L’alignement fortuit de ces trois visages sur un cylindre d’affichage public m’avait fait sourire à mon arrivée à Kassel. En haut, un Sapiens posant pour l’exposition “Evolution des êtres humains” au Naturkundemuseum. Dessous, une autre Sapiens posant en faveur du don du sang. On explique qu’elle est née le 18 mai 1984 et renée le 19 mars 2010 grâce à une transfusion. J’avais essayé me représenter mentalement la masse de connaissances, de techniques, d’institutions sociales, de débats qu’il a fallu accumuler pour aboutir à cette technologie, la transfusion sanguine. Dimanche, je retombe sur un dépliant de l’exposition qui, promet-on, “expose l’histoire humaine selon des perspectives inattendues“. Allons-y.
L’exposition s’ouvre sur cette “photo” de famille (en 3D) où la Sapiens, entourée de ses cousines, a cette fois-ci définitivement crevé le plafond.
Une grande partie de l’exposition est consacrée à l’histoire et à l’évolution des structures sociales, et traite notamment des rapports mâles-femelles dans différentes espèces. Pour différentes races de primates, on relie la forme de ces rapports essentiellement au mode d’occupation des territoires, lui-même largement fonction de l’alimentation : le fait de devoir ou non se déplacer beaucoup, souvent, sur des aires plus ou moins vastes, va conditionner la manière dont mâles et femelles organisent la vie quotidienne, se croisent, se reproduisent. On obtient ainsi toute la gamme des relations depuis le couple monogame et stable sur plusieurs années du Simiang jusqu’au “harem” du gorille. L’explication des structures et rôles sociaux par des “natures féminine et masculine” universelles en prend un coup.
Sur ces panneaux, la fille et le garçon posent les deux mêmes questions : “As-tu envie de sortir avec moi ?” et “As-tu envie de coucher avec moi ?” A la première question environ 1 garçon sur deux répond oui. Même proportion chez les filles. A la seconde question 75% des garçons répondent oui, 100% des filles répondent non.
Je déclare ouvert le concours de la meilleure explication 😉
Dans cette expo, il est aussi question de l’origine de nos idées morales : la réticence à tuer son semblable (est notamment mis en scène le dilemme du trolley), les soins et l’aide apportés aux individus faibles et/ou âgés, dont il semble qu’on trouve des traces très anciennes…