Chronique HS rendue en retard

Un fervent lecteur me fait remarquer que j’ai oublié de vous parler de l’excellent n° HS de la recherche intitulé : Sexe : comment devient-on un homme ou une femme ?

Voici donc une chronique HS : la Recherche Il mèle article de biologie (accessible même si on n’est pas du domaine), d’histoire, de psycho, d’anthropologie…
voici le sommaire :

> Un puis deux

:: Bernard Godelle : du mâle comme parasite propos recueillis par Nicolas Chevassus-au-Louis

reproduction sexuée vs parténogénèse ou autre mode de reproduction.
La reproduction sexuée n’est pas spécialement avantageuse sur le court terme mais l’est sur le long terme, en terme de brassage chromosomique. Toutefois les raisons qui ont mené la « nature » a préféré la reproduction sexuée ne sont pas claires

:: X et Y : histoire d’un couple étrange par Lluis Quintana-Murci et Pascal Leonardi

Le chromosome Y a commencé grand et finit tout petit, presque vide de chromosome mais super performant. Comment a-t-il dégénéré, où va-t-il ?

:: Anatomie d’une double révolution
par Sylvie Steinberg
Avant les lumières, on pensait qu’il y avait un continuum entre les sexes, allant du très masculin à son inverse, le très féminin, le sexe féminin étant la version rentrée du sexe masculin.
Après les lumières, les deux sexes sont devenus incommensurables.
Si la révolution a aboli les privilèges de la naissance du sang, elle a renforcé les explications biologisantes des inégalités de sexe.

:: La lente émancipation du sexe social
par Ilana Löwy
Le sexe biologique est plus flou qu’il ne le parait. En France, 200 000 personnes ne sont ni XX ni XY mais des tas d’autres choses. Comment considérer les différents hermaphrodites et les transsexuels?

:: Quelle parité pour la recherche biomédicale ?
par Londa Schiebinger

Pendant longtemps, au US, les programmes de recherche médicaux excluaient les femmes de leur test. Or les biologies féminine et masculine sont différentes : les médicaments testés et dosés sur les hommes ne conviennent pas toujours aux femmes et peuvent même être dangereux. Des lois volontaristes obligent maintenant à la parité en terme de test. ET en France ?

:: L’ovaire sort de l’ombre
par Joëlle Wiels
Il a fallu longtemps pour que la biologie admette que la femme n’était pas le sexe par défaut.

> Vers l’un ou vers l’autre ?

:: La différenciation sexuelle
par Sylvie Gruszow
Comment a partir des chromosomes et des hormones se fait la différenciation sexuelle

:: Nettie Maria Stevens, la preuve par le scarabée par Stéphanie Ruphy Une grande biologiste discrète et comme souvent oublié. Elle a prouvé pourtant que le sexe était déterminé par les chromosomes en 1905

:: Une mémoire enfouie dans l’os
par Evelyne Peyre

Que faire avec les squellettes préhistoriques, comment déterminer leur sexe… pas simple du tout

:: Gaïd Le Maner-Idrissi : devenir fille ou garçon propos recueillis par Stéphanie Ruphy

Les enfants, très jeunes, des 18 mois, en meme temps qu’ils consituent leur identité, la constitue de manière sexuée. Etude cognitive.

Les articles suivants parlent de transexualisme ou d’intersexualité. Dans le transexualisme, ce n’est plus la biologie qui n’est pas claire. Mais des gens qui disent que la nature s’est trompée, qu’elle a mis un esprit d’un sexe coincé dans un corps de l’autre sexe.

:: Les juges face au transsexualisme
par Jacques Breton

:: Du désir de changer de sexe
par Colette Chiland

:: Rencontre avec le quatrième sexe
par Stéphane Deligeorges

:: La fin programmée du dimorphisme sexuel par Anne Fausto-Sterling

:: Claire Fékété : le choix d’un sexe
propos recueillis par Stéphanie Ruphy

Cet article parle des difficultés qu’ont les médecins devant des enfants intersexuels.
Certains cas sont faciles : l’appareillage externe appartient semble-t-il à un sexe, mais la tuyauterie interne, en parfait état de marche, appartient à l’autre. Dans le cas, l’opération de la partie externe pour la rendre conforme à la tuyauterie semble la meilleure solution.
Mais parfois, l’ensemble est ambigue et on ne sait pas comment l’orientation va se faire à l’adolescence.
Néanmoins, il est impossible de demander au parent d’élever les enfants de manière neutre jusqu’à l’adolescence.

