vient au Mucem pour ses collections. Une grande exposition appelée « Populaire ? » mélange objets d’art et objets d’artisanat, objet religieux et objet du quotidien.
C’est une idée sympathique, y compris parce que ça fait fourre-tout. C’est agréable de croiser des objets triviaux qui deviennent précieux une fois exposés dans le musée.
L’exposition est très grande : le MUCEM a voulu présenter l’étendue de ses collections. Toutefois, pour un jeune musée, tout cela est très classique, comme scénographie.
Et puis, c’est le musée d’Europe et de la Méditerranée, un musée de mélange des cultures. Il est difficile de passer sous silence que le sud de la Méditerranée a été colonisé par le nord de la Méditerranée. Le MUCEM y arrive pourtant très bien. On peut se demander aussi comme les objets sont arrivés dans ce musée… ou dans quel contexte ils ont été produits. Ce genre de réflexion, c’est aussi ce qu’on attend aussi d’un musée moderne. Or, à part un panneau sur le regard colonial à l’entrée (comme ça, on a bonne conscience), le sujet n’est pas traité. C’est juste une suite d’objets, avec des cartouches explicatifs.
Mais à quoi sert alors le MUCEM ?
Le MEG est évidemment plus modeste et le bâtiment, joli à l’intérieur, à une architecture qui ne me plait pas tellement. Il dit présenter les archives de la diversité humaine. Là déjà, j’aime le projet.
La quantité d’objets exposés s’étend sur un espace bien plus modeste. Même s’il y en a beaucoup, ils ont un « habillage » qui permet de s’y intéresser.
La première salle insère les objets dans une histoire sociale et même une histoire de rapports sociaux. La présence de Genève sur la scène diplomatique à fait que des cadeaux « typiques » ont été remis aux émissaires et diplomates, symbolisant la culture ou le folklore du pays. Ces mêmes diplomates était aussi de riches collectionneurs. Les vitrines vont alors juxtaposer des ceintures ou des coiffes d’apparat venant de Turgovie ou du Tessin, ou d’Asie ou d’Afrique, parce qu’au-dela de leur provenance, ces objets ont un même role.
Des panneaux expliquent également comment l’ethnographie s’est construite à Genève autour des objets « recueillis »… Et puisqu’il s’agit aussi de se demander comme le recueil se fait. Le Musée parle de restitution ou au minimum de demander la permission d’exposer des objets qui ont été acquis dans des contextes de domination (soit les colons ont fait des cadeaux à la Suisse, soit les riches Genevois ont acheté sur les marchés peu scrupuleux).
Ainsi, le MEG a déjà restitué des objets sacrés des populations autochtones du Canada et États-Unis. Une partie est exposée avec leur autorisation et une partie est restituée. Dans ce cas, les images des objets sont enlevées du site ainsi que des cartes postales et dépliants les représentant. Et voilà ce que j’espère voire dans un musée moderne.
Une deuxième partie du musée est plus classique, avec des pièces étonnantes.
Voici des carte marines d’apprentissage. Elles proviennent des Îles Marshall au début du XXe siècle. Elle permette de mémoriser les atolls, les courants et les vents (pour chaque objet, on sait comment il a été obtenu : ici, un don du Roi Kabua)
Ceci sont des oeuvres créés avec des « ghost nest » : des filets qui errent au large de l’Australie, qui se sont détachés des bateaux et continuent à piéger des animaux. un association les ramassent et représente avec les animaux en danger.
A cela, s’ajoute une collection d’instruments de musique de tous types et de tous les pays dont on peut écouter les sons pour faire de l’ethnomusicologie.
Bref, venez voir le MEG, il est en plus gratuit en 2024 pour son anniversaire.