kro invitée

Un ami m’a proposé une Kro d’une pièce dont je lui avais fourni des places :
« Le Ministère de l’Interieur » au théatre Le Guichet Montparnasse , 15 rue (et pas avenue) du Maine, 14e du 12 janvier au 12 mars à 20h30 du mercredi au samedi (duree environ 1h30) (Appeler avant pour réserver imperativement 01.43.27.88.61)

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Ca fait un moment que je ne suis pas allé au théatre. Alors quand on m’a proposé d’y aller, en plus gratuitement, j’ai dit oui. Bon après j’ai quand même été méfiant, j’ai demandé ce que c’était. « Une pièce feministe ». Bon me voilà pas trop avancé. (Ah bon, ca existe une pièce féministe ?) Bizarrement, j’en ai pas demandé plus. Soit j’ai voulu me garder la surprise, soit j’ai voulu éviter d’en savoir trop pour renoncer. Je le dis tout de suite, j’aurais eu bien tort !
Deuxieme surprise, c’est tout petit ce theatre !! Ben oui c’est un théatre de poche. On comprend son nom en arrivant : l’entree est… euh comme une petite entrée d’immeuble parisien. Ca fait bizarre : pour moi le theatre c’est grand, avec des colonnes ou au moins un foyer immense et lumineux. La non, y’a un guichet à droite et la porte en face. Et le foyer ben… tu attends dans la rue.
L’accueil est très sympa, et on est deja au moins dix a attendre dehors (ouf, ca peut pas être mauvais) Dedans c’est aussi grand que dehors… (c’est un theatre ca ???) cinq rang de bancs (bien confortable, juste ce qu’il faut pour pas non plus se vautrer et dormir) et direct une piece qui fait la scene. ca fait bizarre (encore) de se trouver aussi pres de la scene… On est aventureux mais pas téméraires, on se met au troiseme rang… d’ailleurs personne se mettra au premier rang. Et là, nouvelle angoisse, le bout du rang c’est… le mur. Bon pas de chemin de retour, on pourra pas sortir si c nul. gloups.

Le début de la pièce, qui met plutot mal à l’aise (et lève le voile sur l’affiche de la piece, une culotte rose) mais que je ne devoilerai pas pour ne pas vous gacher le spectacle, ne calme pas cette angoisse. Une actrice, toute seule, dans un puit de lumiere…

Le theme de la pièce, c’est la difference des sexes, a l’age ou celle-ci commence a se noter et à poser question(s). En l’occurence notre heroine nous raconte son parcours, drole, tendre, cocasse mais dur aussi, dans sa relation avec « l’ennemi » (l’homme) (mais cela s’explique) depuis la fin de l’enfance, jusqu’au milieu de l’adolescence. Le texte est très vif, on ne s’ennuie pas une minute. Pour les hommes un minimum de recul et d’autodérision est necessaire, mais c’est surtout certains d’entre nous qui sont attaqués, à juste titre. Au delà de la charge, c’est bien evidemment la difficulté du rapport à l’autre qui est amené, mais aussi de celui à soi même, lorsque le corps change, et de la difficulté à se sentir différent. (mention speciale à la scène ou l’actrice se met en « dehors d’elle meme » et decrit son corps comme si elle en était spectatrice). Le style est assez direct, comme une discussion entre amis (renforcé par la proximité avec l’actrice, à peine à quelques mètres de vous), avec des mots « cru » (je considère que c’est plutot appeler un chat un chat mais bon) pour decrire la vie. -comprenez : n’invitez pas votre grand mere, et n’amenez pas les enfants- (vous apprendrez comment s’entrainer à la masturbation avec votre paupière notamment, ou avec un eclair au café -et ce n’est pas ce à quoi vous pensez- à ne pas manquer !). On prète en fait des reflexions d’adulte ou d’adulte en devenir à un jeu scenique d’enfant, ce qui est assez troublant.

Mais ca fonctionne très bien, on est vite pris par le propos, et j’ai beaucoup ri. Rien que pour le talent et la performance de l’actrice, il faut y aller !
vraiment ! d’ailleurs elle a, dans la piece, une meilleure copine qui s’appelle isabelle, donc ca peut être que bien !! Au final, on oscille en permanence entre situations hilarantes et reflexions profondes et graves sur ce qui nous definit en soi et par rapport à l’autre à un age ou les reperes changent. Ca n’est jamais vulgaire ou grossierement comique, ni pesant et ennuyeux, alors que les ecueils sont nombreux sur les sujets abordés (la violence sexuelle aux mineurs, la vulgarité, les premiers rapports, etc). Je l’inscris dans la droite ligne des monologues du vagin, tout en etant different.

Je recommande chaleureusement cette piece !

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