Education populaire et féminisme, Récits d’un combat (trop ordinaire) Collectif
Le déclencheur de ce livre, c’est l’agression sexuelle de l’une des femmes d’un réseau d’éducation populaire par un homme du réseau.
Ce récit, qui pourrait paraître anecdotique et malheureusement banal va devenir exemplaire.
Et c’est ce récit qui est passionnant.
Tout d’abord, le réseau n’a pas nié la situation et l’agresseur a spontanément reconnu son tort. Mais malgré ce point de départ meilleur que dans bien des cas similaires, la réponse fournie par le collectif a été insatisfaisante, inappropriée, très amatrice. timberland femme pas cher Et pourtant, dans ces réseaux, bien des gens ont un parcours syndical, tout le monde est capable de théoriser sur l’oppression de classe, tout le monde fait la promotion de la lutte contre toute forme d’oppression et pense que les prises de décisions doivent se faire de manière collective. puma sneakers Or, voilà un groupe qui se perçoit comme conscientisé mais qui est incapable de voir les rapports sociaux de sexe, ou s’il les voit, qui incapable de les traiter et d’y réfléchir collectivement.
Bien sûr, mes ami-e-s et collègues des mouvements de gauche anticapitaliste qui lisent ça doivent sourire en coin avec un peu d’amertume.
Oui, chez les anars comme chez les trotskistes en passant par Nuit debout, beaucoup d’hommes, surtout s’ils sont « en vue », s’estiment bien trop engagés et instruits pour être sexistes. ugg femme Ou tiennent encore pour vrai ces vieilles lunes marxistes : les rapports sociaux de sexe auraient été engendrés par les rapports sociaux de classe et leur sont donc subordonnés.
Pour sortir de cette impasse, un groupe de femme a refait une partie de l’histoire des mouvements politiques des femmes… et on se demande combien de fois il faudra faire les mêmes ruptures, les mêmes prises de consciences, les mêmes traversées.
Elles se sont constituées en groupe non mixte et se sont rendues compte que ça changeait tout. Elles ont été mal vues par des hommes qui se sont sentis exclus et discriminés, ceux-là même qui ne leur laissent pas la parole, qui les laissent faire le ménage pendant qu’ils réfléchissent à la chute du capitaliste, ceux aussi qui pensent que l’hébergement mixte, c’est cool et normal, même si des femmes ont peur d’être agressées parce qu’elles ont vécu des situations qui leur prouvent que c’est possible.
Elles ont donc entendus qu’elles étaient trop féministes alors que personne n’a jamais reproché à quelqu’un dans ce groupe d’être trop anti-capitaliste. Qu’elles créaient des problèmes, qu’elles mettaient en danger le collectif. En 68, certains mouvements d’extrème-gauche conseillait aux femmes agressées de ne pas porter plainte, si l’agresseur était un ouvrier : il violait parce qu’il était aliéné.
Elles ont donc lu les féministes radicales qui avant elles avait théorisé féministe et marxisme. Elles se sont racontées leur histoire, elles ont analysé les contradictions de leur réseau : être incapable de prendre la responsabilité d’une sanction, mépriser le droit du travail à l’interne tout en le défendant à l’externe, jouer de la starification de certains, etc. ugg sitemap Et elles ont écrit leur analyse, avec un calme et une retenue qui m’impressionne. soldes timberland Elles ont analysé très finement, sans jamais être donneuses de leçons, les fonctionnements du collectif. Bottes UGG Pas Cher France Elles ont mis en place des outils pour que non seulement ce genre de situation se gère de manière plus compétente à l’avenir mais aussi pour que le collectif transforme ses pratiques pour instaurer des rapports sociaux égalitaires et permettent pour toutes des espaces de sécurité et de liberté.
Le tout est limpide, agréable à lire, varié, édifiant et exemplaire de ce que l’éducation populaire peut faire de mieux. Car c’est un livre pédagogique, à destination de toute organisation autogérée.
Comme vous l’avez compris, j’ai été impressionnée par la qualité de l’ouvrage, à la fois pour son niveau de réflexion théorique mis à la portée de toutes et tous, et pour son aspect pratique.
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