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Vanilla Sky de Cameron Crowe

Dead air de Iain Banks

Vanilla Sky de Cameron Crowe avec Tom Cruise, Penélope Cruz et Cameron Diaz

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Tout commence comme un vrai film avec Tom Cruise. Il est beau, il est riche, il a du succès avec les filles, il est égocentrique.
David est le fils d’un empire de la presse. Ses parents sont morts dans un accident de voiture et il a hérité de tout.
Il vit légèrement, ne s’attachant à rien de spécial, pratiquant son boulot en dilettante, sous l’oeil sévère des septes nains, les sept membres de son conseil d’administration qui veillent sur la boîte pendant qu’il s’amuse.
Néanmoins, on sait qu’il s’est passé quelque chose : toute cette histoire est un flash-back raconté par un David bien différent : il est en prison accusé de meurtre et porte un masque qu’il refuse d’ôter. Un psychiatre vient le voir régulièrement pour essayer de comprendre ce qui s’est passé.

Mais revenons à David, et à sa fête d’anniversaire, quelque temps plus tôt. Il a une amie, une copine de baise, comme il dit, une très jolie blonde dont il refuse de voir l’attachement. Et voilà que son meilleur pote ramène à la soirée une jolie brune qui l’ensorcelle littéralement. Il oublie alors la blonde, il oublie que la brune est la copine de son pote et fait son grand numéro de charme.
Tout a commencé là…

En dire plus sur ce film serait du spoil caractérisé. Car même s’il commence comme un film typique avec un Tom Cruise énervant, il se poursuit en de nombreux rebondissements qui en changent sacrément la note de départ.
On se casse la tête jusqu’à la fin pour essayer de comprendre ce qui se trame vraiment dans cette histoire de beau gosse riche, de meurtre, de conseil d’administration, de folie… et la fin n’est pas du tout où on pouvait l’attendre.

C’est un film original, avec un scénario qui se tient bien et que je conseille vivement.

Dead air de Iain Banks

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Pour ceux qui n’auraient pas suivi les chapitres précédents, Iain Banks est un auteur écossais qui écrit à la fois de la SF, à la fois des romans « normaux », vaguement policiers, parfois vaguement fantastiques, alternant les genres un sur deux.
Son avant-dernier roman, Dead air, rentre dans la rubrique « non SF ».
Dead air, c’est le nom qu’on donne aux moments de silence dans une émission radio.

Ken Nott est animateur radio. Il anime une émission à la fois musicale, à la fois chronique politique de gauche et provocatrice. En parallèle, il a une vie un peu compliqué. Il a une copine, une fille assez survoltée qui s’occupe de public relations pour une maison de disque. Il l’aime bien, mais il se rend compte que la relation ne va probablement nulle part.
Il a été marié, une fois. Il fréquente toujours un peu son ex-femme, couche avec parfois. Et parfois aussi, dans les pubs le soir, quand il sort avec ses deux meilleurs potes, il a du mal à résister au plaisir de passer la nuit avec la fille qu’il séduit / qui le séduit. C’est un peu une vie facile, car il gagne bien sa vie, mais aussi une vie où il peut se faire virer à tout moment de son boulot, s’il pousse trop loin la provoc… et justement, des idées pour la pousser, il en a beaucoup, qu’il ne veut pas censurer.

Tout commence lors de la soirée de mariage d’un couple d’amis. L’alcool aidant, il trouve amusant, de balancer des fruits par dessus le balcon, pour voir comment ils s’explosent sur le sol. Très vite, cette activité devient le centre d’intérêt de tous les convives qui se mettent à jeter tout et le reste… jusqu’à ce qu’un téléphone sonne, puis un autre, puis tous les téléphones : 2 avions viennent de s’écraser dans les tours du World Trade Center…

Dead air est un roman rusé et bien construit. Il emmêle une fort jolie histoire d’amour avec les aventures quotidiennes d’un chroniqueur politique provocateur et trublion. Il mêle aussi le sentiment de paranoïa qui gagne le monde entier (et en particulier Londres) avec la paranoïa personnelle du héros qui se fourre dans de drôles d’histoires.

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Les discours politiques de Ken/Iain Banks du début sont un peu longs et fréquents (soyons clairs, nous sommes absolument du même bord, lui et moi. Simplement, j’ai l’impression de ne rien apprendre en le lisant et je ne suis pas venue pour relire mes propres arguments, même en anglais). C’est le seul bémol que je mettrais à ce livre. (Encore que lire des choses sur la position du Royaume Uni sur l’euro n’était pas inintéressant)

L’histoire est pleine de rebondissement et de petites affaires qui se croisent. Le héros, qui est parti pour être un vrai type bien, alter ego de l’auteur, finalement n’est pas ménagé : il peut être lâche, injuste et stupide aussi. Ce qui le rend crédible ete fait qu’on vit les péripéties avec lui. Je peux vous assurer que j’ai été accrochée au dernier 5e du bouquin comme je ne l’ai pas été depuis longtemps, me demandant comment il allait s’en sortir.

Et bien sûr, c’est bien écrit, avec en particulier une manière de décrire les scènes de sexe qui ne virent ni au voyeurisme, ni au roman à l’eau de rose, et c’est pas si fréquent.
Et l’autre point que j’apprécie beaucoup, c’est le discours anti-sexisme général, autant qu’anti-raciste, et jusque dans les relations multiples avec les filles qu’il croise.
On peut être célibataire en série et pour autant ne pas considérer les filles comme des trophées sur un tableau de chasse. Je n’en doutais pas, mais ca fait plaisir de le voir écrit.

Bref, Dead air est un des meilleurs Banks non SF, avec (mon tiercé personnel et discutable) : The Crow Road, The Bridge et Walking on glass (encore que Complicity…) et je le conseille chaleureusement.

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