Ca y est, on se décolle. On prend la voiture, la carte, le guide bleu et le GPS et on s’élance à l’assaut de la route. Le ciel est couvert : ça nous évitera de mourir de chaud sur le volcan.
Alors, petit récapitulatif touristique, pour que tout le monde suive : Lanzarote est l’île la plus à l’est de l’archipel, à 100 km des côtes d’Afrique. Partir à l’aventure, c’est sillonner une sorte de patate allongée de 60 km sur 20. 780 km² mais quand même 300 volcans. Une terre aride, souvent noire, sur Lanzarote il peut se passer plusieurs années sans pluie. De par le passé, il a fallu évacuer les gens sur les autres îles, après 6 ou 7 ans de sècheresse.
Les étrangers qui viennent en France nous disent en général que le pays est bien fléché. Moralité, habitués au luxe que nous sommes, nous manquons de vigilance côté signalisation routière. C’est incroyable le nombre de fois où l’on peut se perdre dans le triangle de 10 km que forme Arrecife, la capitale, et son périph. Pour tout dire, au cours des trois jours, les possibilités de fausses routes nous ont semblé infinies, de jour comme de nuit. Un des plus grands pièges, c’est que sur le périph, la sortie est la plus part du temps fléchée une seule fois : quand on y est, sur la voie de dégagement.
Par la suite, les villages sont fléchés, un coup chacun, pour ne pas faire de jaloux. Par exemple, si vous allez à Yaiza en partant d’Arrecife, on va d’abord flécher Yaiza, c’est une grande ville. Ensuite, on flèchera Tinajo, ce n’est pas sur la route de Yaiza, mais pendant un temps, la direction est commune, ensuite, on flèchera Uga, qui est le village avant Yaiza. Et enfin, de nouveau Yaiza, une fois que vous êtes à Uga. Ca demande de ne pas lâcher la carte. Mais toutes ces subtilités, nous les découvrirons au cours des 3 jours de balade.
Le but de cette première journée, c’est Timanfaya et les Montanas del Fuego. Les volcans quoi.
La dernière éruption sur Lanzarote eu lieu en 1730 et dura 6 ans. La lave s’écoula sur les 200 km² les plus fertiles de l’île, c’est quand même pas de chance. Lanzarote, c’est une terre aride, montagneuse, noire, semée un peu partout de petits villages aux maisons blanches. Ne serait-ce les maisons ça fait penser au Mordor. Je me demande à quoi ça ressemble avec de l’orage ou une tempête
Dans la partie de la plaine épargnée par la coulée de lave, pousse de la vigne, mais c’est toute une affaire à faire pousser. Le vent abrasif balaye la terre : les pieds de vignes poussent au creux de petits entonnoirs creusés dans la terre et sont protégées par des petits murets érigés en demi-cercle en pierre de volcan. Les cultures sont ensuite recouvertes par le picon, une couche de cendres qui absorbe l’humidité de l’air pendant la nuit et la transmet aux plantes. Le vin produit s’appelle la Malvoisie.
Tout de même, à sillonner l’île dans tous les sens, on se dit que la vie de paysans (les magos) doit être plutôt ingrate. 50 000 habitants résident sur l’île : on y fait pousser des pommes de terre, des pois chiches, des figues mais tout est à l’abri du vent, derrière des murets, pas de champs tels que nous pourrions l’entendre habituellement.
En poursuivant la route, soudain, la vigne s’arrête net : on arrive dans la coulée de lave. On a l’impression d’être des schtroumpfs dans un champ de terre fraîchement retournée, sauf que cette terre, c’est de la lave noire solidifiée, par endroit couverte de lichens blancs et puis, les « mottes de terre » peuvent faire 2m de haut.
Tout n’est pas noir, tout de même, sur les volcans, la lave est parfois rouge aussi, quand les volcans sont plus anciens, ils sont jaunes, à cause du lichen et de la poussière.
On se promène un moment dans un paysage lunaire, on s’arrête le temps d’une balade à dos de chameau dans les volcans (les chameaux, quand ils ne baladent pas les touristes, servent à l’agriculture) et on repart vers le parc naturel de volcans.
On grimpe en voiture et on se gare au pied d’un restaurant qui cuisine directement avec la chaleur du volcan : un puits est creusé dans le sol d’où s’échappent 600°. Si on verse un seau d’eau dans une des cheminées creusées dans le sol, l’eau remonte aussitôt sous forme de geyser.
De là, on prend un bus qui nous emmène autour des volcans par une petite route sinueuse entre les cratères : le paysage donne bien une idée de la violence de l’explosion.
Retour par El Golfo, où la mer s’engouffre dans les rochers et jaillit, mais maintenant, il fait beau et il n’y a pas de vent : la mer clapote gentiment en bas des rochers. On voit les salines de Janubio et on ramasse du sable vraiment noir pour Anne-Claire, on avait promis.
On rentre au GPS et encore, on tourne un moment pour retrouver l’hôtel. Heureusement qu’il est surmonté d’une grosse enseigne en forme d’hippocampe.
Le soir : buffet italien. Spectacle d’acrobatie Kenyan très très impressionnant.