> Poids de l’un, poids de l’autre

:: Si les hommes pouvaient faire leurs fils…
par Françoise Héritier
voir plus bas

:: Anatomiquement correct
par Evelyne Peyre
Comment les biologistes du XVII s’échinaient à trouver l’infériorité naturelle de la femme dans son squelette.

:: Quand l’idéologie envahit la science du cerveau par Catherine Vidal La RMN a fait un grand boum : on voit les cerveau penser : l’homme et la femme pense différemment.
Ben, en fait, ce que montre l’imagerie médicale, c’est que si on arrive bien à montrer des différences, il faut vraiment aller les chercher avec des exercices très précis et très ciblés, montée en épingle par la presse scientifique et les scientifiques qui avaient une mission. Mais que ces différences sont volatiles et rares.

:: Garçon ou fille, mode d’emploi
par Jean-Louis Fischer

Comment faire pour avoir (à coups sur ???) une fille ou un garçon au cours de siècle.

:: Vraies et fausses idées sur le sex-ratio par Anne Atlan

Y a-t-il plus ou moins d’homme que de femme sur terre ?

:: Mother India et ses filles
par Fabienne Lemarchand-Copreaux

En Inde, les filles sont mal aimée à cause de la dote que la famille doit versé à vie pour à la belle famille.
Alors, les filles meurt beaucoup, d’une part par infanticide, et d’autre part, au cours d’accident domestique, orchestré par la belle-famille quand elle ne reçoit plus la dote.

:: Pourquoi elles en ont et pas eux
par Nelly Oudshoorn

euh…me souviens pu.

:: Pratiques sexuelles et ordre social
par Maurice Godelier

Une visite ethnologique de diverses cultures, expliquant comment la pratique de la sexualité est constitutif du fonctionnement de la société.

:: Patrick de Vos : des acteurs à géométrie variable propos recueillis par Anita Rudman

sais pu non plus.

Françoise Héritier, Si les hommes pouvaient faire leur fils…
Comment s’instaure la valence différentielle des sexes ? Se fondant sur l’
observation ethnologique qui ne souffre pas vraiment d’exception, Lévi-Strauss présente la prohibition de l’inceste comme la renonciation par les hommes à user de leurs filles et de leurs sours à des fins sexuelles pour les échanger contre celles d’autres hommes, établissant ainsi les prémices d’une vie sociale paisible.
Mais pour que cet échange soit possible, il faut avant tout qu’ils en eussent le droit reconnu et le pouvoir. Si la valence différentielle des sexes n’avait pas préexisté, on aurait vu les sociétés échanger de manière égale leurs garçons et leurs filles. La valence différentielle des sexes est donc là dès l’origine du social. « C’est à mes yeux la ligature sans laquelle les autres conditions du social qui fonctionnent toujours de nos jours n’
auraient pu s’instaurer ».
Or, les femmes possèdent un pouvoir exorbitant : elles peuvent mettre au monde des enfants des deux sexes. « L’importance et la quasi-universalité [des] représentations qui dessaisissent les femmes de leurs capacités brutes de fécondité montrent assez bien que le moteur de la hiérarchie était bien là : dans l’appropriation de la fécondité et sa répartition entre les hommes. »
Pour se reproduite à l’identique, l’homme est obligé de passer par un corps de femme. Il ne peut le faire par lui-même. Des mythes témoignent d’un âge d ‘or, perverti par la suite, où les hommes pouvaient s’autoengendrer. « Ce monde excellent [.] était fait de parties autonomes unisexuées, femmes d’un côté, hommes de l’autre, où tous jouissaient des mêmes capacités et des mêmes modes de vie, chaque groupe sexué se reproduisant seul, à l’identique.
L’harmonie primitive est dans l’absence d’altérité. » Et puis, il y a disruption.
En Afrique de l’ouest : désir des hommes qui les rend insatisfaits de leur tranquille condition. Ils découvrent la copulation pour le plaisir avec les femmes. Les femmes acceptent ; La divinité créatrice se fâche et contraint les groupes unisexués à vivre ensemble, enlevant aux hommes la capacité d’
engendrer leur fils. C’est cela, le paradis perdu.

