Incroyable ce rythme de Kro, pas vrai ?
Ben oui, je suis motivée et je dépile des lectures anciennes que je n’avais pas eu le temps de Kroniquer, parce que l’intersemestre, c’est pratique, y’a pas de cours et que je fais beaucoup de déplacements (mais bon, demain, en train pas de blague : correction de copies).
Pierre Pevel : Le Paris des merveilles
Tome 1 : Les enchantements d’Ambremer
Tome 2 : L’Elixir d’oubli
Tome 3 : Le Royaume immobile
Je ne lis quasiment pas de SF ou Fantasy françaises. Je sais, c’est un comble. On ne ricane pas. J’ai essayé de la SF française, j’ai jamais accroché.
Ni la vieille (Rosny Aisné, Klein…) ni la jeune (Damasio). Bon, ok, j’ai aimé Barjavel étant petite et j’ai de bons souvenirs de quelques Brussolo.
(et j’ai jamais lu Weber et Bordage). (et j’ai un peu aimé Colin, Wintrebert et Gaborit).
Bon, bref, on va dire que je connais mal la SF et la fantaisie française et que ça ne me tente pas.
Et voilà qu’un copain, joueur suisse et grand inventeur de mondes imaginaires me conseille Le Paris des Merveilles.
Si je parlais technique, je dirais que c’est de la light fantasy steampunk.
Paris 1900. Le Paris d’Adèle Blanc-sec. Dans ce Paris, les Fées et le monde féérique ont fait leur coming out. Et une fois l’effet de surprise passé, les deux populations ont pu vivre en cohabitation à peu près pacifique, pas trop méfiante l’une de l’autre. A distance magique de Paris, on distingue la cité des fée Ambremer même s’il n’est jamais possible de l’atteindre, à moins de prendre un passage entre les mondes.
En guise de bonne volonté, les fées ont offert la tour Eiffel, faite de bois blanc qui chante à la pleine lune. On croise dans les rues des gnomes, des elfes, des farfadets au bois de Vincennes et parfois, mais rarement, des dragons contraints à leur forme humaine. Les magiciens peuvent enfin vivre au grand jour et leurs cercles, tels des clubs de gentlemen (ils ne sont pas tous mixtes) ont pignon sur rue.
Louis Hippolyte Denisart Griffont est un magicien du cercle Cyan, qui vit en vieux célibataire avec Azincourt, son chat ailé, un peu snob, qui, comme tout ceux de son espèce, connait le contenu des textes imprimés en dormant dessus.
Qualifier Griffont de vieux célibataire est en fait un peu hâtif… puisque que les mages étant dotés d’une grande longévité, il porte ses siècles comme une belle quarantaine. Célibataire aussi est à discuter… Il a vécu une longue histoire d’amour tumultueuse avec l’enchanteresse Isabel de St Gil… Marié, séparé, il ne l’a pas vu depuis bien longtemps et voilà qu’une affaire va les jeter ensemble sur un même mystère, bien que leurs méthodes diffèrent… Griffon est plutôt du genre gentleman établi, peut être un peu frondeur, mais très convenable… Isabel est plutôt du genre monte-en-l’air et aventurière…
La lecture de ces trois tomes sont un ravissement à de nombreux titres. Tout d’abord, l’univers est extraordinaire, pour peu qu’on apprécie une certaine vision romantique d’un Paris 1900, entre les brigades du Tigre et Arsène Lupin. Un Paris des merveilles, assurément, puisque jamais sordide, toujours élégant où les truands et hommes de main parlent comme dans Quai des brumes. En même temps, c’est un plaisir de revisiter Paris via ce livre, surtout quand on connait bien la ville et on y apprend des anecdotes historiques sympathiques.
Autre plaisir : les histoires. Originales, pleines de rebondissements, plaisantes, et bourrées de clin d’oeil (oui, on rencontrera Arsène Lupin et Les brigades du Tigre). La relation compliquée entretenue par Griffon et Isabel, si elle commence un peu comme Sherlock Holmes et Irène Adler, va évoluer intelligemment plutôt que de rester coincée dans les caricatures qu’on pouvait craindre au début.
Bref, 3 tomes plus tard, je me suis dit que j’en aurai très volontiers repris un 4e… d’autant plus que certaines trames sont trop peu exploités. On voit bien trop peu le fameux royaume immobile qui donne son titre au dernier tome. On aimerait mieux connaître les personnages secondaires, également attachants, originaux ou hauts en couleur (comme le Petit maître des rêves, qui dirige le royaume onirique, entouré d’une cour invraisemblable qui semble venir de l’autre côté du miroir de Lewis Carroll).
On aimerait enfin en savoir plus sur les intrigues d’Ambremer. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’il y a des choses à dire sur l’accession au trône de la Reine des fées Méliane et aussi sur la fin du règne de sa mère, Titania. Quant à la grande guerre entre les fées et les dragons, elle n’a sûrement pas tout dit…
Vous avez compris, je vous conseille la série sans réserve.
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