Kro de tous les mondes

feu-2011-10-26-00-05.pngEnfin, nous avons du feu dans la cheminée. L’an dernier, nous avons emménagé juste après le passage du ramoneur dans le quartier et nos anciens propriétaires n’utilisaient pas la cheminée. Elle n’avait donc pas été ramonée depuis au moins 3 ans. Notre première tentative de feu s’est soldée par un échec. Disons que nous sommes parvenus à obtenir un bon feu de papier et d’allume-feu, mais la bûche n’a jamais pris. Il manquait le petit bois à notre flambée. Nous avons également acheté des bûches densifiées reconstituées. Ca part tout de suite.

Film : The Artist de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo
Livre : L’anniversaire du monde, d’Ursula Le Guin

 

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George est une star du cinéma muet. Il est beau, riche, célèbre, a un charme fou et orgueilleux.
Peppy est une starlette qui monte. Il y a eu un coup de foudre entre eux. Mais George est marié, même s’il n’est pas très heureux. Peppy se lance dans sa carrière : elle tombe à point, le cinéma devient parlant et le public veut des nouvelles têtes. George, quant à lui pense que le parlant, ça ne marchera jamais.

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C’est une surprise de faire aujourd’hui un film muet en noir et blanc. Bien sûr, il dispose des techniques modernes du cinéma. La bande ne craque pas, le film n’est pas rayé : c’est une image impeccable avec un éclairage soigné que nous présente ce film. Les deux acteurs principaux sont formidables. Ils surjouent, car le muet l’impose mais à peine ce qui rend leur style fluide et tout a fait agréable. Ils sont tous deux plein de charme et de style, comme les acteurs d’Hollywood des années 30. L’histoire est drôle, triste ou poétique, le fait que l’histoire est sans parole ne gène aucunement. S’il y a peut être un ralentissement dans le milieu, on peut dire qu’on ne s’ennuie pas devant ce film étonnant.
Et quand je pense que Jean Dujardin jouait dans « un gars une fille » ou « Brice de Nice »…

l_anniversaire_du_monde1-e1294349428170-2011-10-26-00-05.jpgL’anniversaire du monde, d’Ursula Le Guin

Ursula Le Guin est une fille d’anthropologue. Elle est connue pour des récits de fantasy (Terremer) et aussi pour le cycle de Hain (appelé aussi : Ligue de tous les mondes, cycle de l’Ekumène…), pour lequel elle a ramassé quelque Hugo. Récemment, j’ai découvert que cette vieille dame est toujours en vie (elle a plus de 80 ans), elle a épousé un français et a une thèse sur Ronsard.

Le papa anthropologue l’a-t-il emmenée avec lui sur ses terrains de recherche ? En tout cas, Ursula Le Guin écrit une SF anthropologique, sociologique et en passant : féministe et anti-raciste de gauche. « Les Dépossédés » racontait les « retrouvailles » entre 2 civilisations, celle d’Urras, ultra libérale, et celle d’Anares, anarchiste. Et si tout n’est pas rose sur Anares, on se rend quand même compte qu’il y a plus d’égalité que Anarres que sur Urras. Incroyable, ce roman a reçu un prix Hugo, qui est je le rappelle, un prix américain.

« La main gauche de la nuit » met en scène une population hermaphrodite dont les individus ne deviennent sexués qu’à certains moments du mois. Dans l’Anniversaire du monde, Ursula Le Guin explore les multiples possibilités de cet univers, jouant avec son invention en la retournant de tout côté.
D’autres nouvelles se passent sur O. Là, les mariages s’effectuent à 4 : un homme et une femme du matin avec un homme et une femme du soir. Dans une telle famille, on a donc 2 couples hétéro possible et 2 couples homo possible. Ce qui est dégouttant et interdit, c’est un homme du matin et une femme du matin, par exemple.

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La encore, Ursula Le Guin exploite les différentes facettes de sa société. Par exemple, un homme du matin est embarrassé parce qu’il n’a pas envie d’avoir des relation avec son partenaire du soir. Il sait bien que c’est indélicat et même anormal, mais il n’y peu rien. La finesse avec laquelle les rapports sociaux de sexe sont agencés et réinventés prouve une bonne maîtrise de ces questions sur un plan théorique.
Une excellente nouvelle nous transporte en pleine guerre civile où des esclaves tentent de se libérer de leurs oppresseurs et on voit une bonne connaissance des questions d’esclavage, qu’on avait pu déjà rencontré dans « Le nom du monde est forêt ». La dernière nouvelle nous montre un vaisseau arche dans lequel les générations se succèdent jusqu’à ce que le vaisseau atteigne l’arrivée. Or, une religion apparaît vers la 5e génération qui dit qu’il n’y a rien d’autre que le voyage, que le vaisseau est le début et la fin de tout.
C’est un gros pavé (dans les 600 p.), je ne vous ai pas parlé de toutes les nouvelles (une civilisation matriarcale oppressive, une civilisation fortement ségréguée homme / femme… etc.). Ursula Le Guin, en vieillissant, garde l’esprit et la plume assurée. C’est un excellent travail de SF socio-anthropologique féministe et anti-raciste, avec en outre, des bonnes idées et des montages de civilisation qui se tiennent bien. Et je pense qu’on peut le lire en « apéro », même si on n’a pas lu le Cycle de Hain.

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