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L e club des métiers bizarres de Gilbert Keith Chesterton

Rupture dans le réel de David Hamilton

Peau de Dorothy Allison

L e club des métiers bizarres de Gilbert Keith Chesterton
Un livre que j’ai acheté sur la foi de sa 4e de couverture, en ligne. Autant dire que c’est la première fois que je fais ca, mais c’était accrocheur. C’est de la littérature anglaise, excentrique, ca m’a fait pensé à Ambrose Bierce, par exemple. Des histoires de dandy anglais riches et oisifs qui mènent des vies mondaines racontées avec humour. C’est une succession de nouvelles autour d’un métier bizarre, digne d’être référencé dans le club. Qu’est-ce qu’un métier bizarre :
– D’une part, il faut que ce soit un métier entièrement nouveau. Par exemple, un assureur spécialisé dans le dédomagement des fond de pantalon dévoré par les chiens ne pourrait pas faire partie du club (je cite).
– D’autre part, il faut que cette occupation bizarre soit réellement le gagne pain de la personne et pas un hobby. Donc, on peut lire 6 ou 7 nouvelles (ca se lit vite) dans lesquelles on se demande : mais quel est ce métier bizarre ? Et pour vous donner un exemple du ton : « C’était un de ces hommes capable de mettre dans le porte-parapluie 4 parapluies au lieu de 3 afin que 2 soient appuyés d’un côté et 2 de l’autre »

Rupture dans le réel de David Hamilton
J’avais dit que je vous en parlerai plus tard et bien nous sommes plus tard et j’ai lu les 2 premiers tomes en poche (c’est à dire 2/3 du tome 1 en anglais ou 1 tome 1/3 par rapport à la grosse édition française psychédélique, si vous suivez toujours). Bon. Rupture dans le réel, c’est du Space Opéra. Nous avons une confédération galactique humaine et quelques civilisation s xeno. Parmi les humains, il y a eu un split : d’un côté, nous avons les adamistes, qui sont comme vous et moi, à quelques modifications génétiques près, parce qu’à une époque, c’était très très à la mode de s’améliorer les gènes (plus beau, plus résistant, plus grand, mieux adapté à l’apesanteur, etc.) De l’autre, nous avons les édénistes qui possèdent le gène d’affinité, c’est à dire qu’ils sont télépathes (pour faire simple). Les capitaines de vaisseau ont aussi une connexion télépathique / empathique avec leur vaisseau sentient. En gros, les édénistes considèrent que les adamistes sont arriérés et les adamistes considèrent que les édénistes sont des snob qui ont tourné le dos à Dieu. Voilà que dans cette confédération galactique scientifique à tout crin se produit une  » rupture dans le réel  » . Une secte sataniste arrive à ouvrir une sorte de brèche vers une monstruosité dont on se demande bien de quel le espèce/sorte/nature elle est. Autour de ce thème central, on a des tas de personnages qui mènent leur petite vie, font du commerce, s’engage dans l’armée, essaie de s’implanter sur une planète nouvellement ouverte à la colonisation. C’est du bon boulot de Space op, avec une volonté de tenir un univers cohérent et crédible avec dedans des personnages eux aussi crédibles. Ca fait partie de ces romans « fresque galactique » et c’est vraiment un genre que j’aime bien. Maintenant, je vais quand même faire deux petites réserves dont une qui me fait rire. Tout d’abord, l’auteur nous décrit une civilisation supposée être sexuellement libérée dans laquelle toutefois ses descriptions des rapports sexuels sont à peine plus élaborées que d es fantasme  » d’ado hétéro ». L’auteur serait-il un nerd ? Ensuite, on y lit une défense du capitalisme et de la libre entreprise qui, après tout, n’est pas totalement suprenant dans un roman américain, mais qui, néanmoins, mérite d’être noté. vous savez, les arguments de base : si les riches sont de plus en plus riches, la « magie » de la redistribution « naturelle » feront que les pauvres seront moins pauvres et que bientôt, on vivra au paradis. Mais après tout, c’est bien de la SF, tout ca.

Peau de Dorothy Allison (titre original : Skin, talking about sex, class and
litterature)
Merci Anne-Laure de m’avoir fait découvrir cette auteure. Dorothy Allison est originaire de Carolyne du nord, blanche, pauvre et lesbienne. Enfant, elle a été battue et violée par son beau-père. Et puis, coup de chance, poursuivie par les dettes, sa famille a fui la Carolyne du nord pour arriver en Californie. Là, on a enfin cessé de la regarder comme une de ces rejetons des bons à rien. Elle était toujours pauvre, mais comme elle travaillait bien, elle était une pauvre méritante. Elle a obtenu une bourse, elle a été la première de sa famille à avoir le bac et à entrer à la fac. Là, elle a milité dans toutes sortes d’assoc féministe lesbienne radicale, écrivant des dossiers pour avoir des subventions, assurant des écoutes pour femmes battues, construisant des bibliothèques dans les maisons des femmes et en même temps, se sauvant elle-même de son passé. Comme elle dit : j’avais pas beaucoup de temps pour dormir. Mais je pense que le monde se porterait mieux si davantage de gens avaient moins de temps pour dormir. Puis elle est devenue prof de littérature, a écrit des romans. Peau est une succession d’essais engagés dans lesquels elle critique par exemple a vision angélique ou diabolique que l’amérique a des pauvres, loin de la réalité : les pauvres ne sont pas des crétins frappés par une sorte de tare génétiques qui fait qu’ils ne s’en sortiront jamais. Ce ne sont pas non plus des êtres nobles et méritants, travailleurs, honnêtes, remplis à la fois de conscience politique et d’amour. Les pauvres boivent, sont violents, injustes et vulgaires. Ils ne sont pas syndicalisé et ne remettent pas en cause les classes sociales. Mais c’est en acceptant ce mythe du « bon pauvre », elle se rendait compte qu’elle méprisait sa famille. Elle devait dire ce que c’était vraiment, d’être pauvre, en Carolyne du nord. Critiquant aussi le conformisme de certaines féministes, la nouvelle « pudibonderie » lesbienne, la littérature convenue, etc. C’est vraiment très intéressant. Et c’est un bon exemple de résilience, d’ailleurs, vigoureux et encourageant. Le seul reproche, c’est que la traduction fait un peu amateur. A lire en anglais, si on dispose un peu du vocabulaire du domaine (Butch ? Dyke ? Faggot ?) Une connaissance de l’histoire des mouvements féministes américains peut aider. Une connaissance de la littérature lesbienne américaine aussi, mais là, j’avoue que j’ai du jeter l’éponge, je n’y connais rien. Mais si le thème vous accroche, dites vous bien que c’est aussi bien que ca en a l’air. Et pour finir, un extrait dont Anne-Laure m’avait parlé et qui est très efficace :
« J’ai grandi dans la pauvreté, la haine, victime de violence s physiques, psychologiques, et sexuelles, et je sais que souffrir ne rend pas noble. Cela détruit. Afin de resister à la destruction, la haine de soi, ou le desespoir à vie, nous devons nous débarrasser de la condition de méprisé, de la peur de devenir le eux dont ils parlent avec tant de mépris, refuser les mythes mensongers et les morales faciles, nous voir nous-mêmes comme des êtres humains, imparfaits et extraordinaires. Nous tous – extraordinaires. »

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