Et tant que j’y suis, autant que ca serve : Sylvie Steinberg

Pour les savants de la renaissance, les genres féminin et masculin se déploient suivant un continuum. Aux deux extrémités : la femme très féminine et l’homme très masculin. Le sexe féminin est un sexe masculin « rentré ».
Cette inversion guide la représentation et la description des organes génitaux. Ceux de la femme y sont représentés comme les organes des hommes, retournés et rentrés, selon des isomorphismes tirés de la lecture de Galien.
Les médecins font l’analogie entre le scrotum et l’utérus, les testicules et les ovaires, le vagin et la verge.

Issue des savoirs grecs, depuis la physique présocratique et la médecine hippocratique, ces conceptions dichotomiques de la différence des sexes recoupent aussi l’opposition entre l’être parfait qui est l’homme et l’être imparfait : la femme.
On peut donc raconter l’histoire de femmes transformées en homme : Montaigne
: au XVIe : Marie Germain fait une grande enjambée et voit ses organes génitaux se retourner et sortir de son corps.

La femme a le sexe rentré parce que la froideur de ses organes génitaux l’
empêche de pousser vers l’extérieur. Donc, quel que soit son sexe, on peut participer du féminin ou du masculin.

La médiocrité :
1630, le médecin David Laigneau évoque ainsi la physionomie féminine : la femme très blanche et très charnue est froide et humide au troisième degré.
Celle qui est très brune et très sèche et qui a un peu de barbe est féminine au premier degré. Si elle est blanche et colorée, ni grasse ni maigre, elle est au deuxième degré de son tempérament, ce qui représente l’idéal : la médiocrité.

Quelques années plus tard, chez Cureau de la Chambre : la perfection du mâle comme celle de la femelle est de ne pas s’éloigner du tempérament propre à l ‘espèce humaine. Sur une échelle allant du très viril au très féminin, l’
abstraction idéale se trouve au milieu : l’être humain androgyne.
« L’indétermination physique et morale de l’androgyne exprime la possibilité exprime pour l’homme la possibilité de développer toutes ses capacités sans être déterminé par aucune. Ce que l’homme est en puissance, l’androgyne l’
exprime absolument alors que l’homme et la femme, dans leur finitude sexuée sont limités en acte ».

Les honnêtes gens :
L’homme et la femme qui reste dans une honnêteté moyenne voient leurs vices et leurs vertus s’équilibrer et se rapprocher de l’universel des qualités humaines. Cureau : si la chaleur de l’homme est trop grande, sa hardiesse se changera en témérité, sa gloire en orgueil « la magnanimité en insolence, la libéralité en profusion, la justice en sévérité, la clémence en indulgence et la gratitude en faste et en vanité. » P 38-39 De même, si la féminité est mesurée, les vices inhérents à son état peuvent « passer pour autant de vertus naturelles, la défiance et la dissimulation devenant de la prudence, l’avarice de l’esprit ménager, la superstition de la piété, la vengeance de la justice et la timidité de la pudeur ». P 53 Ainsi sont les « honnêtes gens »
.
On y reconnaît la personne bien née, le sang bleu.

Rupture aux lumières où l’homme et la femme deviennent cette fois incommensurable.
L’enjeu est de supprimer les différences venues du sang mais de conserver celles du sexe. Donc l’égalité de la révolution oublie de s’appliquer aux femmes, toujours dévolues à la reproduction et invente une nature féminine spécifique qui justifie son exclusion de la vie politique. Cette incommensurabilité est une « machine de guerre » contre les inégalités fondées sur la naissance. Le système de différence des individus par le sang est jeté à bas : il n’y a de différence que de sexe. Il ancre dans le sexe l’
infériorité de la femme et décrète que toutes les autres différences sont injustes et non fondées.

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