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Les hommes s’en souviennent de Simone Veil et Annick Cojean

Samarcande : tisane

Utopia 2002

Suite à mon mail osthéopathe, une fidèle lectrice m’envoie un témoignage.
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Moi quand je faisais de la danse classique au niveau professionnel, on m’a recommandé d’aller en voir un car j’avais très mal au petit orteil du pied gauche.
Donc j’ai vu un premier ostéo, qui a décrété que j’avais une jambe plus courte que l’autre, donc que je n’appuyais pas les pieds pareil et donc que j’avais mal au petit orteil du pied gauche. Et vas-y que je te manipule et vas-y que je te demande de revenir 3, 4, 5 fois, jamais remboursée, bien entendu, et vas-y que j’ai toujours aussi mal.
Perplexe, il me recommande d’aller voir un dentiste de sa connaissance, mon problème venant peut-être de l’équilibre, qui dépend des dents. Ah bon. Je vais voir ledit dentiste, qui me montre qu’effectivement, la façon dont nous mordons détermine beaucoup de choses de notre corps (exemple : il me fait mordre quelque chose du côté droit : je ne peux pas lever la jambe à plus de 90º. Il me fait morde quelque chose de l’autre côté ou quelque chose de plus gros : elle monte sans problème à 180º et sans effort). Bref, vas-y que je te rabote les dents pour modifier ma façon de mordre. Ça a été efficace :
ça m’a ôté mes douleurs chroniques à la hanche droite. Mais j’avais toujours aussi mal au petit orteil du pied gauche.
Je retourne chez l’ostéopathe. Il commence des sessions d’acuponctureur. Non remboursées, il va sans dire. Au bout de 3 ou 4 séances, rien, aucun changement, toujours mal, j’abandonne cet ostéopathe. Je vais en voir un autre, recommandé par toutes les grandes marques de lave-vaisselle. Un magicien, paraît-il. Au départ, et vas-y que je te manipule derechef, que je te recommande de mettre une balle de tennis sur la hanche et de me masser le soir avec. Moi, timide (j’avais 18 ans) : « Euh… il ne faudrait pas plutôt songer à passer une radio ? » Lui, catégorique : « Mais non voyons, c’est évident que c’est un problème qui vient d’ailleurs ». Mais j’avais toujours aussi mal. Donc il change de tactique. Ce merveilleux ostéopathe recommandé par toutes les marques de lave-linge (je devais bien en être à ma 3º ou 4º séance avec lui, non remboursées, bien entendu) se met à me découper une mèche de cheveux. Il la place sur une table, prend un fil avec du plomb au bout, fait tourner le morceau de plomb au-dessus de la mèche et décrète :
« Vous avez eu un choc psychologique grave pendant votre petite enfance, c’est pour cela que vous avez mal au petit orteil de votre pied gauche ».
Hurlement de rire de mes parents quand je le leur raconte.
Il va sans dire que je ne suis plus retournée voir aucun ostéopathe de ma vie. Une semaine plus tard, j’ai vu un médecin généraliste, qui m’a fait une ordonnance pour une radio, et sur la radio on a constaté (même moi je l’ai vu sans qu’on m’explique tellement c’était incroyable) qu’un microbe était en train de me bouffer allègrement l’articulation du 5º orteil, il n’en restait qu’un trognon de pomme, il fallait opérer d’urgence pour vérifier que ce ne fût pas un cancer et nettoyer tout ça.
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Mon ostéo était aussi recommandé par toutes les grandes marques de rhumatologue (celle que je suis allée voir m’a envoyée chez lui) et a commencé par regarder ma radio.
Evidement, je ne plaidais pas pour qu’on cesse de rembourser les radiologues, mais plutôt que s’il y avait une sorte de conseil de l’ordre de l’ostéo, ça éviterait peut être les adeptes des pendules…

Et j’ai plus mal au bras.
Les hommes s’en souviennent : une loi pour l’histoire de Simone Veil et Annick Cojean

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Le 26/11/1974, Simone Veil faisait voter la loi sur l’avortement. On a beaucoup parlé de Simone Veil ces jours-ci, d’une part pour les 30 ans de la loi et d’autres part, pour la libération d’Auschwitz. Les articles que j’ai pu lire à ces occasions m’ont donné à penser que, quand même, c’est une grande dame.
Ce livre fournit le texte du discours, telle qu’elle l’a prononcé à l’Assemblée, le jour où la loi a été voté. Il est suivi par une interview, par fascinante, mais où elle rappelle la situation de l’époque.
Par exemple, quand on voit qu’on l’accusait de faire comme les nazis en proposant cette loi… faut quand même pas manquer d’air pour lui servir cet argument.

