Islande : troisième jour


Le lendemain, p’tit dej’. Là encore, les infrastructures pour touristes sont vides. On se demande si les hôtels font le plein en saison. En fait, tout le système touristique semble tout neuf et construit en grand : tourist center ou hôtel. On se demande si c’est en attente de l’essor touristique ou si l’essor a déjà eu lieu.

Donc, petit déjeuner un peu moins bien que la veille, mais avec du poisson mariné en plus… qui ne nous tente pas vraiment.

La douche dégage une forte odeur de soufre et l’eau du robinet est imbuvable, même pour se brosser les dents, c’est dur.

Il fait toujours beau, avec des nuages qui menacent. On va alors à Vik, faire des photos des falaises découpées et marcher un peu sur le sable noir.

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Puis, départ pour le Vatnajökull, le plus gros glacier islandais, un territoire gelé grand comme la Corse. Nous traversons différents types paysages : nous voyons nos premiers moutons dans une herbe qui commence à verdir (jusque là, nous n’avions vu que des poneys et des oies). Nous traversons des champs de lave recouverts de lichens et je m’arrête pour ramasser quelques cailloux. Puis des champs de sable avec des rivières qui ruissellent en multitudes de cours d’eau. Une fois qu’on n’est plus protégés par la barre montagneuse, on sent bien le vent de coté. Sur les ponts, le 4×4 fait des écarts et on a l’impression que le vent veut arracher la porte, qui vibre parfois.

On croisera peut être 15 voitures pendant 130 km et encore des panneaux sympas, comme celui-ci :

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Je pense que vous avez compris l’idée. Nous sommes tout de même sur la route 1, la grande route principale qui fait tout le tour de l’Islande.

On longe de grandes langues de glacier, le ciel est semi dégagé et les nuages passent vite. Le paysage se transforme en champs de graviers : le lit du glacier, à perte de vue d’un coté, jusqu’aux langues de glace de l’autre : c’est sinistre.
De temps en temps, on passe des ponts de planches ou de métal.

En 1996, le volcan qui est sous le Vatna est entré en éruption. Il a fait fondre un gros bout de glacier. La crue qui s’ensuivit a mis 15 h pour arriver à son plein rendement. Le flux avait un débit 20 fois supérieur au Rhône et charriait des blocs de glace de 2 tonnes. Le flot a duré 48h et a bien sûr emporté tous les ponts.

On arrive à l’étape officielle au pied du Vatna qui est aussi l’entrée du parc naturel. Tout est absolument fermé : je rappelle que nous sommes hors saison, même le tourist center est fermé : on aurait bien pris un thé (en Islande, je ne suis pas en manque de fer mais plutôt en manque de thé. J’ai trouvé des trucs encore plus mauvais que le lipton yellow, et je pèse mes mots).
On rôde un peu pour trouver la piste mène au pied du glacier. Quand on la trouve, on s’aperçoit qu’elle est fermée, c’est à dire 3 cailloux au milieu de la route en bouchent le passage.

On rebrousse alors chemin pour en trouver une autre : en Islande tout à un nom : la moindre piste a un panneau, avec un nom imprononçable, même s’il n’y a rien au bout (comme celle qu’on va prendre) ou juste une petite maison.
Cette piste nous permet enfin d’utiliser toutes les possibilités du 4×4 : on se fait peur en grimpant une piste très raide, et arrivés en haut, on ne voit pas comment est la pente derrière… Ou même s’il y a une pente ou un trou… En fait on constate qu’on n’a pas vraiment idée, nous autres citadins, des possibilités d’un 4×4.
Nous roulons encore un peu sur la piste de graviers gris et nous nous arrêtons en haut d’une petite falaise, devant la grande langue de glace.

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C’est vraiment un paysage immense, monochrome, désertique et inhospitalier.

Pour le retour, on n’a même plus peur de sauter les talus… Mais on fait bien attention à rester sur les pistes. Dans ce pays, l’érosion n’est pas un vain mot et les petites fleurs roses de lichen ou les chatons qui commencent tout juste à sortir sont fragiles.

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Nous essuyons au retour une vraie tempête de sable. Ca souffle tellement fort qu’on est obligés de s’arrêter devant le pont (sur lequel on ne peut pas se croiser) car on ne voit pas plus loin que le 1er marquage au sol devant le capot. C’est vraiment impressionnant.

