Livres d’école

Contrairement à d’habitude, voici une Kro sur mes livres de classe. Je suis bien consciente que ça va intéresser de manière très très variable les lecteurs.
Sachant que ce sont des notes prises pour moi, donc lapidaires, accessoirement. Mais je veux bien donner plus de détails si ça intéresse.
L’engendrement des choses dir. Danielle Chabaud Rychter et Delphine Gardey

Sexe et genre : de la hiérarchie entre les sexes, coordonné par MC Hurtig, Michèle Kail et Hélène Rouch

Catherine Vidal : Cerveau Sexe et Pouvoir chez Belin

L’engendrement des choses
Des hommes des femmes, des techniques
Sous la direction de Danielle Chabaud Rychter et Delphine Gardey
Editions des archives contemporaines

L’engendrement des choses… Comment naissent les objets, comment on leur affecte un genre…
Ce livre présente un très bon recueil de texte sur la question du genre et des techniques. Il a la particularité de conclure chacun de ses chapitres par un article intitulé « regard critique » qui propose une synthèse des articles du chapitre et les met en perspective.

D’abord 2 articles traduits de l’américain (Wajcman, Lerman, Oldenziel) qui présentent une recension de travaux théoriques. Pour une fois, on trouve dans un livre en français une analyse des penseures féministes postmodernes. Ce n’est pas que ce qu’elles disent est nécessairement fascinant, mais c’est utile de savoir comment elles se situent. Sachant que malgré leur parti pris et leur manque de méthode (là, c’est moi qui parle), on trouve des choses très intéressantes chez certaines, comme Dona Haraway ou Sadie Plant. (Synthèse Madeleine Alkrich)

Nous avons ensuite un article sur Les jouets et la différenciation sexuelle. L’intérêt de l’article est de se placer dans une démarche historique : les premiers jouets remontent au XIVe. (Michel Manson)

Sociabilité informatique et différence sexuelle (Nicolas Auray). Un article qui m’a été très utile. Rien de bien neuf par rapport à ce que j’écris déjà. J’ai tout de même appris qu’une démo était un artéfact culturel vernaculaire utilisant les idiosyncrasies de l’ordinateur. J’étais confondue.
(Synthèse Claude Zaidman)

L’ingénieur ou le génie du mal : une étude sur une grande école d’ingénieur suédoise : comment l’enseignement technique se construit au tournant du XXe sur des valeurs masculines (Boel Berner).
L’aiguille, outil du féminin : l’histoire de l’aiguille, outil des femmes par excellence, depuis arachnée à la grisette et autres midinettes.
(Synthèse : Catherine Rollet)

Ensuite, un article que je n’ai pas lu : « l’exercice contraint d’un métier : opératrice du téléphone » d’Isabel George
Chaîne de production et sexuation des tâches à partir d’une comparaison France-Japon
Comment certaines tâches techniques (tel que l’entretien des machines de production) sont masculines et valorisées en France et féminines et non qualifiées au Japon.

Humains et Objets en action : essai sur la réification de la domination masculine de Delphine Gardey
Celui-là, c’est un peu le gros morceau, avec Delphine Gardey, on joue dans la cour des grands. A travers l’étude du métier de secrétaire et sa féminisation massive au moment de l’arrivée de la machine à écrire, Delphine Gardey montre comment les objets attrapent un sexe et des compétences au détriment des personnes qui deviennent des moyens de production.
(synthèse : Ghislaine Doniol Shaw)

Sexe et genre : de la hiérarchie entre les sexes, coordonné par MC Hurtig, Michèle Kail et Hélène Rouch
Edition du CNRS

Ce livre est le résultat d’un colloque sur sexe et genre :
Beaucoup de très bons articles de diverses tendances. Je vous préviens, tout le début, c’est du pinaillage (passionnant à mon avis, mais je suis prête à croire que ça se discute) sur les rapports entre sexe et genre et l’intérêt du mot « genre »

1ère partie : Les notions de sexe et de genre : enjeu et ambiguïté
Qu’est-ce que le sexe biologique ? comment doit-on articuler sexe et genre ?
Par Wiels et alii :
la complexité et l’hétérogénéité des indicateurs biologiques
le matériel archéologique et paléolithique montre qu’il n’y a pas de superposition nette entre sexe et statut social ou activités

Planté : l’emploi du mot genre en français depuis de XIXe

Daune-richard et allii : l’historicité des rapports et leur transformation : comment on passe de la condition féminine aux rapports sociaux de sexe.

