Les Romands ont conscience d’avoir un certain nombre de régionalisme dans le langage. Dès que vous arrivez, ils vous parlent de la panosse, que d’autres régions appellent wassingue ou encore loque : bref, la serpillière. En revanche, ils ont beaucoup moins conscience d’autres termes ou expressions bien plus intégrés à la langue, tout à fait banals mais qui pour moi, prête à confusion. Par ailleurs, là aussi, le système cantonale ajoute encore des régionalismes. Des expressions de Vaud ou du Valais ne se disent pas forcément à Genève.
A l’inverse, il y a des expressions françaises qui ne s’emploie pas. J’ai fait mourir de rire mes interlocuteurs en parlant de « ramassage scolaire ». A Genève, on dit simplement le bus scolaire… sachant que ça existe assez peu. Soit l’école est proche du domicile, soit la maman (qui bien sûr était supposée travailler à mi-temps… quand elle travaillait), était dispo pour conduire les enfants. Seule les écoles privées, rayonnant sur une plus grande distance, ont un système de bus scolaire. « Ramassage scolaire » a toute suite fait penser au ramassage des poubelles ! Je compte sur mes lecteurs et lectrices suisses pour me confirmer l’incongruité de l’expression.
Autre exemple, il y a quinze jours de cela, j’écris à la comptabilité pour lui demander d’émettre une facture pour moi. Sur le formulaire, les prix sont indiqués en CHF, je voudrais la facture en euros. Je demande comment je fais. La personne me répond par mail : « Vous n’avez qu’à tracer francs, mettre euros et envoyer la facture sans autre »… Pas simple… Bon, je raye et j’envoie sans autre… quoi ? Sans autre forme de procès ?
Et j’ai ainsi réalisé que certaines d’expressions venait directement de l’allemand : « sans autre », c’est à dire « tout simplement », sans formalité : « Ohne weiteres ». De même que le fameux : « Tout de bon » = « Alles gut », Tout est parti / telle chose est perdue… se dit : tout est loin = « alles weg », « es ist weg ».
Idem pour le « Ou bien ? » : » on fait comme ça, ou bien ? », « Oder ? » ou encore : « tu n’a qu’à venir seulement ». (« nür », qu’on ne traduirait pas).
Je ne connais pas assez l’allemand pour dire si le « ça joue ? » qui signifie : « ça va comme ca ? » en provient. De même, je ne m’explique pas tout à fait la manière d’annoncer les dates : le 3 du 12, c’est le 3 décembre.
J’aime bien dire : une volée, pour une promo d’étudiants ou d’élèves. J’imagine des petits moineaux qui vont ensuite dans le monde 🙂
Et les Suisses comme les Belges disent l’Uni et pas la Fac, ce qui évite de faire rire les anglais comme dans l’Auberge espagnole (la Fuck ?) et est bien plus logique.
Même Ikéa s’y met en mettant en slogan d’une pub de la Tribune de Genève, « Toi, tu ranges ton chenit, nous nous occupons des prix »… Mais il s’avère tout de même que l’orthographe de « Chenit » avec un t n’est pas homologuée 🙂
7 réponses à Kro : Parlons suisse mais parlons bien