Le texte de loi lui même est fort intéressant, du moins dans une dimension histoire, car on voit l’angle d’attaque, rusée, qu’elle a employé pour faire passer la loi. Le début du discours n’est pas du tout placer sous l’angle du droit des femmes à disposer de leur corps. Voilà en gros comment il s’articule :

1. Actuellement, il existe une loi répressive : cette loi est ouvertement bafouée dans la presse et dans la rue, tant par des femmes qui déclarent avoir avorter que par des médecins. On ne peut pas permettre que la République soit ainsi tournée en ridicule.

2. Pourquoi alors ne pas appliquer cette loi ? Parce qu’on sait bien qu’il suffit de prendre le train pour aller avorter en Suisse, qu’il suffit d’avoir de l’argent pour aller dans une clinique privée même en France. Cette loi ne condamne que les pauvres et les femmes les plus en détresse. L’appliquer telle qu’elle est serait une injustice.

3. Comment faire alors en sorte que la légalisation de l’avortement ne soit pas pris comme une incitation ?
A ce moment là, Simone Veil regarde l’hémicycle bien en face et dit : « je m’excuse de m’adresser à une assemblée composée essentiellement d’hommes en leur demandant de se mettre à la place des femmes : un avortement n’est jamais une chose faite à la légère ».

L’interview qui suit nous montre une femme convaincue (on en doutait pas) et pointe quelques hypocrisies de l’époque. Comment par exemple, des médecins se déclaraient publiquement contre l’avortement, pour préserver un commerce fructueux dans leur clinique : l’avortement clandestin hors de prix pour femmes riches.

Ca me rappelle un témoignage reçu il y a 2 ans environ aux CDG : une jeune fille d’une vingtaine d’année racontait qu’elle avait cherché un gynéco pour un avortement. Le gynéco a commencé par l’obliger à lire à voix haute un document anti-avortement. Elle l’a fait et au fur et à mesure, il lui en a fait l’explication de texte. (Evidement, quand on est jeune et en détresse, on a plus de mal à dire non à quelqu’un qui représente l’autorité et qui, en plus, peut nous « sauver »). A la fin, il lui a demandé si elle voulait toujours avorter. Elle a répondu « oui ». Il lui a alors proposé l’opération, assortie d’un dépassement d’honoraire tout à fait significatif.

Tisane Samarcande – La grande Epicerie de Paris
Réglisse, girofle, menthe, cannelle, maté, anis, ananas et arôme de fruits rouges, épices et mangue.

Offerte à Noël, je n’avais pas encore testée cette tisane. Elle est réellement fameuse. Je ne suis pas fan des fruits rouges, en général, je n’aime pas tellement leur acidité dans la tisane, mais là, c’est parfait. On sent bien le réglisse et l’ensemble est vraiment très bon.

Utopia 2002

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Je continue ma lecture des recueils de nouvelles issues du colloque de SF de Nantes. Je dirais que celui-là est meilleur que 2000 et moins bon que 2004. Des nouvelles très intéressantes, encore une fois, c’est un moyen de lire de la SF de Cuba ou du Brésil, ce qui n’est pas si fréquent. Dans mes textes préférés :

Il traverse le désert de Martinez (Espagne) une nouvelle post-apocalyptique qui fait un peu penser aux nouvelles poétique de Bradbury

Kaishaku de Yoss (Cuba) très réussi, raconte comment une race extra-terrestre vient décimer l’humanité. Un émissaire leur est envoyé, le seul mot qu’il prononce, c’est Kaishaku, le terme japonais qui désigne la personne qui assiste celui qui se fait Seppuku en lui coupant la tête.

Les jardiniers du monde de Jean-Louis Trudel (Quebec) : une autre nouvelle poétique et très bizarre, où un homme erre dans un jardin en se demandant à quoi sert ce jardin et qui sont les jardiniers.

Beaucoup de nouvelles de terrorisme et d’état totalitaire, un ensemble qui nous compte plutôt un futur qui va pas bien, avec plus de terrorisme, plus de misère et plus d’oppression.

J’apprécie toujours autant ces recueils, je pense que je vais me procurer les 2 qui me manquent.

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