Silvia Federici est une universitaire italienne enseignant aux États-Unis. Wikipedia la rattache au mouvement féministe autonome (en gros : anarchiste et d’extrême gauche). Moi, je l’aurai rangé dans les féministes matérialistes. Elle s’autodéfinit « féministe marxiste », même si elle règle des comptes avec Marx. Mais on ne va pas se battre sur les terminologies.
Son livre le plus célèbre est « Caliban et la sorcière ». Mais c’est une grosse somme. J’ai commencé par une dose plus petite avec « Le Capitalisme patriarcal ». Ça a fait partie de mes lectures post-confinement. Comment construire un monde d’après différent, si tous les porte-parole de ce monde d’après (et en particulier ceux qui parlent de l’effondrement) ont tous des hommes universitaires blancs ? Pour reprendre la magnifique phrase d’autre Lorde : « On ne détruira pas la maison du Maître avec les outils du Maître ». Si on ajoutait dans la critique du capitalisme une critique féministe ?
Pourtant, aujourd’hui, tout le monde à gauche intègre « patriarcat » à la liste des dominations à éradiquer. Mais juste en passant. Même Damasio, après avoir pratiqué la SF sexiste, parle d’abattre le patriarcat quand il parle du monde d’après. C’est choupi. Mais le sexiste n’est pas une conséquence du capitalisme (ça fait longtemps que les féministes matérialistes l’ont signalé). Serions-nous en train de nous repasser les mêmes plats ? La lutte des classes d’abord, les femmes après ? Et si le patriarcat était imbriqué dans le capitalisme, l’un nourrissant l’autre, comme une association de malfaiteurs ? C’est l’argument de Federici.