Brest III : on continue

Rappelle-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest, ce jour-là, et je t’ai croisé Rue de Siam…

Et oui, j’ai vu la rue de Siam sous la pluie… on peut dire enfin que j’ai vu Brest.

Laurence Hardy : « De la toiletteuse au thanatopracteur »

Les femmes sont associées à la mort. Les femmes marquent le rite de passage. Elles donnent la vie et accompagnent la mort. Elles portent le deuil et s’occupent des tombes.

Dans les années 70, inversion du genre : la toilette est exécutée par des professionnelles de la mort, dans une visée hygiéniste.

L’église catholique fixe les cycles de la vie. Elle confit pour un court temps le corps du défunt à la toiletteuse. La toilette est un rite d’entrée. Le temps de la toilette est un entre-deux.
Le mort est habillé de ses plus beaux vêtements (surtout les hommes, en Bretagne, les femmes sont ensevelies en chemise de nuit). Le cadavre est encore une personne, puis après la toilette, il est mort. On le prépare pour sa vie éternelle.

1985 : la toiletteuse est remplacée par l’infirmière : le geste est plus technique et le sens de ce rite change.
La transmission n’est plus de femmes à femmes, mais enseigner dans le cadre d’une formation et respecte un protocole professionnel. Il n’y a plus de dimension symbolique.

Ensuite, l’assistant funéraire organise les funérailles, propose même un accompagnement des personnes endeuillées à partir des années 1990.

La marchandisation de la mort va provoquer une inversion du genre.

A partir de la technicisation hygiéniste de l’infirmière, on passe à la thanatopraxie.
Dans les années 90, le corps ne rentre plus à la maison (donc, plus de toiletteuse pour le préparer sur son lit d’apparat).
En chambre funéraire, on pratique des soins de conservation.
A l’intérieur de l’hôpital, la mort devient médicalisée et pris en charge par des professionnels. La mort s’éloigne. Défamiliarisation des gestes. La présence du professionnel écarte le réseau local de la toilette, il est même perçu comme gênant par le professionnel.

En 1995, la thanatopraxie est reconnu, diplôme national, attestation préfectorale pour pratiquer des soins de conservation. La médicalisation, la reconnaissance valorise la profession.
Aujourd’hui, 700 thanatopracteurs, 90% sont des hommes.
Les métiers les plus mal aimé des français : éboueurs, croque-mort et thanatopracteur.
Donc, pas tellement de revalorisation du métier.
(Remarque personnelle : peut-être y a-t-il une sorte de fierté élitiste, décalée, gothico-esthétique, renforcé par la série 6’ under ?)
Ensuite esthétisation de la mort : ce n’est plus dans un but symbolique que le corps est préparé.

La préparation du cors n’agit plus de la même manière.
La toilette : c’était sur le corps.
Ensuite, la conservation hygiéniste : autour du corps (table réfrigéré, neige carbonique)
Le thanatopracteur : dans le corps. On doit donner au corps l’aspect de la vie.

Donc, inversion du sens avec l’inversion du genre : la toilette est un rite d’entrée dans la vie éternelle. Avec la thanato : rite de sortie avec un défunt présenté comme s’il était vivant.

Le soir, nous avons été reçus à l’hotel de ville de Brest. Vous vous souvenez de ce que je disais sur la promo sur le béton ?
Ca me rappelle l’Europe de l’Est, avant la chute du mur…

cd2-032.jpg

La photo n’est pas de moi : il pleuvait à verse, le parvis était vide et je n’avais pas envie de m’attarder.

Le seul truc cool de ce parvis, c’est le jet d’eau. Il est à hauteur variable et coule sur un plan incliné. Ce qui est drôle, c’est que le plan incliné sur lequel l’eau ruiselle n’est pas délimité. Et quand il pleut, ce qui arrive parfois, on peut facilement, si on ne fait pas attention, se retrouver à patauger dans l’eau du jet d’eau.

Ce contenu a été publié dans Evénements - expositions, Livre de classe, Tourisme, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.