Mathieu : sur des données éthno : la grande diversité des constructions du genre et les chevauchement (berdache…) ou comment le sexe féminin est absorbée dans le masculin, annulant le sexe

Mercader : la reconnaissance légale du changement de sexe chez les transsexuels

Delphy : pour penser le genre, il faut repenser le sexe. Il y a un antécédent du sexe sur le genre. Le genre n’est finalement qu’un marqueur de la division sociale entre dominants et dominés. La disparition de la hiérarchie devrait entraîner la disparition de la division selon le genre.

2ème partie : Dire, lire, construire les catégories de sexe et de genre

Lhomond : Les liens qui ont été fait au XIXème entre attributs physiques, sexe et attributs sociaux

Duroux : le passage du féminin au maternelle : à partir du XVIII, comment enfermer les femmes dans la reproduction pour des questions de nature

Houel : analyse psychanalytique du personnage de l’amant dans les romans Harlequin : comment il est investi d’une fonction maternelle, permettant une vision régressive de l’amour de la part de l’héroïne (et pas du tout un amant macho)

Pfeiffer : comment les sciences étaient présentées et vulgarisées pour les femmes au XVIIIe

Michard : étudie en linguistique la catégorie « sexe » et montre comment « sexe féminin » est construit différemment de « sexe masculin »

Hurtig et Pichevin : mettent en évidence le schéma dualiste de la différence des sexes dans le fonctionnement cognitif. La catégorie sexe est toujours privilégiée : pour les femmes, le sexe est un marqueur identitaire, mais pas pour les hommes

Riot-Sarcey : montre que dans l’histoire, les femmes sont plus souvent traités comme des catégories plutôt que comme des individus.

3ème partie : Genre et modernité

Lacoste-Dujardin, Virolle-Souibès, Plantade, Fainzang : 4 textes sur la construction des identités de sexe et les rapports sociaux de sexe au Maghreb

Tabet : un excellent texte appelé : les dents de la prostituée Elle explique que ce n’est pas de la sexualité qui est échangé, mais une prestation sexuelle échangé contre une compensation économique. L’échange économico-sexuel est selon l’auteur la forme permanente des rapports de sexe (frappant pour les exemples pris en Afrique, mais valable aussi en Italie). Paradoxalement et dans certain cas, la prostitution permet aux femmes une réappropriation d’elles-mêmes et de leur sexualité.

Rouch, Dhavernas et Kail : 3 textes autour des Nouvelles Techniques Reproductives

Catherine Vidal : Cerveau Sexe et Pouvoir chez Belin
Catherine Vidal est neurobiologiste. Elle a à peu près le même point de vue que moi sur les hommes, les femmes, Mars, Vénus et les cartes routières.
Dans ce livre, elle place la différence des sexe sur le terrain de la neurobiologie et fait l’inventaire des études qui tentent de montrer qu’il y a un cerveau de femmes et un cerveau d’hommes.
Ce qui est confondant, c’est le peu de solidité des expériences sur le gène de la fidélité ou le l’homosexualité, les meilleures compétences selon les sexes, etc : échantillon microscopique, induction sauvage entre observation d’activation de neurones et comportements, passages fantaisistes d’observation sur les campagnoles à une généralisation sur l’humain.

Il en ressort que si le cerveau a un sexe, c’est dans le sens où les fonctions de reproduction sont gérées par le cerveau et que ces fonctions sont différentes.
Le cerveau montre une grande plasticité cérébrale. Les tests montrant des différences d’aptitudes entre sexes voient ces différences s’amenuiser puis disparaître en cas d’entraînement, les 2 sexes progressant ensuite à la même vitesse.

Les théories Cerveau gauche / cerveau droit ont fait long feu sur le plan scientifique mais continue à faire « autorité » dans la presse et les livres de vulgarisation.

L’influence des hormones sur l’humeur est indiscutable en cas de fortes variations hormonales (grossesse, ménopause…) mais les variations quotidiennes sont trop faibles pour qu’on puisse démêler quoique ce soit. Par ailleurs, les hommes ont eux aussi des variations hormonales. Enfin, l’homosexualité n’a rien à voir avec la répartition hormonale.

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