Kro Millénaire

Livre :
« Les hommes qui n’aimaient pas les femmes »
Millénium T1 de Stieg Larsson

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Ça faisait longtemps que je regardais les couvertures de cette série avec curiosité. Sur fond noir, on voit une petite fille ressemblait beaucoup à Wednesday Adams. L’illustration s’appelant d’ailleurs : « Wednesday, the Destroyer », mais je n’ai trouvé aucun point commun entre Wednesday Adams et le livre, si ce n’est une certaine ressemblance peut-être avec un des 2 personnages principaux.

En tout cas, cette couverture fait mouche, vous n’avez pas manqué de la repérer en librairie et même, affichée en enfilade sur le quai du RER A à Etoile.

En 2006, sort le premier tome de cette Trilogie… c’est avec la sortie du 3e tome en septembre 2007 que le succès explose et qu’on commence à dire qu’on est en présence d’une œuvre majeure.

De plus, elle nait dans une ambiance de légende : Stieg Larsson, journaliste suédois célèbre pour ses combats contre l’extrême droite, meurt brutalement d’une crise cardiaque à 50 ans, avant d’avoir vu publier le premier tome. Il voulait ainsi assurer ses vieux jours, ce qui est raté. Mais vu l’engouement pour ses écrits, il a certainement assuré les vieux jours de quelqu’un. Mais en conséquence, il n’y a aucun interview de l’auteur sur la gestion de son l’œuvre, la manière dont il voit ses personnages, ce qu’il pense de l’accueil de son livre… Frustrant.

Heureusement, il discutait de son histoire avec ses collaborateurs du journal EXPO. Ainsi on apprend (mais on le comprenait aussi à la lecture de son premier livre) que ses héros sont inspirés de personnage de Astrid Lindgren : Fifi Brindacier et Super Blomkvist.

Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, c’est avant tout un polar, avec un scénario solide. C’est aussi une visite de la Suède. On y retrouve l’ambiance des polars de Sjöwall et Wahlöö, également parce que Stieg Larsson et eux sont du même bord politique.

C’est aussi une lecture dépaysante à travers la Suède d’autant plus que le traducteur est sans pitié : il fait l’impasse sur les NdT, très utiles pour comprendre les allusions à la culture générale de l’actualité suédoise, et totalement inconnu pour nous (mes compétences s’arrêtant à l’assassinat d’Olof Palme).

C’est enfin une histoire féministe ne serait-ce que par l’héritage « Fifi Brindacier », cette gamine à la force surhumaine foncièrement désobéissante. On y voit aussi à quel point des hommes socialement intégrés font preuve d’une incroyable haine des femmes sans qu’elles aient le moyen ou le pouvoir de se défendre.

Mikael Blomkvist est un journaliste d’investigation économique. Il a fondé un journal appelé Millénium dans lequel lui et son équipe furètent dans les affaires financières. Il n’est pas « bolchevique » comme ses détracteurs se plaisent à le dire, il n’a rien contre l’industrie suédoise, c’est aux magouilles, détournements d’argent public, sociétés écran qu’il s’attaque. Mais au début du livre, ça va plutôt très mal. Il perd un procès en diffamation car il s’est visiblement fait roulé dans la farine par ses sources. Millénium est au bord de la faillite et lui écope de 3 mois de prison.

Il est alors recruté par Henrik Vanger, vieil industriel suédois à la tête d’un empire en difficulté, pour écrire une chronique familiale. Officieusement, Henrik veut qu’il enquête sur la disparition de sa nièce, survenu quarante ans plus tôt. En échange, Henrik s’engage à lui donner la tête de l’industriel contre lequel il a perdu son procès.

Parallèlement, nous rencontrons Lisbeth Salander, une jeune fille maigrichonne, asociale, volontiers gothique, qui a passé sa jeunesse dans un institut pour personne attardée et qui est sous tutelle.

Elle n’est pas attardée, elle est bizarre, incontestablement, incapable de communiquer sur ses sentiments, se tenant à distance de tout ce qui pourrait ressembler à une relation sentimentale, amitié comprise, extrêmement méfiante des attentions que les hommes peuvent avoir pour elle, et probablement pour de bonnes raisons enfouies dans son passé.

Elle travaille pour Milton Security a faire des enquêtes de personnalités : elle a un vrai don pour fouiner dans la vie des gens… ses talents de pirate informatique lui étant bien sûr d’un grand secours. Elle est chargée tout d’abord de faire une enquête sur Blomkvist qui va se transformer bientôt en une curiosité personnelle pour l’affaire.

Il est curieux de constater comme les écrivains ont découvert récemment le syndrome d’Asperger et qu’il est ainsi devenu à la mode. Peut-être avec l’engouement pour les hackers, je n’en sais rien, en tout cas, c’est bien de là que vient le talent de Lisbeth pour interpréter les schémas.

Michael Nyqvist et Noomi Rapace vont interpréter Blomqvist et Salander au cinéma début 2009

Mikael et elle forment deux personnages attachants bien que très différents et il est amusant de les voir tout à tour par les yeux de l’autre…

Portée par ces deux personnages, mais aussi par plusieurs personnages secondaires tout aussi intéressant (dont au moins un est un assassin…), nous entrons dans le monde de la magouille financière, dans l’histoire nazi de la Suède mais aussi de manière assez crédibles dans l’univers du piratage informatique.

Ce livre commence en douceur, pour le premier tiers, le temps de poser tout le monde, de faire en sorte qu’on apprenne à se connaître… puis l’enquête se débloque et il devient difficile de lâcher l’histoire avant la fin…

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