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Parler d’amour au bord du gouffre de Boris Cyrulnik

In the mood for love de Wong Kar-Wai avec Tony Leung Chiu-wai et Maggie Cheung Man-yuk

93, rue Lauriston avec Michel Blanc


Parler d’amour au bord du gouffre de Boris Cyrulnik

On continue la série sur la résilience. Les enfants ont grandi, ils deviennent ado, rencontrent le premier amour puis forment un couple.

Le premier amour est une seconde chance, il permet d’apprendre une autre façon d’aimer, un autre style affectif pour les enfants qui ont appris des modes relationnels évitant, ambivalent ou confus.

Il y a là un chapitre très intéressant sur la manière dont les styles affectifs se conjuguent, comment deux personnes peuvent se « soigner » mutuellement, ou encore comment quelqu’un peut apprendre auprès d’un compagnon ou compagne, à acquérir un attachement sécure. Et aussi comment des couples, apparemment très stables, restent malheureux.

Par la suite, ces ados résilients ont des enfants et ces enfants doivent alors grandir avec un parent qui possède un côté sombre. Parfois, l’histoire se transmet involontairement et inconsciemment. et les enfants souffrent d’un traumatisme qu’ils ne connaissent parfois même pas : ils savent qu’on ne doit pas aborder certains points, ils savent que leur père ou leur mère a vécu quelque chose d’affreux dont on ne doit pas parler.

Ces parents blessés veulent parfois tout faire, trop en faire, pour leur enfant, justement pour qu’ils ne souffrent pas et ils transforment leur enfant en nourrisson géant. Certains parents deviennent alors des parents battus, par des adolescents pourtant si charmants, à l’extérieur, plutôt conventionnels et timorés, d’ailleurs mais tyranniques chez eux. Et parfois, un jour, ces ado comprennent en découvrant l’histoire parentale.

En soi, je veux dire : pris tout seul, ce livre est intéressant. Quand on connaît bien les ouvrages de Cyrulnik, on se dit qu’un bon article aurait suffit.

Beaucoup de remplissage, ou disons, de choses déjà dites dans les ouvrages précédents.

Si vous vous intéressez à ce que deviennent des enfants blessés au moment où ils commencent une vie amoureuse comment ils conjuguent leur style affectif particulier, leur histoire personnel et une vie en couple, et que vous n’avez rien lu d’autre de Boris Cyrulnik, ce livre est parfait, simple à lire, instructif.

Les réserves que je pouvais avoir par rapport à la résilience sont bien atténuées dans ce livre là, en particulier parce que le concept part moins dans tous les sens et qu’on n’applique plus le terme résilience à n’importe quelle réussite.

De même, L’identification du traumatisme n’est plus une condition nécessaire pour parler de résilience. Il parle d’ados qui ont des conduites anti-résilientes, alors qu’apparemment, il n’y a pas eu de traumatisme visible : un long travail de sape de l’estime de soi peut conduire à des conduites anti-résilientes, même si l’ado ou l’adulte, en se retournant sur son passé, aura tendance à dire : mais de quoi je me plains, pourtant, il ne m’est rien arrivé de tragique.


In the mood for love de Wong Kar-Wai avec Tony Leung Chiu-wai et Maggie Cheung Man-yuk

Hong Kong, 1962. M. et Mme Chow emménagent dans leur nouvel appartement le même jour que leurs voisins, M. et Mme Chan.

M. Chan est toujours en voyage. Mme Chow aussi. Alors, les 2 époux solitaires, restés à Hong-Kong commencent à se fréquenter, à s’apprécier… et peut être même à se sentir d’humeur à aimer… s’il n’y avait la retenue de Mme Chan et la surveillance bienveillante mais toujours insistante de leur voisine et propriétaire.

C’est un film de cinéaste maniaque. Pas un plan net et commun : on voit les gens de dos, à travers une fenêtre, coupés par un cadre, coincé dans un couloir, à en étouffer au point de me faire me sentir vaguement claustrophobe.

Ce film est tourné avec la même raideur, la même précision millimétrique que celle qui habite Mme Chan. Lent, pesant, mesuré, leur histoire sentimentale se déroule et se rate pour cause de non-dit. Je ne dirais pas que j’ai trouvé ce film passionnant. Mais il est intriguant, par la façon dont il est filmé plus que par son histoire. Les 2 comédiens sont remarquables.

93, rue Lauriston avec Michel Blanc

Canal + se lance dans la réalisation de films de fiction historique, qui veut « proposer un regard d’auteur sur une période sombre de notre passé récent ».

Avec ce premier numéro, c’est en tout cas une réussite.

Sous l’Occupation, les autorités allemandes se sont appuyées sur des truands français pour leur travail de basse police. Munis d’une carte de la police allemande, c’était une mafia intouchable qui rendaient des services au tout-paris, torturaient des résistants, des communistes et des juifs, faisaient main basse sur les biens juifs avec bonne conscience : toujours ça qui n’ira pas dans la poche des Allemands.

L’histoire débute avec l’inspecteur Blot (Michel Blanc) qui procède à l’arrestation en 1944 du chef de ce qu’on a appelé la Gestapo française et de son adjoint. Puis, il poursuit l’enquête parmi ses sbires et anciens acolytes afin d’arrêter les plus mouillés. Nous suivons avec lui cette reconstitution qui constitue un vrai bal de pourris, truands, flics verreux, collabos, industriels magouilleurs, tous aux ordres du Patron, un espèce d’Al Capone français qui porte l’uniforme allemand parce que c’est pratique et touche à tout, prostitution, marché noir, recèle, dénonciation et le reste, avec la haute bénédiction allemande.

Une (semi)fiction bien faite, avec Michel Blanc vraiment parfait dans son rôle et des seconds rôles tous très bien servis.

Je me demande ce que vont donner les autres épisodes… Canal+ prépare des fictions sur la manifestation du « 17 octobre 1961 », sur le SAC et l’affaire du « Rainbow Warrior ». Ca promet.

Sachant que je ne les verrais peut-être pas, j’ai annulé mon abonnement à Canal +.

En effet, quand j’ai vu combien ils avaient versé pour la retransmission du foot, de tout le foot, j’ai calculé que je payais en gros 130 euro (soi environ un tiers de mon abonnement annuel) pour des émissions que je ne regardais pas.

Plus de foot, moins de films récents, plus de vieux films ? Au revoir Canal +.

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