Kro

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Un petit graffiti parisien en ces temps troublé de « Manif pour tous » (bon sang mais qu’ils s’étouffent avec leur haine).

En ce moment, j’ai décidé de recommencer à lire des livres de classe. Ces temps-ci, je ne lisais plus que des articles, c’est rapide, directement utile mais ça ne laisse pas vraiment à un auteur le temps de développer sa pensée, ou à plusieurs auteurs de faire le tour d’un sujet.

Donc, si je tiens le rythme, je vais faire qq Kro livres de classe, mélangée à d’autres choses.

Collégiennes en quête de beauté de Rachida Bouaiss

Black man de Richard Morgan

arton2798Collégiennes en quête de beauté de Rachida Bouaiss

En lisant ce livre, je pensais lire une étude sur les aspirations des collégiennes en terme de mode et de beauté, assortie d’un regard critique sur les injonctions à la féminité normative, le culte d’une certaine beauté, l’empire des cosmétiques, l’hypersexualisation des jeunes filles, le rôle ambigu des parents, bref, le type de travaux que fait d’ordinaire Aurélia Mardon. Ben, méfiez-vous des copies…

Il y a bien une enquête sur ce que disent les collégiennes à propos des cosmétiques, mais le but de ce livre est de faire une enquête marketing sur les attentes cosmétiques des collégiennes afin que les marques puissent mieux « coller » à leur attente.

Au premier degré, on lit un ouvrage sans une once de regard critique ou social, modulant autour de l’idée que le maquillage, c’est de l’estime de soi, l’affirmation de soi, l’amélioration de son image pour son plus grand plaisir, se chouchouter, c’est le moyen de devenir grande de manière autonome (!) etc (et marginalement un moyen de corriger un corps imparfait, mais même dans ce cas, ça reste un plaisir). Et l’ouvrage se conclut sur des préconisations à destinateurs des fabricants de cosmétiques pour mieux vendre encore plus, en fournissant le rêve qui mène à l’anorexie et le rejet de son corps, tout en claquant du fric.

Au second degré, c’est pas inintéressant de voir ce qui se passe de l’autre côté du miroir, justement chez ceux et celles qui sont là pour faire du fric sur le dos des masses adolescentes.

De là à dire que je conseille cette lecture…

imagesBlack man de Richard Morgan

Au XXIIe, la géopolitique mondiale est bien différente. Globalement, le monde vit en paix, après des années de guerres sanglantes ici et là.

Les USA ont connu une nouvelle sécession : le centre des USA s’appelle maintenant Jesus Land et est un état religieux intégriste, arriéré, corrompu et sous développé. Le Nord-Est n’a pas beaucoup changé et la côté ouest s’appelle La Bordure et est ouverte aux technologies de pointe. La Bordure est peuplée par une population de type sino-hispanique, essentiellement. Un tiers des ressources financières de la Terre est tournée vers Mars et sa colonisation et en échange, la Terre bénéficie des avancées technologies de Mars. Sauf que la vie sur Mars, pas encore tout à fait terraformée, n’est pas une partie de plaisir. Les gens qui partent y vont soit pour l’argent soit parce qu’ils n’ont pas d’autres choix que l’exil.

A l’époque où la guerre existait encore, on avait créé des humains génétiquement modifiés, les Variantes Treize, des « hypermâles » pour mener la guerre à la place des humains trop civilisés. Maintenant que les guerres sont finies, les variantes Treize font peur et ont le choix entre migrer sur Mars ou être internés. Carl Marsalis est un chasseur de Treize illégaux. C’est lui même un Treize, revenu de Mars et travaillant sous permis pour le compte des Nations Unis. Il va être recruter pour une chasse au Treize particulièrement difficile dans un univers de mafia, de corpo et de service de police.

Tout d’abord, Black man, comme les autres romans de Morgan, c’est de l’excellent cyberpunk, louchant du côté de Blade Runner (le film plus que le livre) tout en étant un vrai polar.

Les personnages sont très attachants et réels. Les chapitres sont écrits à la troisième personne mais en changeant le point de vue, ce qui permet d’entrer dans la vision intime de différents personnages. Le monde fourmille de détails originaux et malins.

La faiblesse du livre, c’est les tirades sociobiologiques à 2 sous : le monde est plus civilisé, car il est plus féminin. La sauvagerie, la force brute, la violence et la guerre, c’est masculin. C’est un peu plus complexe que ça parce que la personne en charge de l’enquête, Sevgi Ertekin est une jeune femme d’origine turque, ex flic et certainement pas une petite nature douce et fragile (mais qui a besoin de la violence et de la force brute d’un Treize, comme les hommes de son service, d’ailleurs, devenus également trop féminin). Sans arrêt, les personnages interprètent leurs actions et celles des autres en fonction de leurs gènes… Même si à un moment, l’auteur va signaler que l’éducation au combat des Treize ne pouvaient qu’en faire des guerriers implacables, l’idéologie du tout génétique ou presque domine le monde (pourquoi pas) mais est peu critiquée (avec une dualité masculin féminin qui me fatigue un peu, mais c’est personnel).

Cette réserve mis à part, ça reste un ouvrage excellent, passionnant dans un monde fascinant et bien décrit avec un très bon scénar de cyberpunk.

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