Genève est une ville très agréable, remplie d’habitants très sympathiques. Ne vous laissez pas tromper par les dernières élections au Grand Conseil où l’extrème-droite anti-frontalier a fait un carton.
Tout d’abord, cela me permet de vivre une nouvelle expérience : c’est la première fois que je suis discriminée en tant qu’étrangère. C’est un sentiment complètement nouveau pour moi. Les slogans “Frontaliers / Assez” ou “Du balais” sont adressée à moi, une blanche avec un diplôme du supérieur. Comme ça, j’ai moins honte de participer à la fuite des cerveaux… En fait, ces slogans sont tellement absurdes, étant donné la porosité de la frontière et le mélange de population à Genève, que j’ai du mal à les prendre au sérieux. D’autant plus que cette “extrème-droite” est certainement un feu de paille, suscité par la crise qui a fait bondir le chômage dans le Canton à quasi 6% !
Et heureusement pour moi, je travaille dans un endroit suffisamment international pour que personne ne m’ait jamais abreuvé de plaisanteries anti-frontaliers.
Puis que je vous parle d’élection, il faut que je vous fasse part de ce tract absolument somptueux qui m’a été distribué à la cantine l’autre jour :
Déjà, vous constatez que certains apprécient les frontaliers. Ensuite, ce n’est pas tous les jours qu’un prophète se présente aux élections, en conséquence, des promesses électorales de prophète sortent nécessairement de l’ordinaire :
Il y a quelques années, j’allais souvent en Belgique et je trouvais que Bruxelles, c’était un monde miroir de la France, pour reprendre l’expression de Gibson : presque pareil, mais avec parfois de léger décalage.
Genève est aussi un monde miroir, pour Bruxelles ou pour Paris.
La collection de termes suisses est aussi sympa à faire que la collection de termes belges.
Par exemple, savez-vous que ce que les belges appellent le brol, les Suisses l’appellent le chni ? (et les français : le brin ou le bazar)
Ou encore, je me suis demandée ce que pouvait être un “Renversé”, commandé à la caféteria. Ca m’a occupé plusieurs jour et finalement, j’ai eu l’info en prenant un café avec quelqu’un qui demandait un “renversé clair”.
Je vous explique : un “renversé”, c’est un café au lait dans lequel vous mettez le lait d’abord, et autant que de café. Mais si vous demandez un “renversé clair”, ça veut dire que vous voulez surtout du lait avec seulement un quart de café (c’est ce que les Ardennais appellent un lait au café, pour tout vous dire).
A ce sujet, le site “wordreference.com” a une discussion savoureuse :
Un Espagnol demande :
“Si je commande un crème en France, on va vraiment me servir un café avec de la crème ? Et ça serait quoi, cette crème ? Je vous demande ça parce que j’ai entendu qu’un café crème n’étais qu’un café avec du lait. Mais dans ce cas-là, quelle serait la différence entre crème et café au lait ? Et un café renversé ?”
A cela, un Français répond :
Un café crème est servi avec de la crème (liquide, en général), un café au lait avec du lait. Il est vrai cependant que dans certains établissements peu scrupuleux, on remplace facilement la crème par du lait, mais c’est un abus.
Quant au café renversé, je n’en ai jamais entendu parler et je ne vois pas du tout ce que ça peut être.
ou, selon un autre :
Un café crème ou un crème à Paris est un express(o) avec un filet de lait; la crème liquide n’est pratiquement jamais servie sauf peut-être dans certains hôtels.
Une Belge (qui doit connaître la Suisse) répond :
Un « café renversé » est un café au lait comportant plus (ou autant) de lait que de café.
Et un autre Belge commente :
Je l’ignorais.
Pour ma part, j’ai toujours appelé ça un lait au café!
Un français précise :
Si c’est juste avec un filet de lait, c’est presque une noisette non?
Alors, finalement, un Californien va mettre scientifiquement les choses au point :
noisette: filet de lait (< 5%) + expresso
crème: 5%-50% lait + expresso
café au lait: Au moins 40% lait + expresso
renversé: Au moins 60% lait + expresso
La suite de la conversation dérive sur la taille des tasses…
Changeons de sujet :
Je me suis équipée de fournitures de bureau en passant à l’économat… Nous avons eu une instant de flottement, le temps de traduire mes demande en bon suisse roman. Il s’avérait que je voulais des fourres et des pelles… (vous allez me dire, des pelles pour charger les fourres, ça se tient).
Il s’agissait donc de pochettes à rabat ou chemises cartonnées (c’est là qu’on se rend compte que le terme de chemise n’a finalement pas tellement de sens) et des bannettes (ou pelles à courrier).
Enfin, je vous parlerai de la conduite à Genève. Genève est une grande ville, pas énorme, mais grande. Le matin, elle se remplit de frontaliers et le soir, elle se vide de ses frontaliers, cf ce qu’on disait au début, il y a donc des embouteillages. La conduite se pratique en regardant le sol : les directions sont dessinées sur la chaussée. C’est pratique et ça fonctionne, mais au début, ça surprend et on se retrouve à déboîter à l’arrache, comme une vraie parisienne. Les Genevois, comme les Savoyards, ne conduisent ni pire ni mieux que le commun de l’automobiliste. Mais à la différence des parisiens, ils ne supposent pas qu’ils sont des aigles de la route avec des réflexes de ninjas. Ce qui fait qu’ils vous pardonnent quand vous merdouiller entre les files.
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