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7 ans au Tibet avec (le beau) Brad Pitt de JJ Anaud
On a accusé ce film d’être gentillement faschisant. Franchement, je ne vois pas pourquoi.
Certes, le héros est nazillon soft au début. C’est un bel autrichien, arien propre qui va escalader une montagne du Tibet à la gloire du Reich.
Manque de bol, la guerre éclate en cours d’ascension et il est fait prisonnier avec son expédition par les anglais.
Hé bien, notre héros nazillon est detestable. Fier de lui, puant, égoiste, on ne peut pas dire que JJ Anaud fasse l’apologie de l’arien grand beau intelligent. Des baffes, qu’on y mettrait, à Brad Pitt.
Finalement, il s’évade avec le chef de l’expédition. Contraint et forcé, il s’allie à lui pour avoir une chance de traverser le Tibet en vie. A force, les montagnes l’humanise. C’est un homme plus humble et presque sympa qui arrive à Lhassa et qui va rencontrer le Dalaï lama.
Le film s’arrête au moment de l’invasion du Tibet en Chine. Et la morale est claire : les Tibetains sont des gentils qui veulent la paix et les chinois sont des mechants, rustres, violent et aussi dépourvu de poésie et de spiritualité qu’un pot de chambre.
Meme si c’est démontré avec une subtilité de panzer, il reste qu’objectivement, les tibetains n’avaient envie de tuer personne et les chinois, eux, en ont tué 1 sur 5.

eXistenZ de David Cronenberg
Une programmeuse de jeu vidéo a crée le meilleur jeu de réalité virtuel jamais réalisé : eXistenZ. Pour cela, elle est poursuivie par des tueurs fanatiques. Pour s’en sortir avec son garde du corps stagiaire et maladroit, ils vont avoir besoin de jouer à eXistenZ.
Quand je l’ai vu au cinéma, ce film m’a fait beaucoup d’effet. Le premier film biopunk, parce que les gadgets sont biologiques. La console de jeu ressemble à un poulpe mou avec un cable de type cordon ombilicale. Les armes sont faites en squellette de poissons et tire des dents humaines.
Tout cela est parfaitement répugnant et efficace. En outre, le film tourne autour d’un grand nombre de métaphores sexuelles, autour de cette connexion par bioport, tout aussi répugnantes mais efficaces aussi. Très Cronenberg.
Ce film était novateur en bien des points : un des premiers à faire de la réalité virtuelle bien traitée (il me semble), du bio répugnant à la Cronenberg pour changer du cyberpunk propret et puis, quelques grand moment, comme la pose d’un bioport dans une station service par un mécano graisseux.
A la deuxième visualisation, on perd l’effet de surprise et c’est moins accrocheur.

Agnès Browne de et avec Angelica Houston
Agnès est veuve, en Irlande, en 1967, avec 7 enfants.
Son mari meurt dans un accident de voiture. Obligée d’emprunter à des malfrats pour payer l’enterrement, Agnès est au début de ses soucis d’argent.
Là comme ça, le thème peut paraitre larmoyant au possible. Mais l’Irlande dépeinte par Angelica Houston est pauvre mais drôle et pleine de vie. La conversation entre Agnès et sa copine Marion pour savoir si, oui ou non, elles ont déjà eu un « organisme » en faisant l’amour vaut le détour. Agnès n’y croit pas, aux organismes, en 7 enfants, elle s’en serait bien rendu compte, si ca existait !
Bref, c’est un film triste et gai, avec de bons dialogues et de bonnes actrices. Ca se regarde bien.
C’est un film pour rêveur car tout finit bien, car la vie prête aux rêveuses, dans ce film. Personne ne croit à la fin, surtout pas la réalisatrice, mais c’est ce qui permet de dire que personne n’est dupe de la happy end.

L’homme est une femme comme les autres avec Alain de Caunes.
On a beaucoup dit que c’était le seul film réussi qu’il avait fait, donc, j’ai voulu voir.
C’est l’histoire d’un type qui est juif et homo. Comme il est le dernier à porter le nom de sa famille, sa famille veut absolument qu’il se marie et qu’il ait un fils. Sa mère lui dégotte une brave fille, bien religieuse, bien naïve et pure pour faire l’affaire (Elsa Zyberstein, il aurait pu tomber plus mal !). Et bien sur, il la fascine. Alors, comme son oncle lui a promis un paquet de fric s’il a un fils, il la drague.
C’est parfois drôle. Si vous trouvez Alain de Caunes mignon, c’est mieux, car il est souvent torse nu.
Le côté juif est un peu kitsch (la famille de la fille, juifs hassidiques de New York qui donne leur bénédiction à la fille pour épouser un juif pas religieux, c’est un mythe.) Bref, ca se laisse regarder, c’est pas trop convenu, plutot réussi, peut être pas assez drôle.
Bref, c’est pas mal; sans plus.

