A couteaux tirés de Rian Johnson, avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas et Jamie Lee Curtis
Station : La chute d’Al Roberston
A couteaux tirés de Rian Johnson, avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas et Jamie Lee Curtis
Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. Manifestement, c’est un suicide… même si le procédé est un peu original puisqu’il s’est lui-même égorgé avec un couteau. Le célèbre détective Benoit Blanc (Daniel Craig), avec son air débonnaire et naïf, est engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire.
Ce film est une parodie des films d’Agatha Christie. Le ton est donné en appelant le détective avec un nom français (ou belge ?) rappelant Hercule Poirot.
Les suspects : une famille très riche… grâce au succès littéraire du père. Toute la famille dépend plus ou moins de lui : son fils qui s’occupe de la maison d’édition, son 2e fils bon à rien qui profite de la bienveillance de son père pour claquer sa pension, ses petits enfants dont le grand-père paye des études « occupationnelles », sa fille qui a monté sa propre entreprise avec l’argent prêté par papa et dont le mari se comporte en parasite de la famille, etc. Et au milieu, il y a sa jeune infirmière personnelle qui était finalement la seule amie.
Le film se joue des codes des films de ce genre en les prenant peu au sérieux : à la fois dans le scénario alambiqué de « meurtre parfait » comme dans les personnages volontairement archétypiques.
Un film distrayant, malin, très bien réalisé avec de bons acteurs.
Station : La chute d’Al Roberston
L’humanité ne vit plus sur terre, devenue inhospitalière. Les IA, aux commandes de consortiums financiers, ont pris les choses en main, sont devenues les Dieux de l’Humanité et gèrent Station : une station orbitale où vivent les humains. Station est un endroit vilain, sur lequel la nourriture n’a aucun gout, les bâtiments aucun style et les vêtements aucune mode… Mais peu importe, puisque tout le monde vit en réalité augmentée dans la Trame. Si vous payez les bonnes licences, vos aliments ont le goût qu’ils sont supposés avoir, grâce au Café ™ ou au Steak de boeuf ™ . Vos vêtements sont couverts de patchs qui vous donnent du style et votre logement est magnifique, grâce au mapping de texture. L’avantage d’être connecté, c’est que vous ne voyez plus les mendiants, les camés et autres rejetés du système : comme ils ne portent aucune de ces marques, la trame les efface.
Les Dieux du Panthéon (c’est à dire les IA) ont chacun leurs humains affiliés, qu’ils prédestinent pour « leur bien » à travailler pour eux : la police, les médias, le commerce, etc.
7 ans plus tôt, des l.A. rebelles de la Totalité, qui vivent une forme de vie d’essaim, ont tenté de renverser le Panthéon des IA. Jack a combattu la Totalité pour le compte du Panthéon. Pour se faire, il est doublé de Hugo Fist, une intelligence artificielle de combat installée en lui. Mais Jack a fini par avoir des doutes, ce qui lui a valu d’être considéré comme un traitre et emprisonné plusieurs années.
Fist vit en Jack. Quand il se matérialise via la Trame, il ressemble à une sorte de Pinocchio effrayant. Il est lié à un contrat de licence un peu particulier. A l’échéance du contrat, Jack doit le restituer, sinon Hugo Fist prend le contrôle du corps de Jack, effaçant son esprit. Le bug, c’est que l’entreprise qui a créé Fist n’existe plus. Jack ne peut plus rendre l’IA et les lois de protections de la propriété privée empêchent toute modification du contrat. Le compte à rebours est donc inéluctable.
Jack revient sur Station, décidé à dire adieu à ceux qu’il aime (officiellement) mais aussi à avoir des réponses à ses questions : a-t-il eu tort de combattre la Totalité ? Que valent vraiment les Dieux du Panthéon ?
Le centre de ce roman, c’est Station. Le 2e tome (pas encore traduit) Waking Hell se passe toujours sur Station, avec d’autres personnages. C’est une série indiscutablement Cyberpunk, de grande qualité, bien écrite, avec une réflexion d’anticipation maligne sur la vie connectée et le fait de ne posséder que les licences (révocables) et non des biens. Le roman a aussi la particularité de distinguer diverses sortes d’IA, de fonctionnement et motivations différentes.
C’est le premier roman de cyberpunk que je lis depuis un moment, et Station est vraiment du bon travail.