Black Kro

Je vous félicite pour la quantité de commentaires sur la précédente Kro. Et j’espère que vous ferez aussi bien sur celle-là. 2 personnes m’ont dit qu’elles voulaient acheter le livre précédent : les filles, votre vie va se compliquer car celui-là est pas mal non plus.

Au fait, je vous ai promis de la consubstancialité… En fait, vous devrez attendre encore un peu, d’une part, le temps que j’ai fini le livre, d’autre part, parce qu’avant, il faut que je vous parle de l’intersectionnalité. Et donc, pour cela :

BLACK FEMINISM. Anthologie du féminisme africain-américain, 1975-2000

BLACK FEMINISM. Anthologie du féminisme africain-américain, 1975-2000
Recueil de textes collectés par Elsa Dorlin

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« Toutes les femmes sont blanches, tous les Noirs sont hommes, mais nous sommes quelques unes à être courageuses ». Cette phrase était le titre d’une anthologie de textes fondateurs du féminisme noir. Elle prend son origine dans les luttes pour le droit de vote au Etats-Unis. Les féministes blanches du Nord, pour s’allier des femmes du Sud, ont accepté de sacrifier les droits des noirs en route. C’est ainsi que des hommes politiques racistes ont pu dire : “les femmes, d’abord, les nègres ensuite”. Et bien des femmes blanches féministes ont trouvé cela parfaitement satisfaisant. Ce que cette phrase signifie, c’est que toutes les femmes sont blanches et que tous les noirs sont hommes. Les femmes noires ne font donc partie d’aucune de ces catégories.

Les féministes noires ont créé un mouvement politique d’une grande importance pour les études de genre en dénonçant une oppression simultanée de race, de classe, de sexe et du modèle de sexualité qui va avec.

Un des concepts fondateur est celui de l’intersectionnalité :

A la fin des années 80, Kimberlé Williams Crenshaw, une juriste, forge le concept d’intersectionnalité pour comprendre, dans le domaine du Droit, la façon dont plusieurs types d’oppressions interagissent et pèsent sur la vie des femmes noires. Crenshaw utilise l’image du carrefour, littéralement entendu comme l’intersection entre plusieurs routes. Si une femme noire subit un accident causé par un véhicule provenant de n’importe laquelle des routes formant le carrefour, ou par plusieurs véhicules provenant de plusieurs directions, il est impossible de trouver de cause unique à l’accident : c’est la simultanéité des causes qui crée l’oppression, pour reprendre l’expression du Combahee River Collective, collective noir lesbien de 1997. Cette théorie implique que lorsqu’une personne souffre de discriminations issues de différents critères, le préjudice subit n’est pas égal à la somme des discriminations. La société fonctionnant comme un système, des répercussions multiples rejaillissent sur la personne.

Les textes de ce recueil traitent ce système d’oppression entrecroisé et aussi du peu d’écoute que les féministes blanches ont pu accorder aux femmes noires.

Textes de Michele Wallace, Combahee River Collective, Audre Lorde, Barbara Smith, Hazel Carby, bell hooks, Laura Alexandra Harris, Patricia Hill Collins, Kimberly Springer, Beverly Guy-Sheftall.

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6 réponses à Black Kro

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