Kro Film toujours un peu en vrac

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Mon sapin avec déjà ses premiers cadeaux faits par Leirnette.

Violette de Martin Provost avec Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlian et Olivier Gourmet

Les Garçons et Guillaume à table de Guillaume Guillaume Galienne avec lui-même et André Marcon

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Violette Leduc, née bâtarde au début du siècle dernier, rencontre Simone de Beauvoir dans les années d’après-guerre à St-Germain-des-Prés. Commence une relation intense entre les deux femmes qui va durer toute leur vie, relation basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour Violette et la conviction pour Simone d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors norme.

Ca, c’est le résumé officiel. En fait, c’est pas vrai. Sandrine Kimberlain est étonnante en Simone de Beauvoir mais on doit la voir 10 minutes. Bon, peut-être qu’on la revoie après, mais je suis partie à la moitié du film. Et pourtant, j’étais plutôt public cible. Le problème de ce film lent c’est qu’on ne voit pas bien où il veut en venir. En partant, je me suis demandée quel était le propos du film. Bref, après la fin du chapitre avec Simone de Beauvoir (c’était quand même ça que j’étais venue voir, parce que j’ai cru le résumé), j’ai craqué.

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Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t’embrasse ma chérie » ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.

C’est un film sur lequel j’ai eu de grands débats avec des personnes gays qui le trouvaient homophobes.

Je pense qu’il y a d’abord un malentendu. Ce n’est pas un film sur l’homosexualité mais sur l’hétérosexualité.

Moi j’ai assez aimé. J’ai pas trouvé ça hilarant, mais intéressant. (Attention, je vais spoiler à fond).

J’ai trouvé intéressant de voir qu’il n’y a pas que chez les inuits ou chez les Tulagi (sp?) de Nouvelle Zélande qu’on élève un enfant dans l’autre sexe, si ce sexe n’est pas représenté dans la fratrie. En clair, en plusieurs endroits de la planète où les codes sociaux sont très rigides, (ça a surtout été étudié chez les Inuits), si un couple à déjà un ou des fils et a besoin d’une fille (ou inversement) pour que les tâches dévolues ce sexe puissent être remplies, on élève le dernier né dans le sexe manquant, quelque soit son sexe biologique.

Et dans ce film, on voit que élever un garçon en fille ou inversement ça ne se fait pas que dans les endroits exotiques mais aussi à Neuilly. La mère de Guillaume voulait une fille. Alors quand Guillaume était petit, elle a fait comme s’il était une fille. Et Guillaume, ça lui allait bien, parce qu’il avait une relation privilégiée avec sa mère.

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Ensuite, Guillaume dit qu’il voulait être une fille pour se démarquer de ses frères. C’est rare qu’un film montre aussi bien ce phénomène, comment chaque enfant cherche sa place dans la fratrie en incarnant des rôles qui ne sont pas déjà pris. C’est la théorie du « garçon manquant » de Las Vergnas : elle explique que les filles qui font des études scientifiques sont souvent des garçons manquants, c’est à dire qu’elles sont issues d’une famille où il n’y a pas de garçons et elles prennent alors le rôle du garçon. Dans ce film, Guillaume est la fille manquante.

Ce film, c’est un très rare exemple de « fille manquée » (et d’ailleurs, c’est le seul exemple cinématographique que je connaisse. Billy Eliott, ce n’est pas ça). Et ce qu’on constate, c’est qu’une « fille manquée », c’est forcément, dans la tête de sa famille, un homosexuel.

Prenez Claude dans le club des 5, ou toutes autres filles qui ont eu envie se faire passer pour un garçon, parce que pour une raison ou une autre elles trouvaient ça mieux… Ces filles qu’on appelle « garçons manqués », on ne suppose pas automatiquement qu’elles sont lesbiennes.

Guillaume, c’est la même chose. Sauf que pour un garçon, ça déclenche aussitôt des soupçons sur sa sexualité.

Sa famille est tellement sûre qu’une « fille manquée » est pédé que personne ne va seulement se/lui poser la question, au point d’en convaincre même Guillaume.

Or, Guillaume est un garçon hétérosexuel mais sa mère le fait évoluer dans une zone de non dit : il sait qu’il est un garçon mais veut croire qu’il peut être une fille, une vraie fille, donc une fille hétéro. Et sa mère est gênée en comprenant qu’elle est allée trop loin quand Guillaume continue au mieux à faire comme s’il était une fille. Il sait qu’il est un garçon mais en même temps il ne le sait pas parce que sa mère ne l’a pas autorisé à le savoir. C’est quand sa mère lui dit qu’il est homo que, paradoxalement, elle lui dit qu’il est un garçon et donc l’autorise à savoir, à penser qu’il est un garçon. C’est tout à fait fascinant de voir cet interdit de savoir qui bloque chez Guillaume sa possibilité d’avoir une conscience claire de son identité sexuée.

Ce film montre qu’on peut être un homme, refuser d’adhérer au système de genre ou adopter les codes dévolus en général à l’autre sexe sans que cela ne dise quoique ce soit de votre sexualité. Mais pour l’entourage de Guillaume, c’est dur à croire.

A l’arrivée, c’est un film très intéressant, mais je l’ai trop vu comme un film de boulot complètement le trouver drôle !

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