Kro intello (un peu quand même)

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Au fait, la rentrée s’est bien passée, y compris pour les petits chats…

Blue Jasmin de Woody Allen avec Kate Blanchett, Sally Hawkins, Alec Baldwin

Le sexe d’hier à aujourd’hui (Collectif)

L’éthique des hackers de Steven Levy

21013431_20130618152724286.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxBlue Jasmin de Woody Allen avec Kate Blanchett, Sally Hawkins, Alec Baldwin

J’étais devenue tout à fait allergique aux films de Woody Allen où un vieux mentor cultivé, misanthrope et hypocondriaque (c’est à dire lui-même) séduit une jeune fille naïve, fraiche, éventuellement un peu sotte, mais pragmatique, qui l’admire éperdument un peu comme un père et un amant (autrement dit : comme dans sa vie). Là, on m’a juré que cette histoire n’avait rien à voir, alors, je suis allée le voir.

Jasmin et Ginger sont 2 soeurs qui ont été adoptées. Jasmin était la préférée, tellement plus classe, plus élégante, plus parfaite… Ginger a vite claqué la porte et s’est mariée avec Augy, un ouvrier du bâtiment avec lequel elle a eu 2 garçons. Jasmin a épousé un homme d’affaire, fabuleusement riche et élégant… qui s’est avéré être un escroc. Le FBI l’a arrêté et il a fini par se prendre dans sa cellule.

Jasmin est sur la paille, elle a fait une dépression nerveuse. Elle parle toute seule, parfois. Elle débarque alors chez Ginger, le temps de se reprendre.

Ginger a divorcé. Le fait que l’ex-mari de Jasmin ait englouti toutes les économies de Ginger et Augy dans des affaires foireuses et malhonnêtes n’y est sûrement pas pour rien. Ginger est certaine que Jasmin n’était au courant de rien. Comme pour les infidélités de son mari, elle regardait ailleurs pour ne pas savoir.

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Blue jasmin tourne autour d’une grosse ficelle : la femme stylée belle et snob, qui carbure à la vodka martini pour faire descendre son Xanax va côtoyer pour un temps un environnement plus populaire en prenant des airs dégoutés. Ginger, pragmatique, courageuse, qui décore son appartement avec tout un bazar bon marché et s’habille n’importe comment, l’accueille, le coeur sur la main, même si sa soeur l’a abondamment méprisée quand elle était riche. Bref, les pauvres sont rustres, mais sont sympas et honnêtes, les riches sont jolis mais tous pourris.

Il y a des scènes assez drôles jouant sur le décalage entre Jasmin et le monde dans lequel elle est soudain contrainte de vivre. Mais ce film est un peu plus que ça, grâce à l’interprétation de Kate Blanchett qui est formidable, et les différents flash back dans la vie de Jasmin qui nous la montre comme un personnage un peu plus complexe que prévu.

Bref, Blue jasmin est un vrai Woody Allen dans le sens où tout le monde parle en même temps. A part ça, il est enfin sorti de ses obsessions récurrentes pour un film sympathique qui change tout de même un peu.

13714764372_Sexe_258-2013-10-20-19-15.jpg Le sexe, d’hier à aujourd’hui

Ce livre est un collectif de nombreux auteurs : Michel Bozon, Éric Fassin, Xavier Dunezat, Louis Georges Tin et Jacques Waynberg pour les plus connus.

La sexualité, c’est bien plus qu’une question de reproduction de l’ espèce. Depuis l’antiquité, la sexualité est codifiée, interprétée, régulée, observée. Il y a la bonne et mauvaise manière, la mauvaise étant accusée de tous les maux. Ce qui ne change pas, c’est qu’il existe des normes sexuelles, en revanche, la teneur de ses normes, elle, a beaucoup variée. Dunezat nous apprend par exemple qu’un XVIIe siècle, lecture et masturbation sont perçues comme de même nature : 2 plaisirs solitaires, suscitant l’imagination, la mollesse et la langueur… 2 perversions dont il fallait tenir éloigné les garçons (heureusement, il n’était pas du tout question que les filles lisent).

Tin nous apprend que la culture hétérosexuelle est une invention récente. Si les hommes et les femmes se mettent en couple depuis longtemps afin de produire une famille, l’idée que l’homme et la femme du couple doivent avoir une vie commune, des activités communes et même s’aimer est plutôt moderne et a même été combattu longtemps par l’église. Outre la reproduction, ces 2 là n’avaient rien à faire ensemble.

Les contributeurs étant inégaux, les chapitres sont eux aussi de qualité inégale mais globalement bons. Les chapitres sont très courts, à lire dans l’ordre ou dans le désordre, par petits bouts ou à la suite.

ethiques_des_hackers_bigL’éthique des hackers de Steven Levy

C’est un livre qui a presque 30 ans et qui a été finalement traduit cette année. C’est un livre dont j’avais lu des extraits en anglais pour ma thèse, mais guère plus, il n’était pas trouvable en France et je n’avais pas voulu le commander (j’aurai dû). Sur le fond, je n’ai rien découvert, mais à l’époque, j’aurai compris plus vite les fantasmes de toute-puissance qu’un ordinateur déclenche chez un hacker.

Dès l’intro, Levy ne cache pas son admiration, son enthousiasme pour les hackers, depuis les tous premiers, dans les années 50, au MIT, jusqu’à Steve Jobs et Steve Wozniak.

Moralité, on perd un peu d’objectivité. Les exploits réalisés ne sont pas moins grands si on reconnait que beaucoup de ces hackers sont odieux, imbus d’eux-même et impitoyable avec ceux qu’ils jugent faibles ou pas assez bons. Il y a aussi une page confondante de naïveté sur : mais vraiment, on ne comprend pas pourquoi il y a si peu de femmes (alors que les hackers ont l’air tellement sympas et accueillants avec ceux, a fortiori celles, qui ne sont pas leur clone…). Par ailleurs, c’est mignon de montrer à tout prix qu’ils ont une éthique, mais franchement, les premiers hackers du MIT, ceux qui travaillaient sous la houlette de Marvin Minski avec l’argent de l’armée américaine, en avaient franchement rien à faire ni de la provenance de l’argent, ni de l’informatique pour tous. Ca, c’est des trucs pour Wozniak ou Stallman. L’auteur n’est pas très crédible en essayant de nous faire croire que ces gens-là ont posé les bases de l’informatique pour tous et du partage d’information totalement ouvert. (ouvert, oui, mais à mes 10 collègues aussi intelligents que moi qui le méritent).

Deuxième reproche : l’histoire racontée colle de très près aux découvertes techniques. Parfois, un peu plus de contexte personnel serait appréciable pour mieux comprendre ces hackers.

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Bref, ce livre est une mine de renseignements sur l’histoire des premiers « personal computer » ainsi que sur les pionniers des premiers jeux vidéos. Vous saurez tout sur Captain Crunch qui trompait le réseau téléphonique avec un sifflet et téléphonait gratuitement, mais aussi sur l’Altair, ordinateur vendu en kit sans le moindre logiciel, des machines pionnières qui n’avaient à peu près aucun usage pratique, super ardues à faire fonctionner, qui prenaient des heures pour rentrer un pauvre programme avec des commutateurs… et pourtant qui faisaient rêver…

Si vous avez connu les débuts de l’ère informatique avec les premiers micro-ordinateur personnel, ce livre vous rappellera des choses. Si vous n’êtes pas fan, laissez tomber.

 

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