Kro des bons films de l’avion

Les bons films de l’avion étaient des films politiques, l’écran petit et de qualité moyenne obligent à se centrer sur le contenu.

Walkyrie de Bryan Singer avec Tom Cruise

Frost / Nixon de Ron Howard avec Frank Langella, Michael Sheen

Walkyrie de Bryan Singer avec Tom Cruise

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Le Colonel Stauffenberg est un fidèle de la Sainte Allemagne et est convaincu que Hitler entraîne le pays à sa perte et à son déshonneur. En Afrique du nord, il perd une main, un oeil et quelques doigts, ce qui lui vaut d’être rapatrié à Berlin. Là, il rejoint d’autres militaires et politiciens et ils ourdissent un complot visant à éliminer Hitler.

C’est un film sans suspens : on sait que l’attentat va échouer. On s’intéresse alors aux différentes personnalités, aux motivations de chacun. A aucun moment, le film ne nous montrera les conspirateurs comme des hommes justes et bons, horrifiés par les atrocités du Führer. On voit plutôt un groupe d’hommes qui tentent de gérer l’après, la chute maintenant inévitable de l’Allemagne.
L’un d’entre eux dira même : pourquoi prendre un risque, il n’y a qu’à attendre l’inévitable.
Certains, comme Stauffenberg veulent une armistice négociée dans l’honneur, plutôt qu’une rédition honteuse. D’autres réfléchissent au job qu’ils pourront décrocher dans la nouvelle Allemagne, s’ils arrivent à mettre suffisamment de fer au feu chez tout le monde, et en particulier, s’ils se font bien voir des alliés.

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Mais on ne peut pas vendre la peau du Führer avant de l’avoir tué : si des centaines de personnes trempent dans le complot, et vont jusqu’à s’imprimer des petites cartes de visites “Insurgés”, tout le monde tremble de peur devant Hitler et ses SS. Le complot échoue, mais à peu de choses : découvrant que Hitler est finalement toujours en vie, l’armée indécise lui reste fidèle.
Tom Cruise est très bien en colonel idéaliste.

Frost / Nixon de Ron Howard avec Frank Langella, Michael Sheen

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1972, l’affaire du Watergate commence avec la pose de micros dans les locaux du Parti démocrate dans l’immeuble du Watergate à Washington en 1972, et se développe ensuite avec de nombreuses ramifications.
1974, Nixon est menacé d’être destitué et finalement démissionne. Suite à quoi, le président Ford lui accorde son pardon, mettant donc fin aux poursuites, privant l’Amérique d’un procès.

C’est là qu’arrive David Frost : présentateur télé satirique, il est époustouflé par l’audience que fait l’émission où Nixon annonce sa démission. Il rêve alors de faire une interview qui lui permettra de relancer sa carrière, devenir célèbre comme autre chose qu’un animateur et accessoirement, de donner à l’Amérique le procès qu’elle n’a pas eu. Il s’associera alors avec un auteur qui connaît très bien l’affaire, ainsi qu’avec un éditeur exécutif pour trouver le moyen d’obliger Nixon à “avouer”.
A la grande surprise de Frost, personne ne veut de l’interview : personne ne veut payer pour interroger un homme politique (alors que Frost donne $600 000 à Nixon), personne ne veut d’un canadien pour interviewer un ancien président américain, personne ne veut s’engager sans connaître les résultats de l’interview.

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Frost va donc engager sa fortune et faire l’interview malgré tout, découpée en plusieurs séances. Lors des premières séances, Frost se fait totalement posséder par Nixon, le président n’en fait qu’une bouchée, il a l’air sympa, avenant, drôle, humain, sincère alors qu’en face de lui, on a un Frost respectueux, volontiers bling-bling avec ses allures de play-boy, totalement dépassé par la tâche qu’il s’est donné.

Mais finalement, Nixon va perdre la face : parce que Frost (qui n’a aucune conscience politique) a une bonne équipe, parce que Nixon mentait et qu’il est trop fier pour accepter de paraître incompétent ou dépassé. Il préférera dire que le Président est au-dessus des lois, et que l’administration Nixon à lâché le peuple américain.

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En 1977, l’interview télévisée de l’ancien Président Richard Nixon menée par David Frost a battu le record d’audience de toute l’histoire du petit écran américain pour un magazine d’actualités et a révolutionné la manière d’interviewer un homme politique.

L’intelligence de ce film est de montrer que Frost est un animateur avant tout et pas du tout un militant politique ou un journaliste d’investigation. Il connaît la télé et c’est pour ça, et non par idéalisme, qu’il fait ces interviews. Tout au long du film, il semble minable à côté d’un Nixon intelligent, puissant et charismatique, il tombe même sous le charme de son adversaire. Il gagne parce que le vrai journaliste d’investigation de son équipe trouve la faille : la preuve de l’implication du président. Il gagne parce qu’il est meilleur à la télé que Nixon… C’est le début de la politique spectacle que ce film met en scène.

David Frost continue à être présentateur : il a actuellement une émission hebdomadaire sur Al Jazeera English depuis 2005 et contre l’avis de l’administration Bush…

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