A 11 heure, tir à l’arc. Nous allons essayer.
Evidement, je trouve cela dur : vous imaginez, je suis incapable d’ouvrir une bouteille d’Évian, alors vous imaginez, bander un arc ? Enfin, l’honneur est sauf : j’en mets une dans le mur 2 dans la cible et une plutôt vers le centre, pour 130 points. David en marque 360 : il gagne la manche haut la main. Ce soir, il y aura remise de diplôme du meilleur tireur à l’arc
Il est temps que je vous parle de Manrique. C’est un architecte local mondialement célèbre, puisqu’il exposa ses uvres à Madrid puis aux Etats-Unis en 1968. Quand il revient sur son île, il s’inquiète des méfaits de l’industrie du tourisme (faut dire, les années 70, c’est par exemple la Grande Motte, ça a de quoi faire peur !). Il obtient que Lanzarote bénéficie d’un régime particulier : toutes les maisons seront chaulées en blanc, l’affichage publicitaire sera interdits dans les rues (ouah, quel bonheur, dommage que ça s’étende parfois aux panneaux indicateurs), les hôtels seront cantonnés dans des zones touristiques et entourés de jardins. Les bâtiments ne dépasseront pas 4 étages. De fait, il n’y a qu’à Arrecife où on a vu un vrai immeuble hôtel, probablement antérieur à Manrique.
Sur l’île, il a laissé sa patte un peu partout : des mobiles ou des statues aux ronds-points, des bâtiments (le restaurant du volcan, par exemple), des jardins, des aménagements de plages, etc. Globalement, c’est plutôt une réussite, même si je reste perplexe devant le monument de la fécondité qui est un empilage de cube gris, le reste est plutôt sympa.
Quant aux règles de construction, elles sont évidement bénéfiques pour l’île, tout en comportant un petit inconvénient : tous les villages sont identiques : on traversera successivement Tahiche, Nazaret et Teguise, Mala, Arrieta sans aucun moyen de les distinguer, si ce n’est qu’à Teguise, ancienne capitale de l’île, il y a une église.
Les règles de construction valent également pour la banlieue d’Arrecife : on voit comment elles sont appliquées au pied de la lettre dans la construction rapide d’appartements bons marchés : quatre cubes blancs l’un sur l’autre, en ligne. C’est à peu près aussi joli que des Algeco de chantier.
Comme on se perd (comme d’habitude), nous en profitons pour traverser Arrecife, histoire de se rendre compte si ça vaut le coup d’une visite.
Arricife est une ville portuaire neuve qui a tout le charme des villes portuaires, constructions vite faites, entrepôts, rues occidentales sans caractère
on laisse tomber.
Visite du nord de l’île, avec quelques magnifiques points de vue, mais on renonce au point de vue sur Graciosa, l’île au nord de Lanzarote car le temps est brumeux.
On visite en suite les Cuevas de Los Verde : des kilomètres de galeries dans la lave, un peu les grottes du voyage au centre de la terre de Jules Verne, 2 km sont visitables, mais il reste encore de très nombreuses galeries inexplorées. Ces grottes ont permis aux habitants de l’île de se cacher pour échapper aux pirates et aux juifs de se cacher pour échapper aux persécutions.
L’accent anglais de la guide est effroyable, on a parfois du mal à distinguer quand elle passe de l’anglais à l’espagnol. Mais la visite est très impressionnante. Pour moi qui suis claustrophobe, la visite des grottes, c’est toujours un challenge, ça me fait un nud là, et faut pas que je pense trop que je suis sous terre, surtout quand il faut que je me baisse pour passer (même moi).
On passe sous des coulées de lave refroidie qui forment des gouttes solidifiées et on arrive au bord d’un profond précipice. On s’approche, la guide jette un caillou qui fait plouf dans 20 cm d’eau. L’eau est tellement tranquille que la réflexion du plafond donne une impression de gouffre. Une fois que les vagues provoquées par le caillou se sont calmées, on a du mal à se persuader qu’on regarde un lac souterrain.