On fait ensuite un arrêt à la station service de Kirkjubaejarklaustur que je ne prononcerai pas pour se ravitailler, en nourriture et en essence, parce que c’est le premier endroit où nous revoyons des êtres vivants…

Ensuite retour à Vik sans encombre.

Nous allons sur la falaise qui marque le point le plus au sud. Quand on voit qu’il y a des gens qui escaladent ça avec une voiture normale, on se dit que l’Islande doit être le 1er pays importateur d’amortisseurs.

De manière générale, on ne badine pas avec la signalisation routière dans ce pays : un virage dangereux, ben il est dangereux. De nombreux panneaux tout à fait explicatifs permettent de se rendre compte de ce qui va vous arriver si vous faites n’importe quoi… Et encore nous n’avons pas pratiqué le sport islandais qui est le passage des rivières à gué en 4×4. Mais de toute façon en cette saison, la plupart des gués sont trop hauts.

Nous visitons l’attrape touriste de Vik : en fait le magasin est au rez-de-chaussée de l’usine de tricotage des pulls de la marque Vik Wool. On peut monter à l’étage voir les tricoteuses, mais comme nous sommes vendredi soir, c’est désert.
Tout est très cher, bien sûr et les pulls ne nous tentent pas. Ils sont à motif jacquard en collerette autour des épaules. On vend aussi de curieux ponchos courts, s’arrêtant en dessous de la collerette, c’est-à-dire au milieu des bras, pour chauffer juste les épaules.
Nous achetons deux pendentifs en obsidienne, pour Leirnette et moi.

Nous nous rendons sur la falaise de Dyrholaey. C’est le moment de refaire un volet prononciation :
* le y se prononce é
* le ae (collé) se prononce aï

Et après tout, hein, voici un dico

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Sur ces falaises, toutes sortes d’oiseaux nichent : mouettes, goélands, sternes arctiques, macareux, et beaucoup d’autres.

C’est de là aussi que je fais ma photo préférée du séjour :

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Nous pique-niquons sur la falaise, parmi les oiseaux qui pioupioutent et cracratent, la mer qui tape dans les rochers, et au loin le Myrdals qui émet de grands craquements car c’est le dégèl.

Une arche de basalte :

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Puis nous redescendons pour aller de l’autre côté de l’anse à Reynishverhi (le h devant un v se prononce k).
* Le f se prononce v sauf devant k, s ou p où il se prononce f et devant l ou n où il se prononce plutôt p.

Là, ce sont les macareux qui nichent en bandes au dessus d’une grotte entourée d’orgues basaltiques.

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C’est là que j’ai pris ma seule photo de troll.
Dès qu’il y a des cailloux (c’est à dire très souvent) les Islandais les empilent pour construire un troll. Voici une espèce rare : un troll de basalte. La plupart des trolls sont, il faut bien le dire, en pierre de lave.

En allant chercher notre hot-dog du soir, nous nous apercevons que le grill est ouvert : c’est une sorte de self, on consulte la carte au comptoir, la cuisinière prépare à la commande, on paye et on vient récupérer notre plateau.
Je commande des côtes d’agneau (c’est la saison) avec frites et légumes, et Lotin prend du cabillaud pané avec pommes de terre sautées. Plus une bière viking pour goûter.

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Ca fait 40€ environ.

Enfin, c’était très bon et c’est notre premier vrai repas (hors petit dej) depuis l’Hippopotamus de Roissy, mercredi midi !

Dans Vik, il y a des banderoles un peu partout annonçant une fête pour le lendemain soir… avec écrit CCCP. A l’hôtel, il y a pas mal de voitures : les gens sont réunis dans la salle d’où s’échappait la musique, la veille. Il y a une sorte de soirée Karaoke avec orchestre : c’est la répétition pour le lendemain. Une sorte de commémoration pour la libération de l’île, on ne comprend pas bien. On craint la musique jusqu’à point d’heure, mais finalement, les gens rentrent chez eux vers 11h. On se demande une fois de plus ce que ça peut bien être, la vie de tous les jours de la jeunesse islandaise à la campagne…

Nous croisons des français avec nous dans l’hôtel. On se dit que les pubs pour l’Islande un peu partout dans le métro parisien portent leurs fruits : on a quand même rencontré pas mal de français, dont un qui baladait un sac FNAC d’un air désabusé, avec son épouse et son fils à Geysir.

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