Le point éphémère est un centre de dynamique artistique situé sur le Canal Saint Martin. Dans le cadre du festival de l’imaginaire 2007 on pouvait y voir jusqu’au 31 mars l’exposition Sexy souks.
Le texte en italique est extrait du texte de présentation de l’expo. Elle rassemblait des oeuvres de : Ghizlane Abadi, Butheina Ali, Zoulikha Benabdellah, Ninar Esber, Eman Ibrahim, Reine Mahfouz, Rana Salam, Majida Khattari, Lamia Ziadé.
Dans les ruelles des vieux souks de Damas, la capitale syrienne, non loin de la grande mosquée des Omeyyades, l’oeil du promeneur était attiré, il y a environ une dizaine d’années, par de petites échoppes qui proposaient à la vente des sous-vêtements féminins dignes d’un sex shop parisien.
L’effet de surprise était garanti, car on imagine difficilement que de telles « marchandises » puissent être vendues dans un quartier commerçant relativement conservateur, pour ne pas dire religieux.
Great syrian nude de Lamia Ziade
Mais c’est ignorer la coutume, bien traditionnelle et répandue, du « déshabillé » : les femmes se préparent pour accueillir leur mari qui rentre le soir après une journée de travail harassante et portent des tenues affriolantes afin de les mettre « en appétit ». Aujourd’hui, ce ne sont plus quelques petites échoppes autour de la Mosquée des Omeyyades qui vendent ces sous-vêtements ou cette « lingerie » comme on dit en Syrie, utilisant pour cela le terme français, mais plusieurs boutiques qui ont pignon sur rue le long du Souk al Hamidiyé, le fameux vieux bazar de Damas qui mène à la Mosquée.
On a tout, sur cette image : le magasin de lingerie, la photo du soldat moustachu et les clientes…
Les sous-vêtements sont beaucoup moins « pornographiques » mais nettement plus délirants, révélant un imaginaire érotique qui n’est pas seulement celui des individus créateurs de modèles mais aussi un reflet d’un imaginaire érotique collectif qui puise dans les dictons et les expressions vernaculaires renvoyant aux diverses appellations du sexe de la femme ou des poils pubiens (nid d’oiseau, chatte, etc…)
ou carrément bon enfant (pères Noëls, nounours…) kitsch (téléphones portables, lumières clignotantes),
fétichiste (serrures), etc. Les clientes sont de jeunes femmes issues de familles conservatrices de la petite (et moins petite) bourgeoisie de Damas. Elles sont quasiment toutes voilées. Beaucoup viennent ici acheter des sous-vêtements qui feront partie de leurs trousseaux de mariées. Les « créateurs » de ces modèles sont des hommes, des damascènes fiers de renouveler les « collections » tous les trois mois et de ne jamais proposer les mêmes modèles. Ils sont pour la plupart issus de familles d’industriels damascènes connues pour être conservatrices. Tout est fabriqué à Damas, avec des éléments et des accessoires qui arrivent de Chine (plumes, gadgets…) et exporté dans d’autres pays arabes ou musulmans.
Dans cette expo, vous pouvez faire des essayages. Dans une installation, des sous-vêtements sont suspendus face un miroir.
Si vous vous placez derrière, vous vous voyez dans le miroir avec la lingerie. Comme je suis trop petite, j’ai demandé à un mannequin de faire l’essayage pour moi.
Une mosquée. Dans les fenêtres, on peut voir des pages de catalogue.
Un de mes préférés…
Une expo à la fois kitsch et rigolote et en même temps bizarre et inattendue.
On s’interroge sur le curieux rapport au corps et à l’érotisme que peuvent avoir des femmes qui dissimule le corps aux yeux de tous et qui s’apprêtent le soir pour l’érotisme…