Le premier sexe d’André Rauch
Ce livre retrace la construction de l’identité masculine et de la virilité au cours de l’histoire, depuis la révolution jusqu’à la première guerre mondiale.
On découvre comment la toute puissance parternelle a été décapité légalement et symboliquement en meme temps que Louis XVI.
Comment « le prestige de l’uniforme » ne remonte qu’à Napoléon. Avant, il y avait meme une certaine fierté dans la desertion. Porter l’uniforme et faire la guerre concernait tellement peu de monde que cela ne faisait pas partie des images de la virilité.
Ensuite, on constate que la ségregation Hommes / femmes et la mysogynie s’est agravé au XVIII et XIXe par rapport à la situation d’avant. Les femmes se sont retrouvées encore plus controlées, encore plus tenues à un role strict, au moment justement où la toute puissance paternelle diminuait (passant après la puissance de l’état et de la loi). A mesure que la démonstration de ce qui est virile ne passe plus par la brutalité, la force ou la guerre, mais pas des enjeux plus subtiles, de réussite sociale, de prestiges des loisirs, la fierté masculine et le pouvoir sont aussi plus subtils à négocier. Il s’en suit une obligation pour les femmes à surtout ne pas faillir dans leur rôle de soutien et de vitrine.
Ce livre montre à quel point la place de l’homme viril et honorable est fragile et difficile a tenir, demandant de réaliser la quadrature du cerle : pas d’émotion visible, tout endurer, réussir en tout, dominer sa femme et sa famille, avoir une femme mondaine et respectueuse, se cultiver sans paraitre frivole, avoir des loisirs sans être oisif.
On regrettera que ce livre s’arrete avec la deuxième guerre car je suis convaincue que la construction de l’identité masculine de nos jours n’est pas une mince affaire non plus.
Par ailleurs, la conclusion se contente de résumer le livre. C’est la conclusion la plus nulle que j’ai jamais lu.
Ces réserve mise à part, c’est un livre interessant.

La huitième couleur de terry Pratchett
Enfin, je me mets au disque-monde. Je sais, c’est pas dommage et tout le monde l’a lu.
Peu importe, je me fends bien la gueule.
Pour ceux qui ne connaissent pas, Pratchett écrit de la fantasy fantaisiste.
Ce livre là raconte l’histoire du premier touriste de l’heroic fantasy, secondé par un magicien nul. Notez, le monde aussi manque de sérieux : un disque porté par 4 éléphants montés sur le dos d’une tortue (mais une tortue mâle ou femelle ? Grande question métaphysique) Outre le fait que c’est rigolo, la comme ca, en plus, Pratchett règle son compte aux grands cycles de fantasy « sérieuses ». On y trouve une épée noire runique, animé d’une vie propre, avide de combat et bavarde comme une pie (Stormbringer), un grand barbare appelé Bravd et son accolyte, un peu magicien, appelé La fouine à cause de sa taille (Fafrd et le souricier gris du cycle des épées). Leur ville, Ankh, ressemble d’ailleurs beaucoup à Lankmar. Et la cerise sur le gateau, c’est Liessa et ses Dragons. Terrible.
Ann Mc Cafrrey qui ne voulait pas d’anti-paladins dans Pern a de quoi faire des bonds. Je n’ai pas reconnu significativement des emprunts à Edding, mais c’est peut etre parce que je n’ai pas depassé le 1er tome 😉 Bref, je vais continuer à lire, j’en ai déjà commandé 4 ou 5…

Flamingo de LARRY BAKER
D’abord, je vous préviens, je suis sensible à la mythologie américaine des années 50-70, genre Philipe Labro (L’étudiant étranger), Djian (Lent dehors) ou encore (mais version grande qualité, cette fois) Romain Gary avec Chien Blanc.
Je suis consciente (sauf pour le dernier peut etre) qu’il y a une part de rê ve vendu avec, mais tant pis, j’assume.
Flamingo raconte l’histoire du famille très aisée de Floride qui possède le plus grand Drive-in des Etats-Unis entre les années 1955 et 1968.
Ce qui fait que ce n’est pas tout a fait une famille comme les autres (outre le drive-in), c’est que les 2 enfants sont coréens. Ils ont été adoptés tout bébés.
Et ils forment une drole de famille, d’ailleurs, dans ce drive-in, les parents, (le père, un peu frappé), les employés… Bref, c’est une chronique nostalgique d’enfance et d’adolescence, écrite dans un style très agréable, qui donne envie d’y être (en tout cas moi), de connaitre la suite.
C’est un livre que j’ai pris un peu par hasard dans une gare, mais c’était un bon choix. Je le conseille.
(Sur Alapage, le commentaire raconte la totalié du live en 15 lignes. C’est vraiment très con).

Le samourai virtuel de Neal Stephenson
J’adore Stephenson, ca y est.
Ce type nous écrit la mythologie du hacker, c’est merveilleux.
Par moment, ca me redonne envie de programmer. Sans dec’.
C’est un roman de Cyberpunk.
Hiro Protagoniste est un hacker de grande classe. Paumé dans la vie, Prince dans le Cyberspace.
Y.T. est une Kourrière, c’est à dire qu’à 15 ans, sur une planche de skate montée sur intelliroues, elle sillonne les banlises de Los Angeles, se collant magnétiquement aux voitures qui foncent (et souvent essait de se débarasser d’elle) pour livrer des plis urgents, pour la mafia ou n’importe quelles autres multinationnales. Dans cette amérique a la dérive, la population s’est regroupé en banlises franchisées, c’est à dire des banlieues qui sont devenus des territoires souverains auxquels on paye une « redevance » pour habiter avec ses semblables.
Hiro et Y.T vont se rencontrer fortuitement sur une affaire de drogue, mais une drogue spéciale, qui attaque le cerveau des Hackers directement. C’est quelque chose de puissant qui a avoir avec la tour de Babel, la civilisation mésopotanienne et les fanatiques religieux, type pencotistes, qui parlent en langue.
C’est très bien foutu, comme roman, c’est plein d’idées excellentes, aussi bien au niveau du scénario que des détails du monde. C’est aussi très bien traduit, surtout que c’est bourré de néologismes, mais le traducteur a vraiment fait du bon boulot.
Bref, si vous aimez le cyberpunk et que vous êtes sensible à la mythologie du Hacker, c’est un « must have » !

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« Can god play a significant game with his own creature ? Can any creator, even a limited one, play a significant game with his own creature ? »
Norbert Wienner, Golem an God Inc, 1964

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