Kro de la fête de l’Huma

Je vais être franche avec vous, j’y allais avec un peu d’appréhension. J’ai eu des altercations déjà avec des mecs ou nanas d’extrême gauche m’expliquant que lorsque le capitalisme sera tombé, le patriarcat tombera aussi et que ma lutte était secondaire. Ou encore des mecs m’expliquant que je m’y prenais mal pour me libérer et qu’ils allaient m’expliquer comment faire. Les mecs de droite le font aussi, mais les mecs de gauche se vivent comme étant trop conscientisés pour être sexistes. Quant aux discours sur les mecs « déconstruits », franchement j’en peux plus; mais ça, c’est la chercheuse en moi qui se rebelle (le terme pseudosociologique ne veut rien dire, même si je comprends qu’il a un sens en contexte militant). Et j’avais également peur des mecs bourrés et lourds. Je rappelle, je mesure moins d’1,60 et ces lieux de foule sont plus compliqués pour moi que pour d’autre.

Hé bien, voilà, hop, je le confesse, c’était des préventions qui n’avaient pas lieu d’être (même si on m’a expliqué que mes inquiétudes sur les mecs bourrés et lourds auraient été fondées les années précédentes).

Ben, quand on voit ça dans un bar, ça rassure et ça fait bonne impression. A l’entrée, il y a également un grand code QR à scanner si on est témoin ou victime de harcèlement avec des textes explicatifs très bien. Ma foi, les temps changent, c’est cool. Il y a eu aussi une volonté de servir autre chose que de l’alcool. Tous les bars proposent aussi des jus de fruits en plus de l’eau. J’ai vu des mecs bourrés ou chargés (plus qu’au Paléo !) mais peu (l’un servait le cidre au stand du PCF Normandie !).

Le service de sécurité est efficace et rapide. Un vieux monsieur est tombé et les infirmiers étaient là avec civière et matériel. Et aussi un gars en train de baver par terre qui s’est fait rapidement secourir. Je ne suis pas allée dans la zone « concert » parce que là, y’avait vraiment la foule; mais sinon, c’est étonnamment familial. Il y a des vieilles personnes avec des cannes, des gamins qui courent et même qq fauteuils roulants (mais le sol en terre avec touffes d’herbe ne s’y prête pas toujours). Tout le monde se tutoie, t’appelle le copain ou la copine (ou cousin-e quand ils viennent plus du Sud). Tout le monde à l’air content d’être là, parle en souriant et te souhaite bonne fête à la fin de la discussion. Et ça, c’est sympa.

J’étais dans la zone débat / prise de parole : beaucoup de thèmes de gauche abordée, des choses assez classiques (retrouver la conscience collective cheminot ou un truc comme ça), mais aussi Diminuer votre bilan carbone. Ma table ronde était dans l’espace numérique et j’intervenais avec Mathilde Saliou qui a écrit technoféminisme et une représentante des Duchesses, à l’invitation des Ordis libres et animé par la présidente de l’April.

Au moins 80 personnes, des gens debout ou assis dans les allées. Un public déjà très au fait de la question, beaucoup connaissaient mes travaux (franchement, ça fait chaud au cœur, je ne sais pas comment le dire autrement).

Tous les PCF régionaux ont un stand sur lequel ils vendent leurs produits locaux. J’ai mis l’Aisne parce que je me dis que ce n’est pas facile d’être coco dans leur région où le F-Aisne fait des scores. Le bémol, c’est qu’il y a une tradition de la saucisse grillée et manger veggie, on sent que ce n’est pas le principe. On notera que le seul stand vegan que j’ai vu… proposait de la saucisse vegan… comme quoi, si c’est de la saucisse, côté forme et cuisson, c’est toléré.

Le gros bémol, c’est que c’est très loin de Paris et très peu pratique d’accès.

RER jusque Brétigny. Sauf que le RER est en travaux donc finalement comme il ne parfait pas, j’ai du prendre un Uber pour pas être en retard, je mesure le paradoxe. Mes 2 co-conférencières sont arrivées, une essoufflée avec 15 min de retard, l’autre avec 1h de retard. (la conférence après nous n’est jamais arrivée). À partir du RER, il y a un service de navette jusqu’au site, mais la navette s’arrête à 20 bonne min à pied de l’entrée (soi-disant 15, mais je suppose que c’est quand tu es poursuivi par les flics). Au retour, j’étais tellement morte que j’ai renoncé à l’enchainement complet : marche + navette + RER -> Juvisy + RER -> Paris (puis métro pour aller là où je voulais). A Juvisy, j’ai craqué et j’ai repris un Uber…  (j’étais partie de Lyon le matin, à vrai dire). Alors, en effet, on peut y aller pour pas cher en prenant le temps et les transports en commun, mais c’est plutôt à réserver aux jeunes militant-es plein de vie. Il y a un accès privilégié pour les personnes handis. Mais pour la personne moyenne qui n’a pas une force sportive avérée, ça reste épuisant (ou cher) (ou cher et épuisant dans mon cas).

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