En remontant, on a l’impression d’être éclairés par de la lumière bleue, alors que c’est simplement le bleu du ciel. On arrive à l’air libre et je pousse un grand Ouf !
On revient par Mala, où on élève de la Cochenille. Le principe est le suivant : on fait pousser des Figuiers de barbarie, dessus, on y verse des larves blanches qui se développent et se mettent à grignoter les feuilles. Ensuite, les paysans les récoltent et les vendent en sac pour faire de l’aniline, le rouge cochenille, colorant alimentaire et de tissu, de rouge à lèvres
Nous revenons par un jardin de cactus, dessiné par Manrique, car Lanzarote, c’est le pays des Aloe vera, des Figuiers de barbarie, de l’euphorbe et de bien d’autres cactus encore.
Arrivés à l’hôtel, on trouve la route du premier coup
sauf qu’un triathlon nous oblige à faire un détour et de nombreuses circonvolutions dans Puerto del Carmen. Un flic nous décourage même d’essayer avant une heure
mais finalement prend pitié de nous et nous donne la solution pour rentrer à l’hôtel.
En rentrant, on a juste le temps de se jeter à l’eau, avant le repas : l’eau est chaude, forcément, elle a chauffé toute la journée. Le soir, nous mangeons « international », c’est-à-dire un peu de tout, rien de spécial.
Le soir, après la remise du diplôme à David sur scène sous les applaudissements, on hésite. On a lu dans le guide qu’il y a des grottes du côté de là où on était l’après midi, qui sont éclairées la nuit avec de jolis jeux de lumière. Or, c’est ouvert le samedi soir, mais pas le dimanche. Si on y va, c’est ce soir. On se prend alors par la main, et on s’y rend. Ce sera notre seule arnaque à touriste, et encore, c’était plutôt dû au fait que notre guide bleu datait un peu. On arrive donc à ces fameuses : Los Jameos del Agua, extrêmement bien fléchées depuis Arrecife. Ca nous change Les bâtiments de surface et les grottes sont aménagés par Manrique (évidement), on paye 9 euros et on arrive dans un restaurant dans une caverne.
Cette caverne est ouverte sur la mer et le fond est rempli d’eau. Les jeux de lumières se passent au dessus et c’est vrai que c’est assez réussi. Cette caverne s’est retrouvée condamnée par une coulée de lave lors d’une éruption. Des crabes sont restés bloqués à l’intérieur. De génération en génération, ils sont devenus albinos.
Nous sommes donc dans cette grande caverne. A un bout, un restaurant, au milieu, des projecteurs qui l’éclairent de diverses manières, à l’autre bout, un spectacle folklorique. Et là, toute l’horreur de la situation nous saisit : les 9 euros, c’est pour la caverne, certes, mais surtout, pour le spectacle folklorique !
A chaque fois que je vois des danses folkloriques, je ne peux m’empêcher de penser à la Rubrique à brac de Gotlib, où il explique comment rendre touristique un endroit déshérité en y ajoutant du folklore. Il y a la rubrique danse folklorique où des hommes en chapeau tournent autour de femmes en jupes et inversement
c’est tout à fait ça. Sauf que Gotlib précise qu’il faut que les mouvements soient simples parce qu’on danse en sabot et que c’est pas facile de sautiller. Ici, on danse en ballerine, on peut tressauter un peu, pendant que des guitares (des Timples, fabriquées à Teguise) pleurent pour accompagner les trémolos ibériques des chanteurs (car comme chacun sait, l’Ibère est rude, c’est pas du Gotlib, mais du Gosciny).
Bref, étant très moyennement chauds sur le folklore ibérique canarien, on s’asseoit sur nos euros et on rentre dépités. De rage, on se perd, comme d’habitude aux environs d’Arrecife.
En effet, la nuit, tout change, on ne peut pas anticiper les panneaux.