Kro du Paléo 2019

Pas de Kro depuis avril, parce que tant de choses à faire et si peu de temps…

Je reprends les affaires (peut être pour une série de Kro en retard ? allez savoir !) pour l’édition 2019 du Paléo Festival de Nyon, mémorable à plus d’un titre.

Tout commence sous la canicule. Quand je fais ma première journée, le jeudi, la température est déjà un peu redescendue.

Premier essai découverte : The Twilight Sad, New Wave tirant vers la Sub pop, mais plus vif, groupe apprécié par Robert Smith (et pour cause). Lotin dit que ça ressemble à Joy division, moi, je dirais à Simple Mind. On doit être entre les 2. Un groupe écossais agréable à écouter, qui occupe bien la scène. Ils passaient au Club Tent, une scène un peu intimiste qui leur allait bien. Seul problème, il faisait chaud pour un concert sous tente, alors je ne suis pas restée jusqu’au bout, mais pas par manque d’intérêt.

Le temps a rapidement changé et nous nous sommes installés devant The Cure alors qu’il tombait des gouttes.

The Cure fait partie des monuments à voir en concert un jour. Monument peut-être… mais finalement assez peu connu par les gens de l’âge de ma fille.

Ils ont donné un show impressionnant. Leur manager a dit que c’était un de leur meilleur, évidemment je n’ai pas de comparaison. Tout était impeccable, la musique, avec leur longue intro travaillée, leur mur de son à la guitare saturée, les grandes nappes musicales au milieu des morceaux. La voix de Robert Smith, plus grave qu’habituellement, mais vraiment belle et forte, et un show lumière, parfait également. C’était vraiment du grand spectacle.

Il a plu un peu tout le temps, mais bon, ça allait encore.

Vendredi : pourquoi ne pas passer voir Angèle ?

Je ne me dirais pas fan, mais quelqu’un qui écrit « Balance ton quoi » avec un clip aussi malin mérite tout de même mon attention.

Angèle a bien occupé la scène, c’était dynamique et sympathique et drôle à la fois. Et franchement, après une vingtaine d’années de militantisme féministe, voir la foule de Paléo devant la grande scène sauter sur « Balance ton quoi »… ça fait quelque chose. Nous n’aurions pas eu ça il y a quelques années… le vent tourne.

Paléo, ce n’est pas que la musique : l’espace se visite. Tous les ans, l’école de Leirnette y fait une installation en hauteur. Cette année, le thème était la biodiversité.

Honnêtement, en période de canicule, c’était courageux ! Un système d’arrosage distribué sur tous les arbres et du paillage dans chaque pot.

Il y a aussi des vendeurs de trucs (essentiellement vêtements ou bijoux) et aussi des stands associatifs (Armée du Salut qui vend des vêtements de seconde main, Médecin du monde, etc.)

La photo là dans le coin, vient du stand des sages-femmes… Le body, version fille…

 

Le concert que j’attendais, c’était Hubert Félix Thiefaine… avec quelque doute, j’avais eu des échos un mitigé dernièrement.

Il a joué des extraits de son concert des 40 ans de scène… C’était excellent. La sélection de titres était très bien choisie, parmi les anciennes comme parmi les nouvelles, avec les « tubes » tels que Lorelei, Soleil cherche futur, Aligator 427, Les dingues et les paumés… Il a toujours été bon sur scène, il l’est toujours.

Eh oui, j’avoue, j’ai sautillé sur « Enfermé dans les cabinets avec la fille mineure des 80 chasseurs ». Et je connais toujours par coeur les paroles absurdes de La vierge au Dodge 51 :

Dehors il fait mauvais, il pleut des chats et des chiens
Les cinémas sont fermés c’est la grève des clowns
Alors je reste à la fenêtre
À regarder passer les camions militaires…

Quel âge a donc le public de Thiefaine ? Il est globalement âgé : les gradins étaient pleins. Mais pas seulement, avec moi, sur le terrain, il y avait également des trentenaires, voire quelques plus jeunes. En tout cas, c’était un très grand concert. Il ne s’est mis à pleuvoir que sur la fin, et j’ai apprécié.

Samedi : c’est là que les choses se sont compliquées

Tout d’abord, des torrents d’eau se sont déversés sur la plaine de l’Asse. A Paléo, on a le choix entre la poussière ou la boue. Et souvent, on a les 2. Très très vite on est passé en mode boue. Et même si le service logistique a déversé des copeaux un peu partout pour agglomérer la boue, il y avait des endroits bien gluants.

J’ai donc fait pilier du bar où Leirnette est bénévole un moment, en sirotant ma bière, en attendant que ça passe, un oeil sur les prévisions de météo suisse.

Cette année, le sponsor pour les pèlerines était Holy Weed. C’est tout à fait ce que vous croyez : le cannabis est légal en Suisse, et d’ailleurs juste avant d’arriver sur le site, on longe un champ de cannabis.

« No rain, no flower » dit le slogan… je peux vous assurer il y a moyen qu’on ne manque pas de fleurs pour la prochaine récolte. Quoi qu’il en soit, voir les gens de tout âge se balader en pèlerine Holy Weed, ce n’est pas banal.

Miraculeusement, la pluie s’est arrêtée, promettant de revenir rapidement. Mais entre-temps, mauvaise nouvelle : Samaha Sam, la chanteuse de Shaka Ponk, n’a plus de voix et le groupe déclare forfait.

La pause dans la pluie m’a permis d’aller voir Stephan Eicher.

Stephan Eicher est suisse et à Paléo, c’est une star, mais c’est complètement mérité : je vous assure qu’il a mis le feu à la grande scène avec son orchestre de cuivres (Traktorkestar) en chantant une version rythmée de Déjeuner en paix.

À cause de l’annulation, Eicher annonce qu’il reviendra sur scène pour un concert plan B avec tous les artistes de la journée, mais aussi tous les gens qui savent jouer d’un instrument et qui veulent monter sur scène.

Eicher va donner un spectacle généreux et sympathique, avec un orchestre endiablé. Parfois la musique me donnait l’impression d’être d’inspiration Klezmer, ce qui m’a permis de découvrir que Eicher est à moitié Yéniche, un groupe rom de Suisse et visiblement, même si les juifs de l’est n’étaient pas vraiment nomades, et si les certains Rom se faisaient passer pour des juifs pour pouvoir migrer… visiblement, des musiques se sont inspirées mutuellement.

Ensuite, il y a eu un spectacle d’humour : Le fric de Vincent Kucholl et Vincent Veillon. Ce sont deux humoristes suisses, vraiment célèbres, qui d’ordinaire me font bien rire, mais là… bof. En fait, Leirnette et moi, on est visiblement pas tout à fait assez acculturé pour apprécier. Notons quand même une explication pédagogique du capitalisme mondialisé, à travers le commerce lucratif de la pive, produit phare de l’entreprise Schaffter-pives (les pommes de pin).

Mais c’est à ce moment-là qu’il s’est mis à pleuvoir pour de bon. J’ai eu le plaisir de faire 1 km de marche dans des rivières de boue jusqu’aux chevilles pour retrouver ma voiture que j’avais garée le long d’une route goudronnée. On m’a prévenu, les parkings se transforment en marécage en cas de pluie.

Le lendemain, d’ailleurs, les parkings étaient inaccessibles. Quand on pense que jeudi, 6 voitures ont totalement brulé, à cause d’un pot catalytique chaud qui a mis de feu à la paille du parking.

Bref, canicule, incendie, déluge, rivière de boue, annulation, concert improvisé parait-il très sympa et inattendu… devant des gens trempés, et un des plus grands concerts de The Cure… quand même !

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